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[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

Titel: [Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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redescend, convoque le ministre de la Marine, Decrès, dicte, donne des ordres, établit les plans des camps, des ports qu’il veut voir construire ou agrandir.
    Il dort deux heures à peine et, à trois heures quinze, il est déjà sur les remparts. Les ouvriers sont au travail. Il veut tout voir. La côte, les bassins, les premiers éléments des trois forts qu’il a choisi de faire construire.
    On rassemble d’immenses pieux qui seront plantés dans le sable, au milieu de la passe, et sur lesquels on construira une redoute, armée de plusieurs pièces d’artillerie.
    Il se rend sur la falaise d’Odre. Ici, on élèvera des baraques, pour lui et l’amiral Bruix, qui commandera la flotte, et une autre pour les généraux et le ministre de la Marine.
    Il ne ressent pas la fatigue, mais une grande paix. Il agit. Les idées deviennent des actes, des soldats, des ouvriers et des marins.
    À dix heures, alors que le soleil est déjà haut, il fait sortir les canonnières et les chaloupes armées pour qu’elles manoeuvrent sous ses yeux. À ce moment apparaissent deux frégates anglaises, et les canonnières engagent le feu. Quand elles se retirent, les vivats éclatent. Voilà ce qu’il faut aux soldats : le combat, la victoire. Il n’est pas de meilleure façon de donner du courage.
     
    Lorsqu’il rentre à Boulogne, à onze heures, les notables sont là pour l’accueillir. Il voit s’avancer vers lui l’évêque d’Arras, Mgr de la Tour d’Auvergne.
    Il écoute le discours de l’ecclésiastique.
    — Dans ce diocèse, dit d’une voix émue Mgr d’Auvergne, votre évêque d’Arras met sa gloire à augmenter le nombre des amis de Napoléon. Il sent tout le prix du rétablissement de la religion de ses pères…
    Napoléon en est sûr, il tient ce pays. Il tient la « Grande Armée ».
    — Aidé du bon droit et de Dieu, répond-il, la guerre, quelque malheureuse qu’elle puisse être, ne réduira jamais le peuple français à fléchir devant ce peuple orgueilleux qui se fait un jeu de tout ce qui est sacré sur la terre…
    Il sait qu’on le suivra là où il voudra aller. De l’autre côté de la mer. Et plus loin encore.
     
    Il va d’une ville à l’autre : Dunkerque, Lille, Nieuport, Ostende, Bruges, Gand, Anvers, Bruxelles, Maastricht, Liège, Namur, Mézières, Sedan, Reims. Il ne se lasse pas de ces réceptions, de ces chevauchées. Il galope en avant d’une petite escorte. Il visite les ports, les fortifications, les églises et les manufactures.
    Il se sent chez lui dans ces contrées qui maintenant font partie de la France. Est-ce la France, ou son Empire ? Le mot lui vient souvent en tête, quand il reçoit les députations bruxelloises, quand, avec le cardinal Caprara, qui a accepté de l’accompagner comme s’il était un souverain – et ne l’est-il pas ? –, il évoque la situation de l’Église de Belgique.
    Il aime cette vie de course, quand il a la sensation physique d’aller plus vite que le temps, de s’élancer vers son avenir.
    À chaque étape, il travaille, il écrit, il dicte. Le 12 juillet, il met au point le plan d’ensemble de descente en Angleterre. Il se penche sur les cartes, vérifie le nombre des bateaux plats dont il a ordonné la construction. Il convoque les amiraux, les ministres, les généraux.
    S’il lui fallait une preuve qu’il est leur chef, il la trouverait en les voyant épuisés, somnolents. Et il faut qu’il leur insuffle son énergie, qu’il les réveille, eux, comme les conseillers d’État qui, lors de la préparation du code civil, s’endormaient durant la discussion des articles.
    D’où lui vient cette force ? Cette impossibilité de rester immobile ? Cette obligation d’aller de l’avant, vite, jusqu’au terme.
    Quel terme ?
     
    Il a trente-quatre ans dans quelques jours. Voilà près d’un mois qu’il a quitté Paris, et quand la berline s’engage sur la route qui conduit au château de Saint-Cloud, ce 11 août 1803, en fin de journée, il pense à tous ces paysages traversés qu’il a dévorés jour après jour, à ce « délire d’admiration » qui l’a accompagné tout au long de ce voyage.
    Il arpente les galeries du château, les salons, retrouve son cabinet de travail et aussitôt commence la lecture des dernières dépêches.
    Il rejette les papiers qu’il vient de lire, serre les poings, prise tout en grommelant. L’énergie qui bout en lui ne trouve plus le moyen de s’épancher. Il

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