Mylène
que dans l’adversité, Mylène a décidé de frapper fort pour son retour. Pas question de se répandre en interviews, mais pas question non plus de briller par son absence, ce qui signifie bien cibler sa promotion. Un plan imparable en trois étapes.
Une interview dans Paris Match en mars 2008 pour annoncer son retour sur scène. Une interview dans Têtu en septembre 2008, en direction du noyau dur de ses fans, avec une couverture qui frappe les esprits. Une apparition remarquée, vêtue d’un blouson de cuir noir, sur le plateau du journal de 20 heures de Claire Chazal le 31 août, sur fond de polémique avec Laurence Ferrari, à qui elle aurait refusé, quelques jours plus tôt, une interview en duplex.
Il n’en fallait pas davantage pour que la belle, sans déroger à sa ligne de conduite, semble soudain omniprésente. Son album, ses concerts, les nouveaux records, toute la presse en parle, et la Toile s’enflamme. Une fois de plus, elle a réussi à forcer ses détracteurs, qui rêvaient tant de la bouder pour que le public l’oublie, à parler d’elle sans pour autant condescendre à leur adresser la parole.
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Parviendra-t-elle à réaliser son rêve de disparaître totalement tout en continuant à publier des albums ? Désormais, ce défi ne lui semble plus hors de portée. La preuve ? Alors que la plupart des journalistes ont largement commenté la photographie trash de la poupée recousue, aucun n’a souligné que, pour la première fois de sa carrière, la chanteuse était absente de la pochette. Tout juste trouve-t-on un portrait d’elle, de profil, à l’intérieur du livret – avec, sur l’épaule, une cicatrice composée de trois lettres qui semblent signifier, dans la langue hébraïque : « Avec la volonté de Dieu ». Ce qui confirme l’impression d’un effacement progressif : si l’on regarde les clips de ces dernières années, on constatera que la chanteuse est invisible dans trois d’entre eux, C’est une belle journée , Peut-être toi et Slipping Away .
Malgré tout, conjurer le risque de l’absence, elle le sait, demeure un exercice périlleux, surtout dans le monde contemporain. Se situer en marge de la société des people, qui repose sur un brouillage des lignes entre vie privée et vie publique, revient, bien sûr, à demeurer l’exception. Mais c’est aussi refuser de jouer le jeu, être menacée de disqualification. Contrairement à une Isabelle Adjani qui, après avoir préservé son mystère durant plus de vingt ans, est descendue dans l’arène people, durant l’été 2004, pour évoquer sa rupture avec Jean-Michel Jarre, Mylène tient bon. Dans l’Hexagone, elle demeure l’ultime figure d’un star-system finissant, désormais remplacé par l’avènement des people 375 . « Vous savez, si on y réfléchit bien, dit-elle, les conséquences de ce silence dont vous parlez auraient pu être un handicap à toute idée de succès. J’ai pris ce risque parce que je n’avais pas le choix 376 . »
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Combien de temps tiendra-t-elle encore ? Ne cédera-t-elle pas un jour au chant des sirènes, pour qu’on parle d’elle, à cette forme de troc par lequel, en échange de révélations intimes, un magazine est prêt à évoquer votre album ou le film dont vous faites la promotion ? Ce serait mal connaître Mylène. Qu’on ne compte pas sur elle pour démolir par un faux pas funeste la forteresse qu’elle a mis tant d’énergie à construire. Bien que de tempérament mélancolique, elle n’a aucun goût pour l’autodestruction.
Remerciements
Écrire un livre sur Mylène Farmer n’est pas un plaisir solitaire. C’est pourquoi je voudrais remercier tous ceux qui l’ont partagé avec moi.
En premier lieu, Claude Gassian, pour avoir réalisé la photo inédite qui figure sur la couverture.
Philippe Séguy, pour la qualité de son témoignage et cette indéfectible amitié qui nous lie à jamais grâce à Mylène.
Bertrand Le Page, qui m’a si souvent appelé, tard dans la nuit, pour me parler d’elle – et à qui je veux rendre hommage ici.
Elsa Trillat, qui m’a touché par sa sensibilité et la relation si tendre qui l’a unie à Mylène.
Christophe Mourthé, pour m’avoir ouvert un coin de son cœur et de son atelier.
Caroline Bee, pour sa fidélité, son humour et le travail, exemplaire de précision, accompli autour de l’idole.
Jean-Rémy Gaudin-Bridet, dont le regard m’a été précieux.
Pierre Fageolle, pour
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