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[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

Titel: [Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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s’écrier : « C’est moi qu’on voulait poignarder ! »
    Un soir, la fureur le saisit. Le général Lecourbe, en civil, a soulevé dans ses bras, en pleine salle du tribunal, le fils de Moreau et a crié : « Soldats, voilà le fils de votre général ! » Et les militaires se sont mis au garde à vous. Que Moreau eût eu un peu de cran, et le tribunal était balayé et les prisonniers libres !
    Est-il possible que la pièce se termine ainsi ? !
     
    Fouché se présente à Saint-Cloud, où Napoléon attend le verdict.
    De quel côté penche Fouché ?
    Napoléon lui tend un courrier. C’est une déclaration de Louis XVIII qui dénonce « l’usurpateur Bonaparte ». Mais pas seulement. Lisez, lisez donc, Fouché. Louis XVIII condamne tous les actes illégaux commis depuis les États généraux de 1789. Ce sont eux, à entendre le frère de Louis XVI, qui ont plongé la France et l’Europe dans une crise effrayante.
    Fouché est impassible comme à son habitude. Il dit ce que Napoléon ressent. Que bien des généraux, même devenus des maréchaux, souhaitent l’acquittement de Moreau. Moncey dit même qu’il n’est pas sûr de la gendarmerie.
    — Un acte de clémence en imposera plus que les échafauds, conclut Fouché.
    — Qu’on les condamne, répond Napoléon, et le droit de grâce pourra s’exercer.
    Le 10 juin au soir, le verdict tombe. Cadoudal, Armand de Polignac et Rivière sont condamnés à mort. Et Moreau à deux ans de prison.
    Deux ans !
    Napoléon gesticule. Il insulte le juge Lecourbe.
    — Juge prévaricateur ! crie-t-il.
    Selon la loi, Moreau méritait la peine capitale. Mais les juges ont eu peur.
    — Ces animaux, dit-il, me déclarent que Moreau ne peut se soustraire à une condamnation capitale, que sa complicité est évidente, et voilà qu’on me le condamne comme un voleur de mouchoir.
    Il continue de crier, donne des coups de pied dans les chaises.
    — Que voulez-vous que j’en fasse ? le garder ? Ce serait encore un point de ralliement.
    Il se maîtrise. Il se souvient du vers de Cinna qu’il a tant de fois récité : « Je suis maître de moi comme de l’univers. »
    — Qu’il vende ses biens et qu’il quitte la France, dit-il. Qu’en ferais-je au Temple ? J’en ai assez sans lui.
     
    Dans la matinée du 11 juin, il est au travail dans son cabinet en compagnie de Talleyrand.
    Il écoute le ministre lui faire part des réactions des puissances à l’exécution du duc d’Enghien. La cour du tsar a pris le deuil à l’annonce de la nouvelle.
    — Le deuil !
    Napoléon, d’un geste violent, repousse sa table de travail.
    Alexandre, qui a fait étrangler son père avec la complicité de l’ambassadeur d’Angleterre, sir Withworth, celui-là même qui plus tard, à Paris, intriguait, et que j’ai personnellement rabroué à la veille de la rupture de la paix d’Amiens, Alexandre prétend donner des leçons ? C’est cela, le monde ? C’est cela, le monde de la Russie et de l’Angleterre ? Si elles forment avec la Prusse, où l’on pleure aussi le prince de sang, une coalition, eh bien, nous la briserons .
    La Valette entre, et Napoléon entend des voix et des soupirs de femmes.
    — Que fait-on chez ma femme ? demande-t-il.
    — Sire, on pleure.
    Avant même qu’il puisse répondre, Joséphine pénètre dans le cabinet accompagnée de plusieurs personnes qu’elle semble protéger de ses deux bras ouverts. Une jolie femme en larmes se précipite aux pieds de Napoléon, l’implore, sanglote puis s’évanouit. Mme de Rémusat intervient, murmure qu’il s’agit de Mme de Polignac. La vieille Mme de Montesson, que Napoléon a connue autrefois lorsqu’il était élève à l’école de Brienne, appelle elle aussi à la clémence.
    Quel intérêt prenez-vous donc à ces gens-là ? bougonne Napoléon.
    Il entraîne Mme de Rémusat dans un angle de la pièce, cependant qu’on s’affaire autour de Mme de Polignac, qui réclame grâce pour son mari.
    — Le parti royaliste, dit-il, est plein de jeunes imprudents qui recommenceront sans cesse si on ne les contient par une forte leçon.
    Mme de Polignac approche, soutenue par Talleyrand.
    Cette femme est émouvante et belle.
    — Ils sont bien coupables, les princes qui compromettent la vie de leurs plus fidèles serviteurs sans partager leurs périls, dit Napoléon.
    Il fait quelques pas. Le cabinet est maintenant rempli de femmes, Hortense, ses soeurs Caroline et

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