Odyssée
heureux ne sont point irrités contre toi. Les princes et les chefs des Troiens empliront encore la plaine de poussière, et tu les verras fuir vers leur Ville, loin des nefs et des tentes.
Ayant ainsi parlé, il se précipita vers la plaine en poussant un grand cri, tel que celui que neuf ou dix mille hommes qui se ruent au combat pourraient pousser de leurs poitrines. [150] Tel fut le cri du Roi qui ébranle la terre. Et il versa la force dans le coeur des Akhaiens, avec le désir de guerroyer et de combattre.
Hèrè regardait, assise sur un thrône d'or, au sommet de l'Olympos, et elle reconnut aussitôt son frère qui s'agitait dans la glorieuse bataille, et elle se réjouit dans son coeur. Et elle vit Zeus assis au faîte de l'Ida o˘
naissent les sources, et il lui était odieux. Aussitôt, la vénérable Hèrè
aux yeux de boeuf songea au moyen de tromper Zeus tempétueux, et ceci lui sembla meilleur d'aller le trouver sur l'Ida, pour exciter en lui le désir amoureux de sa beauté, afin qu'un doux et profond sommeil ferm‚t ses paupières et obscurcît ses pensées.
Et elle entra dans la chambre nuptiale que son fils bien-aimé Hèphaistos avait faite. Et il avait adapté aux portes solides un verrou secret, et aucun des Dieux n'aurait pu les ouvrir. Elle entra et ferma les portes resplendissantes. Et, d'abord, elle lava son beau corps avec de l'ambroisie ; puis elle se parfuma d'une huile divine dont l'arôme se répandit dans la demeure de Zeus, sur la terre et dans l'Ouranos. Et son beau corps étant parfumé, elle peigna sa chevelure et tressa de ses mains ses cheveux éclatants, beaux et divins, qui flottaient de sa tête immortelle. Et elle revêtit une khlamyde divine qu'Athènè avait faite ellemême et ornée de mille merveilles, et elle la fixa sur sa poitrine avec des agrafes d'or. Et elle mit une ceinture à cent franges, et à ses oreilles bien percées des pendants travaillés avec soin et ornés de trois pierres précieuses. Et la gr‚ce l'enveloppait tout entière. Ensuite, la Déesse mit un beau voile blanc comme Hélios, et, à ses beaux pieds, de belles sandales. S'étant ainsi parée, elle sortit de sa chambre nuptiale, et, appelant Aphroditè loin des autres Dieux, elle lui dit :
- M'accorderas-tu, chère fille, ce que je vais te demander, ou me refuseras-tu, irritée de ce que je protège les Danaens, et toi les Troiens ?
Et la fille de Zeus, Aphroditè, lui répondit :
- Vénérable Hèrè, fille du grand Kronos, dis ce que tu désires. Mon coeur m'ordonne de te satisfaire, si je le puis, et si c'est possible.
Et la vénérable Hèrè qui médite des ruses lui répondit :
- Donne-moi l'amour et le désir à l'aide desquels tu domptes les Dieux immortels et les hommes mortels. Je vais voir, aux limites de la terre, Okéanos, origine des Dieux, et la maternelle Téthys, qui m'ont élevée et nourrie dans leurs demeures, m'ayant reçue de Rhéiè, quand Zeus au large regard jeta Kronos sous la terre et sous la mer stérile. Je vais les voir, afin d'apaiser leurs dissensions amères. Déjà, depuis longtemps, ils ne partagent plus le même lit, parce que la colère est entrée dans leur coeur.
Si je puis les persuader par mes paroles, et si je les rends au même lit, pour qu'ils puissent s'unir d'amour, ils m'appelleront leur bien-aimée et vénérable.
Et Aphroditè qui aime les sourires lui répondit :
- Il n'est point permis de te rien refuser, à toi qui couches dans les bras du grand Zeus.
Elle parla ainsi, et elle détacha de son sein la ceinture aux couleurs variées o˘ résident toutes les voluptés, et l'amour, et le désir, et l'entretien amoureux, et l'éloquence persuasive qui trouble l'esprit des sages. Et elle mit cette ceinture entre les mains de Hèrè, et elle lui dit :
- Reçois cette ceinture aux couleurs variées, o˘ résident toutes les voluptés, et mets-la sur ton sein, et tu ne reviendras pas sans avoir fait ce que tu désires.
Elle parla ainsi, et la vénérable Hèrè aux yeux de boeuf rit, et, en riant, elle mit la ceinture sur son sein. Et Aphroditè, la fille de Zeus, rentra dans sa demeure, et Hèrè, joyeuse, quitta le faîte de l'Olympos. Puis, traversant la Pièriè et la riante …mathiè, elle gagna les montagnes neigeuses des Thrèkiens, et ses pieds ne touchaient point la terre. Et, de l'Athos, elle descendit vers la mer agitée et parvint à Lemnos, la ville du divin Thoas, o˘ elle rencontra Hypnos, frère de Thanatos. Elle lui prit
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