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[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

Titel: [Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Carrousel à midi.
    Devant lui, il voit les soldats alignés formant la haie et les quatre carrosses de Joséphine, de ses dames, des princesses et de leurs officiers, qui roulent déjà vers l’hôtel des Invalides.
    Ce matin, dans sa robe de tulle rose semée d’étoiles d’argent, il a trouvé Joséphine belle et digne. Et il s’en est senti ragaillardi, heureux. Ce serait si simple si elle était ce qu’elle devrait être : une jeune épouse auréolée de son titre et de sa beauté, fidèle, attentive, et féconde. Et épousée vierge ! Mais elle n’a jamais été cela !!!
    Constant et Roustam ont aidé Napoléon à revêtir l’uniforme de colonel de la Garde. Il a mis son chapeau noir et, maintenant, il est en tête du cortège, caracolant sur un cheval blanc. Derrière lui, les colonels généraux de la Garde, les grands officiers civils de la Couronne, les aides de camp et, fermant la marche, les grenadiers à cheval.
    À l’hôtel des Invalides, le maréchal gouverneur lui offre les clés, puis Napoléon, conduit par le clergé, va jusqu’au trône qui a été érigé pour lui à gauche de l’autel.
    Il se tient debout d’abord, tête nue, regardant l’immense nef, les tribunes, cette foule en uniforme rangée par catégories, là les élèves de l’École polytechnique, ici les invalides, là les ambassadeurs, les grands officiers civils, et ici les militaires.
    Il s’assied. Le monde est en ordre et il en est le centre.
    Le cardinal légat lit l’évangile, puis, après le discours du grand chancelier de la Légion d’honneur, Lacépède, Napoléon se lève. Il a replacé son chapeau droit sur sa tête. Cette cérémonie de remise de la Légion d’honneur, il l’a voulue ainsi, encadrée par des rituels religieux, dans l’Église. Et, après la distribution des étoiles de la Légion d’honneur, commencera le Te Deum. Ainsi, lors de cette cérémonie qui célèbre le 14 juillet, il aura réalisé la fusion qu’il cherche, exprimé le sens qu’il donne à son Empire.
    Il commence à parler d’une voix forte qui résonne dans l’immense édifice :
    — Commandants, officiers, légionnaires, citoyens et soldats, dit-il, vous jurez sur votre honneur de vous dévouer au service de l’Empire et à la conservation de son territoire dans son intégrité, et à la défense de l’Empereur, des lois de la République et des propriétés qu’elle a consacrées ; de combattre par tous les moyens que la justice, la raison et les lois autorisent, toute entreprise qui tendrait à rétablir le régime féodal…
    Il se tait, parce qu’il faut que chacun comprenne. Il est l’Empereur d’un nouvel ordre. Il rétablit les formes anciennes pour préserver ce qui est neuf et est né le 14 juillet 1789.
    Il élève la voix, plus fort encore.
    — Enfin, dit-il, vous jurez de concourir de tout votre pouvoir au maintien de la liberté et de l’égalité, bases premières de nos institutions. Vous le jurez !
    Alors les acclamations éclatent, roulent sous les voûtes. Puis c’est le Te Deum.
    Il se sent transformé. Il a même l’impression, quand il remet à chacun des grands officiers, des dignitaires, leur décoration, qu’il a des gestes plus lents.
    Il est celui qui consacre et confère la gloire et l’honneur.
    Les canons tonnent.
    À quinze heures, il rentre en voiture aux Tuileries.
    La voiture passe par le jardin. C’est le privilège de l’Empereur.
     
    Deux nuits encore à Saint-Cloud.
    Elle revient. Il a vu Mme Duchâtel aux Invalides, toute parée en dame du Palais, non loin de Joséphine. Il avait été surpris par la grâce de son épouse lorsqu’elle avait quitté les Tuileries, mais comment Joséphine aurait-elle pu rivaliser avec Marie-Antoinette Duchâtel ? Le temps est une fosse où l’on s’enlise. Et Joséphine lui a paru, malgré le fard, malgré le rouge des joues et des lèvres, grise à côté de la jeune femme.
    Il la désire.
    Il ne s’est jamais senti aussi sûr de lui-même. Il est cet aigle déployé. Il a envie de poser sa main aux doigts ouverts comme des serres sur le corps jeune de Mme Duchâtel.
    Elle entre. Il la presse contre lui. Il l’emporte.
    Que jamais on ne l’empêche d’être ce qu’il est, de faire ce qu’il veut.
     
    Il gagne Boulogne ce 19 juillet 1804.
    Il parcourt la ville. Les batteries tirent neuf cents coups de canon en son honneur. Les jeunes filles lui lancent des fleurs cependant qu’il passe sous les arcs de

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