Métronome
affrontements se prolongent durant la nuit. Seize manifestants et un policier sont tués, un millier de personnes blessées.
Du haut de la tribune de la Chambre des députés, Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste, galvanise ses forces :
— Je lance un appel à tous les prolétaires et à nos frères les ouvriers socialistes pour qu’ils viennent dans la rue chasser les bandes fascistes !
Trois jours plus tard, le 9 février, place de la République, la contre-manifestation communiste se heurte, elle aussi, aux forces de police. Parmi les militants venus s’opposer à toutes les droites, on relève six morts et soixante blessés.
Comment passer de la Révolution à la Concorde ?
En 1934, la place fut appelée ironiquement « place de la Discorde », mais elle porta officiellement d’autres noms… En 1789, ce fut la place de la Révolution, et la sinistre forme de la guillotine se dressa ici. Le compte a été fait : mille cent dix-neuf têtes sont tombées à cet endroit, dont celles de Louis XVI et de Marie-Antoinette. La statue de Louis XV, à l’origine de la place au milieu du XVIII e siècle, fut remplacée par une évocation en plâtre de la Liberté coiffée du bonnet phrygien. En 1795, après la Terreur, le gouvernement, soucieux de paix civile, donna à l’espace le nom de place de la Concorde.
En 1800, la statue de la Liberté fut supprimée. Un quart de siècle plus tard, Louis XVIII voulut élever un monument à la mémoire de son frère le roi guillotiné. Dès la première pierre posée, la place changea de nom à nouveau pour devenir place Louis XVI, mais les travaux furent interrompus par la révolution de 1830. La place reprit alors définitivement son nom de place de la Concorde.
Mais regardez à l’angle de l’hôtel de Crillon… face à l’ambassade des États-Unis, vous découvrirez une plaque sombre datant de Louis XVIII. On y lit encore cette inscription : « Place Louis XVI ». À quelques pas de là, entre l’Obélisque et la statue de la ville de Brest, fut décapité le roi.
En 1836, Louis-Philippe fit ériger, au centre de la place, l’obélisque offert à la France par le vice-roi d’Égypte, Méhémet Ali.
En remontant les Champs-Élysées, laissant derrière soi la place de la Concorde, on trouve rapidement sur la droite, un peu en retrait, une grille surmontée d’un coq doré. C’est ici l’entrée des jardins du palais de l’Élysée. Depuis l’élection du prince Louis-Napoléon à la présidence de la République, la II e , en 1848, cette ancienne demeure de la marquise de Pompadour, belle maîtresse de Louis XV, est devenue la résidence du chef de l’État.
De Gaulle a cordialement détesté cette résidence, qui paraissait un peu trop délicate pour le soldat qu’il était. En plus elle était alors mal conçue et, dans la salle à manger, les plats arrivaient froids, venus des cuisines trop éloignées. Et puis, l’idée de se glisser dans les chaussons d’une favorite royale agaçait l’austère Général.
Ses successeurs n’ont pas tous partagé son avis. Georges Pompidou, qui affichait avec ostentation son intérêt pour l’art moderne, fit décorer les appartements privés aux couleurs lumineuses et changeantes de l’artiste israélien Agam. Mais son épouse Claude avait en horreur cette demeure glacée qui se mua, pour elle, en « maison du malheur » après le décès du président. D’ailleurs, jamais elle n’accepta d’y remettre les pieds, même pour rendre une brève visite aux hôtes suivants.
Valéry Giscard d’Estaing s’installa tout seul à l’Élysée, son épouse Anne-Aymone jugeant les appartements privés trop exigus et trop mal agencés pour y loger avec ses quatre enfants. Ce qui laissait libre cours à la vie joyeuse du jeune président… Le 2 octobre 1974, alors qu’il rentrait à l’Élysée au petit matin en compagnie d’une belle actrice, sa Ferrari emboutit la camionnette d’un laitier. Au grand éclat de rire des journalistes de l’époque.
Pour François Mitterrand, l’Élysée fut un lieu de travail. Déchiré entre sa vie « officielle » rue de Bièvre au côté de son épouse Danielle et sa vie officieuse avec la maman de Mazarine, née six ans avant son élection, il n’avait pas vraiment le temps d’habiter le palais présidentiel.
Jacques Chirac a sans doute été le chef de l’État qui a le plus apprécié l’endroit. En tout cas, il en a
Weitere Kostenlose Bücher