Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Notre-Dame de Paris

Notre-Dame de Paris

Titel: Notre-Dame de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Victor Hugo
Vom Netzwerk:
beau ! »
    Phœbus vint se rasseoir près d’elle, mais beaucoup plus près qu’auparavant.
    « Écoutez, ma chère… »
    L’égyptienne lui donna quelques petits coups de sa jolie main sur la bouche avec un enfantillage plein de folie, de grâce et de gaieté. « Non, non, je ne vous écouterai pas. M’aimez-vous ? Je veux que vous me disiez si vous m’aimez.
    – Si je t’aime, ange de ma vie ! s’écria le capitaine en s’agenouillant à demi. Mon corps, mon sang, mon âme, tout est à toi, tout est pour toi. Je t’aime, et n’ai jamais aimé que toi. »
    Le capitaine avait tant de fois répété cette phrase, en mainte conjoncture pareille, qu’il la débita tout d’une haleine sans faire une seule faute de mémoire. À cette déclaration passionnée, l’égyptienne leva au sale plafond qui tenait lieu de ciel un regard plein d’un bonheur angélique. « Oh ! murmura-t-elle, voilà le moment où l’on devrait mourir ! »
    Phœbus trouva « le moment » bon pour lui dérober un nouveau baiser qui alla torturer dans son coin le misérable archidiacre.
    « Mourir ! s’écria l’amoureux capitaine. Qu’est-ce que vous dites donc là, bel ange ? C’est le cas de vivre, ou Jupiter n’est qu’un polisson ! Mourir au commencement d’une si douce chose ! corne-de-bœuf, quelle plaisanterie ! – Ce n’est pas cela. – Écoutez, ma chère Similar… Esmenarda… Pardon, mais vous avez un nom si prodigieusement sarrazin que je ne puis m’en dépêtrer. C’est une broussaille qui m’arrête tout court.
    – Mon Dieu, dit la pauvre fille, moi qui croyais ce nom joli pour sa singularité ! Mais puisqu’il vous déplaît, je voudrais m’appeler Goton.
    – Ah ! ne pleurons pas pour si peu, ma gracieuse ! c’est un nom auquel il faut s’accoutumer, voilà tout. Une fois que je le saurai par cœur, cela ira tout seul. – Écoutez donc, ma chère Similar, je vous adore à la passion. Je vous aime vraiment que c’est miraculeux. Je sais une petite qui en crève de rage… »
    La jalouse fille l’interrompit : « Qui donc ?
    – Qu’est-ce que cela nous fait ? dit Phœbus. M’aimez-vous ?
    – Oh ! dit-elle.
    – Eh bien ! c’est tout. Vous verrez comme je vous aime aussi. Je veux que le grand diable Neptunus m’enfourche si je ne vous rends pas la plus heureuse créature du monde. Nous aurons une jolie petite logette quelque part. Je ferai parader mes archers sous vos fenêtres. Ils sont tous à cheval et font la nargue à ceux du capitaine Mignon. Il y a des voulgiers, des cranequiniers et des coulevriniers à main. Je vous conduirai aux grandes monstres des Parisiens à la grange de Rully. C’est très magnifique. Quatre-vingt mille têtes armées ; trente mille harnois blancs, jaques ou brigandines ; les soixante-sept bannières des métiers ; les étendards du parlement, de la chambre des comptes, du trésor des généraux, des aides des monnaies ; un arroi du diable enfin ! Je vous mènerai voir les lions de l’Hôtel du Roi qui sont des bêtes fauves. Toutes les femmes aiment cela. »
    Depuis quelques instants la jeune fille, absorbée dans ses charmantes pensées, rêvait au son de sa voix sans écouter le sens de ses paroles.
    « Oh ! vous serez heureuse ! continua le capitaine, et en même temps il déboucla doucement la ceinture de l’égyptienne.
    – Que faites-vous donc ? dit-elle vivement. Cette voie de fait l’avait arrachée à sa rêverie.
    – Rien, répondit Phœbus. Je disais seulement qu’il faudrait quitter toute cette toilette de folie et de coin de rue quand vous serez avec moi.
    – Quand je serai avec toi, mon Phœbus ! » dit la jeune fille tendrement.
    Elle redevint pensive et silencieuse.
    Le capitaine, enhardi par sa douceur, lui prit la taille sans qu’elle résistât, puis se mit à délacer à petit bruit le corsage de la pauvre enfant, et dérangea si fort sa gorgerette que le prêtre haletant vit sortir de la gaze la belle épaule nue de la bohémienne, ronde et brune, comme la lune qui se lève dans la brume à l’horizon.
    La jeune fille laissait faire Phœbus. Elle ne paraissait pas s’en apercevoir. L’œil du hardi capitaine étincelait.
    Tout à coup elle se tourna vers lui :
    « Phœbus, dit-elle avec une expression d’amour infinie, instruis-moi dans ta religion.
    – Ma religion ! s’écria le capitaine éclatant de rire. Moi, vous instruire dans ma religion ! Corne et tonnerre ! qu’est-ce

Weitere Kostenlose Bücher