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Métronome

Métronome

Titel: Métronome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lorànt Deutsch
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s’embourbent et les hommes se noient ! Quant à la cavalerie, elle reste hors jeu : les sabots des chevaux collent à la boue.
    Les Gaulois, eux, sont à l’aise sur cette glèbe instable… Ils se ruent sur les troupes ennemies, et les fiers soldats de Rome parviennent mal à se défendre contre cette nuée désordonnée. Jusqu’à la tombée de la nuit, les combattants s’étripent et font rougir l’eau stagnante des marais. Mais Labienus sait qu’il ne parviendra pas à forcer le passage. Finalement, il fait sonner la longue plainte du clairon et ordonne la retraite.
    À Lutèce, la joie éclate ! La ville est sauvée, croit-on. L’envahisseur repoussé, espère-t-on. De son côté, fou de rage, Labienus veut se venger de ces Gaulois indomptables et, poursuivant le long des berges de la Seine, s’empresse d’aller attaquer Metlosedum – l’actuel Melun –, une autre cité établie au creux d’un méandre du fleuve.
    Cette ville est en manque d’effectifs : la plupart des hommes valides ont rejoint les troupes de Camulogène à Lutèce… Piètre victoire des légionnaires ! Ils ne trouvent devant eux que des femmes et quelques vieillards, petite foule qui tente de s’opposer, mains nues, à des guerriers parfaitement entraînés. Il n’y a même pas de bataille, on n’assiste à aucun affrontement impétueux, aucune chevauchée intrépide, on voit seulement couler une rivière de sang dans une ignoble débauche de gorges tranchées et de poitrails transpercés. Les Romains défilent, enfonçant des lances dans le ventre de ceux qui font mine de s’opposer à l’ordre nouveau, pillant les réserves de blé, renversant les autels des divinités, saccageant quelques riches habitations. Et puis ils s’en vont, laissant une ville dévastée.
    Mais Labienus veut sa revanche contre les Lutéciens. Il ne peut pas reparaître devant César avec au front la honte de la défaite. En pleine nuit, il réunit ses officiers sous sa tente et leur tient le langage viril d’un général romain :
    — Nul renfort ne peut être espéré, c’est à nous et à nos quatre légions d’écraser les Gaulois et de prendre Lutèce. Vous triompherez des Barbares pour la gloire de Rome, et Rome vous couronnera de lauriers…
    Aussitôt, branle-bas dans le camp romain. Les troupes longent la rive droite de la Seine, contournent la zone marécageuse, se dirigent vers le nord, dépassent la boucle de la Seine qui abrite Lutèce, et piquent brusquement vers le sud pour se retrouver face à la ville. Pendant ce temps, une petite flottille romaine d’une cinquantaine de barques parvient à son tour à la hauteur de la capitale des Parisii.

Avant même l’arrivée de l’ennemi, des rescapés du massacre de Metlosedum, échevelés et terrorisés, sont venus prévenir Camulogène :
    — Les Romains ont rebroussé chemin, ils reviennent vers Lutèce…
    Pour éviter l’encerclement, Camulogène décide de brûler la ville et les ponts, puis de remonter la Seine par la rive gauche.
    — Mettez le feu à nos deux ponts sur la Seine, mettez le feu à vos maisons, le fleuve de la déesse Sequana nous protégera ! décrète-t-il.
    Au petit matin, Lutèce n’est plus qu’un champ de cendres déserté par ses habitants. Il ne reste que des ruines des belles demeures qui, hier encore, s’étageaient sur les rives de la Seine. Il ne reste que des ruines des ruelles qui s’entrelaçaient, bordées de modestes masures aux murs de torchis. Il ne reste que des ruines des magasins de blé et de vin qui s’étiraient sur les hauteurs.
    En cette aube sinistre, se prépare l’affrontement final pour posséder une ville qui n’existe plus. Le chef gaulois et ses cohortes remontent le cours de la Seine, invoquant Camulus, dieu muni d’une pique et d’un bouclier, puissance redoutée, maître de la guerre et de la mort violente. Pour les Gaulois, mourir pour la patrie est déjà le sort le plus beau, et ils s’en vont au combat bien décidés à s’offrir en sacrifice aux appétits sanglants du terrible Camulus. Les troupes romaines, elles, sont sur la piste des Gaulois. Les légionnaires invoquent Mars, leur dieu de la Guerre, mais ils n’ont aucune intention de périr aujourd’hui. Ils veulent en découdre jusqu’au bout de leurs forces, pour remporter la victoire et toucher leur solde.
    Les Romains rejoignent les Gaulois sur la plaine de Garanella, au bord de la Seine… Garanella, la petite garenne, parce que sans

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