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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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empêcher, Murtagh s’était faufilé auprès de Kathryn et la guida jusqu’à la sortie du bâtiment, en bas de l’escalier. Dehors, le soleil était aveuglant, et le tintamarre du marché dans la Grand-Rue, assourdissant.
    — Pas grand-chose, répondit-il, mais ce n’est ni le moment ni l’endroit pour en parler. Ce disant, il s’était rapproché de Kathryn qui, aussitôt sur ses gardes, le fusilla du regard.
    — Où et quand pourrons-nous le faire, alors ? demanda-t-elle.
    Comprenant qu’il l’avait contrariée, l’Irlandais se détourna.
    — Sans vouloir vous offenser, Maîtresse Kathryn, je n’aime ni les tavernes ni les échoppes de cuisiniers, et le logis de Kingsmead est délabré.
    Il joua avec le manche de sa dague avant d’ajouter :
    — Écoutez, si vous m’invitez à souper, je vous paierai pour ce que vous me servirez. Kathryn rougit.
    — Moi non plus je ne voulais pas vous offenser, balbutia-t-elle. Bien sûr, venez dîner. Ma maison est la boutique d’apothicaire, dans Ottemelle Lane. Soyez là une heure avant le coucher du soleil, quand sonneront les vêpres.
    L’Irlandais hocha la tête, tourna les talons et s’éloigna à grands pas.
    — C’est un salaud, celui-là, murmura Thomasina, mais je parie qu’il est bon au lit.
    — Qu’en sais-tu ?
    — On le voit à ses jambes, répliqua la servante.
    Elles sont solides et fortes, comme celles de mon troisième mari. C’est la première chose que j’ai remarquée chez lui. Il aidait à porter le cercueil de mon second mari jusqu’à l’église. Je marchais derrière, et je me suis dit : « Quelles belles jambes ! Grosses et fortes comme des troncs d’arbre. » Et je ne me suis pas trompée pour le reste !
    Kathryn sourit. Elle allait tourner pour pénétrer sur le marché quand elle réalisa combien elle était lasse, combien elle avait peu mangé, et combien elle était soulagée qu’on ne lui ait pas parlé de son mari. Elle était contente aussi d’avoir invité l’Irlandais à souper : qu’il lui plaise ou non, elle devrait faire avec lui la chasse au meurtrier. Or l’empoisonneur pouvait être n’importe lequel parmi ces gens qui se pressaient sur le marché.

 
    Chapitre III
    Vêtu de la pèlerine à capuchon doublée de laine de la guilde des marchands, Sir Thopas, comme aimait à s’appeler lui-même le meurtrier, se tenait près de Buttermarket, observant la foule des pèlerins qui franchissaient Newgate pour traverser le cimetière des frères convers et se rendre au tombeau de Becket. Il palpa la fiole dans sa besace, guettant son groupe de marchands.
    Ceux-ci descendraient Palace Street, dépasseraient l’église Saint-Alphège, pour emprunter Turnagain Lane et déboucher dans Sun Street. La nuit dernière, il avait épié leur conversation à la taverne de Burgate Lane ; juste après l’heure de midi, comme l’avait précisé l’un d’entre eux, ils se rendraient sur la tombe de saint Thomas Becket. Parce qu’ils avaient payé, ils auraient même l’insigne privilège qu’un sous-prieur leur fasse visiter Christchurch.
    L’assassin s’adossa à la bâtisse de pierre grise pour observer Burgate Street. Il n’était pas très à son aise, et pas seulement à cause du temps chaud et de la puanteur. La présence de tant de soldats portant le tabard d’Édouard d’York l’incommodait aussi. Un sourire grimaçant lui vint. À Cantorbéry, tout n’était que chaos. Le maire était un traître, et l’on avait suspendu le Conseil. Pareille confusion lui permettrait de dissimuler encore davantage ses activités, et Thopas avait fort à faire. Son regard se porta de l’autre côté de la rue sur deux mendiants accroupis à l’ombre du mur d’enceinte de la cathédrale. Ils avaient allongé leurs jambes maigres et faisaient tinter leurs écuelles de cuivre pour mendier auprès des pèlerins. Des clercs lançaient des insultes à un boucher qui bataillait pour faire descendre un taureau dans l’enclos où on l’exciterait pour stimuler ses humeurs avant de l’abattre. Les clients, en effet, aimaient leur viande riche et fort sanglante. Thopas grimaça un nouveau sourire. Lui aussi aimait le sang. Il adorait choisir sa victime, la repérer puis la marquer. Ensuite il se complaisait à élaborer un plan subtil, une embuscade, et enfin à donner la mort. Alors il pouvait savourer les suites macabres de son acte. Il psalmodia tranquillement deux vers d’un poème, mais

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