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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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de l’Océanie ne le feraient pas ! Avant de dévorer leurs victimes, ils leur accorderaient la consolation de s’entretenir ensemble. Les cruautés qui se font ici seraient désavouées par les cannibales ! »
     
    « J’aurais dû mourir à Waterloo, peut-être avant. L’infortune, c’est que quand un homme cherche la mort il ne puisse la trouver. On a été tué tout autour de moi, mais je n’ai pu trouver le boulet ! »
     
    Et rien de ce qu’on entreprend pour faire connaître sa situation en Europe, pour dénoncer les cruautés de Hudson Lowe ne réussit. Au contraire ! Au Congrès d’Aix-la-Chapelle, les souverains approuvent et félicitent l’Angleterre pour la manière dont elle traite Napoléon !
    Et c’est Pozzo di Borgo, mon vieil ennemi depuis les temps de Pascal Paoli, Pozzo le traître, passé au service d’Alexandre, qui rédige le rapport me concernant ! Mes ennemis ne me lâchent pas. Toujours les mêmes. Ceux qui n’ont pas voulu de la Patrie et de l’Égalité. Ils me tiennent. Ils ne me libéreront pas. Mais c’est peut-être le prix de la gloire .
    — Jésus-Christ ne serait pas Dieu jusqu’à présent, dit-il, sans sa couronne d’épines. C’est son martyre qui a parlé à l’imagination des peuples. Si, au lieu d’être ici, j’étais en Amérique comme Joseph, on ne penserait plus à moi, et ma cause serait perdue.
    Voilà les hommes !
    Mais alors, il faut que je meure .
     
    Il sort de moins en moins.
    — Mon Gourgaud, dit-il en s’appuyant sur le bras du général, je ne puis plus marcher.
    Il a froid. On enveloppe ses jambes de lainages, mais ses membres continuent d’être glacés. Il vomit. Les gencives saignent. Il souffre parfois si violemment de l’estomac, du ventre qu’il ne peut se lever. Il renonce à se faire la barbe. Elle envahit le visage devenu blanc, la peau semblant translucide, les traits comme affinés, alors que le ventre est gonflé et qu’il paraît difforme.
    Il veut cependant continuer à dicter, mais parfois il s’interrompt, somnole. Il demande un bain chaud, mais il s’évanouit.
    Il se réveille, les yeux vides durant quelques secondes, puis il recommence à dicter, la voix claire, le ton ferme. Pas une date ne manque. Il se souvient de la position de chaque régiment. Il analyse la situation militaire au temps de la guerre d’Espagne. Il a cette vigueur intellectuelle qui fascine.
    Et puis c’est tout à coup un accès de fatigue. Un vomissement.
     
    Il apprend, le 12 avril 1818, qu’Hudson Lowe a décidé de renvoyer en Angleterre le docteur O’Meara, avec qui Napoléon pouvait parler en italien.
    — Le monde concevra-t-il qu’on a eu la lâcheté d’attenter à mon médecin ? dit-il au docteur irlandais au moment des adieux. Je vous remercie de vos soins. Quittez le plus tôt possible ce séjour de ténèbres et de crimes. Je mourrai sur ce grabat, rongé de maladie, et sans secours, mais votre nation en sera déshonorée à jamais.
    Qui restera-t-il auprès de moi ?
    O’Meara part. Mme de Montholon rejoint l’Europe, comme Gourgaud. Balcombe, l’hôte des Briars, et ses deux filles viennent faire leurs adieux. Ils rentrent à Londres. Et Cipriani, le maître d’hôtel, l’homme de confiance si précieux durant le séjour à l’île d’Elbe, si habile à recueillir toutes les rumeurs qui courent à Jamestown, meurt.
    Quand donc viendra mon tour ?
     
    Il est serein pourtant. Il ne veut pas recevoir les médecins anglais qui séjournent à Sainte-Hélène. Hudson Lowe a chassé O’Meara, qu’il porte la responsabilité de son acte !
    — Le crime se consommera plus vite, dit-il. J’ai vécu trop longtemps pour eux. Le ministère de Londres est bien hardi. Quand le pape était en France, je me serais plutôt coupé la main que de lui enlever son médecin.
    Il faudrait que O’Meara, de retour en Europe, publie les lettres confidentielles que les souverains ont adressées à Napoléon et que Joseph a conservées.
    — Quand j’avais la force et le pouvoir, ces souverains briguèrent ma protection et l’honneur de mon alliance. Ils léchèrent la poussière de mes pas. À présent, ils m’oppriment dans ma vieillesse. Ils m’enlèvent ma femme et mon enfant !
     
    Vieillesse ? 1819 est ma cinquantième année .
    Les jambes sont enflées. Les douleurs à l’estomac si aiguës, parfois, qu’il en perd connaissance. Hépatite, a répété avant de partir O’Meara.
    Il faudrait des soins. Mais

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