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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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à gravir les larges marches en pierre menant au choeur. Juste avant qu’ils ne tournent dans le transept du Martyr, leur guide leur montra la statue de Notre-Dame devant laquelle, disait-on, Becket avait prié, le soir de sa mort. Tout près, sur un petit autel, était exposée l’épée qu’avaient utilisée les meurtriers pour décapiter l’archevêque.
    — Vous pouvez la baiser, annonça le moine. Les marchands s’exécutèrent, mais Thopas fit en sorte que ses lèvres n’effleurent pas le vieux morceau de métal rouillé.
    Leur guide les conduisit ensuite dans la crypte. Le meurtrier s’était glissé près de sa victime. Il savourait son odeur, et sa face rubiconde le comblait, avec son air avantageux, plein d’importance. « Bientôt, songea Thopas, bientôt tu ne seras plus, et rien ne te sauvera, car, comme l’a écrit Maître Chaucer, J’ose le dire tout net, bien que tes pas te portent ici, ton âme est déjà en Enfer. » Thopas promena son regard sur la crypte sépulcrale. Tout cela ne voulait rien dire. Jadis, il avait cru dans le saint tombeau, c’est pourquoi il y avait amené sa mère. Elle, si frêle, avait vaillamment gravi les marches des pèlerins pour prier sur la tombe de Becket, suppliant le martyr de guérir la tumeur qui grossissait en elle. Le mal s’était arrêté un temps, puis il avait brusquement empiré.
    — Que vous arrive-t-il ?
    Thopas sursauta. En voyant que le reste du groupe s’était avancé plus loin dans la crypte, il sentit la panique le gagner, lui qui avait toujours fait en sorte de ne pas se singulariser afin qu’on ne le remarque pas. Il scruta la pénombre et poussa un soupir de soulagement. Le marchand qui lui adressait la parole était sa victime.
    — Rien, répondit Thopas, j’étais seulement subjugué par tant de splendeur.
    Ils rejoignirent les autres à qui l’on montrait des reliques. Le crâne fendu du martyr, d’abord, dont seul le front avait été laissé nu afin que l’on puisse le baiser, le reste étant recouvert d’une épaisse couche d’argent. Le sous-prieur sortit ensuite le cilice du saint archevêque, les ceintures et les lanières de cuir dont Becket s’était servi pour dompter sa chair.
    Puis les pèlerins regagnèrent l’entrée du choeur, et sur le côté nord de celui-ci, on leur ouvrit moult coffres, doublés d’argent, qui contenaient des reliques d’autres saints : crânes, mâchoires, dents, os des mains et des doigts, et même des bras entiers que le sous-prieur invita les visiteurs à baiser. La plupart le firent, seuls certains reculèrent, dégoûtés, quand le moine exhiba un bras auquel la chair était toujours attachée.
    Le meurtrier fut soulagé quand on les conduisit enfin jusqu’à l’autel où se trouvaient les trésors de la cathédrale : vases d’or et riches ornements. Ils se rendirent ensuite à la chapelle de Saint-André pour y voir de précieux vêtements sacerdotaux, des chandeliers en or ainsi qu’un drap de soie et un linge défraîchi qui portait des taches de sang.
    — On en recouvrit le corps de l’archevêque, après son assassinat, annonça le moine.
    Puis il poursuivit d’un ton triomphant :
    — Et maintenant, nous arrivons au point culminant de votre visite.
    Les pèlerins gravirent une nouvelle volée de marches jusqu’à la chapelle de la Trinité. Là se trouvait le tombeau de Becket que dominait une statue dorée du saint, richement ornée de pierreries. Les marchands retinrent leur souffle, frappés de crainte respectueuse. Bien que riches et possédant des coffres remplis d’or, ils contemplaient avec envie et admiration la splendeur de cette statue.
    Le sous-prieur grimpa sur une échelle et, à l’aide d’une poulie, souleva le cadre en bois qui dissimulait le tombeau à la vue de la foule ordinaire. Alors Thopas lui-même, qui ne croyait pourtant en rien et avait vu plusieurs fois les trésors, fut frappé d’émerveillement.
    Une plaque d’or recouvrait entièrement la tombe, incrustée de pierres précieuses énormes, dont les mille lueurs éblouissaient l’oeil. Certaines de ces pierres dépassaient en grosseur un oeuf d’oie, et la plus scintillante était le Joyau de France, qui brillait comme un éclat de feu. Les marchands admirèrent dans un silence pétrifié cet étalage de riches splendeurs, puis le moine rabaissa le cadre de bois.
    On se rendit ensuite dans la sacristie toute proche. Là, il fallut s’agenouiller devant un coffret

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