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Odyssée

Odyssée

Titel: Odyssée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Homère , Mimmo Paladino
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mon fils bien-aimé, n'attends point cet homme, étant seul et loin des tiens, de peur que, tué par le Pèléiôn, tu ne subisses ta destinée, car il est bien plus fort que toi. Ah ! le misérable, que n'est-il aussi cher aux Dieux qu'à moi ! Bientôt les chiens et les oiseaux le dévoreraient étendu contre terre, et ma douleur affreuse serait apaisée. De combien de braves enfants ne m'a-t-il point privé, en les tuant, ou en les vendant aux îles lointaines ! Et je ne vois point, au milieu des Troiens rentrés dans Ilios, mes deux fils Lykaôn et Polydôros, qu'a enfantés Laothoè, la plus noble des femmes. S'ils sont vivants sous les tentes, certes, nous les rachèterons avec
    de l'or et de l'airain, car j'en ai beaucoup, et le vieux et illustre Altès en a beaucoup donné à sa fille ; mais s'ils
    sont morts, leur mère et moi qui les avons engendrés, nous les pleurerons jusque dans les demeures d'Aidès !
    Mais la douleur de nos peuples sera bien moindre si tu n'es pas dompté par Akhilleus. Mon fils, rentre à la h‚te
    dans nos murs, pour le salut des Troiens et des Troiennes. Ne donne pas une telle gloire au Pèléide, et ne te prive pas de la douce vie. Aie pitié de moi, malheureux, qui vis encore, et à qui le Père Zeus réserve une affreuse destinée aux limites de la vieillesse, ayant vu tous les maux m'accabler : mes fils tués, mes filles enlevées, mes foyers renversés, mes petits-enfants écrasés contre terre et les femmes de mes fils entraînées par les mains inexorables des Akhaiens ! Et moi-même, le dernier, les chiens mangeurs de chair crue me déchireront sous mes portiques, après que j'aurai été frappé de l'airain, ou qu'une lance m'aura arraché l'‚me. Et ces chiens, gardiens de mon seuil et nourris de ma table dans mes demeures, furieux, et ayant bu tout mon sang, se coucheront sous mes portiques ! On peut regarder un jeune homme percé de l'airain aigu et couché mort dans la mêlée, car il est toujours beau, bien qu'il soit nu ; mais une barbe blanche et les choses de la pudeur déchirées par les chiens, c'est la plus misérable des destinées pour les misérables mortels Le vieillard parla ainsi, et il arrachait ses cheveux blancs ; mais il ne fléchissait point l'‚me de Hektôr. Et voici que sa mère gémissait et pleurait, et que, découvrant son sein et soulevant d'une main sa mamelle, elle dit ces paroles lamentables :
    - Hektôr, mon fils, respecte ce sein et prends pitié de moi ! Si jamais je t'ai donné cette mamelle qui apaisait tes vagissements d'enfant, souviens-t'en, mon cher fils ! Fuis cet homme, rentre dans nos murs, ne t'arrête point pour le combattre. Car s'il te tuait, ni moi qui t'ai enfanté, ni ta femme richement dotée, nous ne te pleurerons sur ton lit funèbre ; mais, loin de nous, auprès des nefs des Argiens, les chiens rapides te mangeront !

    Et ils gémissaient ainsi, conjurant leur fils bien-aimé mais ils ne fléchissaient point l'‚me de Hektôr, qui attendait 1e grand Akhilleus. De même qu'un dragon montagnard nourri d'herbes vénéneuses, et plein de rage, se tord devant son repaire avec des yeux horribles, en attendant un homme qui approche ; de même Hektôr, plein d'un ferme courage, ne reculait point.
    Et, le bouclier appuyé contre le relief de la tour, il se disait dans son coeur :
    - Malheur à moi si je rentre dans les murailles ! Polydamas m'accablera de reproches, lui qui me conseillait de ramener les Troiens dans la Ville, cette nuit fatale o˘ le divin Akhilleus s'est levé. Je ne l'ai point écouté, et, certes, son conseil était le meilleur. Et voici que j'ai perdu mon peuple par ma folie. Je crains maintenant les Troiens et les Troiennes aux longs péplos. Le plus l‚che pourra dire : Hektôr, trop confiant dans ses forces, a perdu son peuple ! Ils parleront ainsi. Mieux vaut ne rentrer qu'après avoir tué Akhilleus, ou bien mourir glorieusement pour Ilios. Si, déposant mon bouclier bombé et mon casque solide, et appuyant ma lance au mur, j'allais au-devant du brave Akhilleus ? Si je lui promettais de rendre aux Atréides Hélénè et toutes les richesses qu'Alexandros a portées à Troiè
    sur ses nefs creuses ? Car c'est là l'origine de nos querelles. Si j'offrais aux Akhaiens de partager tout ce que la Ville renferme, ayant fait jurer par serment aux Troiens de ne rien cacher et de partager tous les trésors que contient la riche Ilios ? Mais à quoi songe mon esprit ? Je ne supplierai point Akhilleus, car

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