Odyssée
Artémis qui se réjouit de ses flèches :
- Chienne hargneuse, comment oses-tu me tenir tête ? Il te sera difficile de me résister, bien que tu lances des flèches et que tu sois comme une lionne pour les femmes que Zeus te permet de tuer à ton gré. Il est plus aisé de percer, sur les montagnes, les bêtes fauves et les biches sauvages que de lutter contre plus puissant que soi. Mais si tu veux tenter le combat, viens ! et tu sauras combien ma force est supérieure à la tienne, bien que tu oses me tenir tête !
Elle parla ainsi, et saisissant d'une main les deux mains d'Artémis, de l'autre elle lui arracha le carquois des épaules, et elle l'en souffleta en riant. Et comme Artérmis s'agitait çà et là, les flèches rapides se répandirent de tous côtés. Et Artémis s'envola, pleurante, comme une colombe qui, loin d'un épervier, se réfugie sous une roche creuse, car sa destinée n'est point de périr. Ainsi, pleurante, elle s'enfuit, abandonnant son arc.
Alors, le Messager, tueur d'Argos, dit à Lètô :
- Lètô, je ne combattrai point contre toi. Il est dangereux d'en venir aux mains avec les épouses de Zeus qui amasse les nuées. H‚te-toi, et va te vanter parmi les Dieux Immortels de m'avoir dompté par ta force.
Il parla ainsi ; et Lètô, ramassant l'arc et les flèches éparses dans la poussière, et les emportant, suivit sa fille. Et celle-ci parvint à
l'Olympos, à la demeure d'airain de Zeus. Et, pleurante, elle s'assit sur les genoux de son père, et son péplos ambroisien frémissait. Et le Père Kro nide lui demanda, en souriant doucement:
- Chère fille, qui d'entre les Dieux t'a maltraitée ainsi témérairement, comme si tu avais commis une faute devant tous ?
Et Artémis à la belle couronne lui répondit :
- Père, c'est ton épouse, Hèrè aux bras blancs, qui m'a frappée, elle qui répand sans cesse la dissension parmi les Immortels.
Et tandis qu'ils se parlaient ainsi, Phoibos Apollôn descendit dans la sainte Ilios, car il craignait que les Danaens ne renversassent ses hautes murailles avant le jour fatal. Et les autres Dieux éternels retournèrent dans l'Olympos, les uns irrités et les autres triomphants ; et ils s'assirent auprès du Père qui amasse les nuées.
Mais Akhilleus bouleversait les Troiens et leurs chevaux aux sabots massifs. De même que la fumée monte d'une ville qui br˚le, jusque dans le large Ouranos ; car la colère des Dieux est sur elle et accable de maux tous ses habitants ; de même Akhilleus accablait les Troiens.
Et le vieux Priamos, debout sur une haute tour, reconnut le féroce Akhilleus bouleversant et chassant devant lui les phalanges Troiennes qui ne lui résistaient plus. Et il descendit de la tour en se lamentant, et il dit aux gardes illustres des portes :
- Tenez les portes ouvertes, tant que les peuples mis en fuite accourront vers la Ville. Certes, voici qu'Aklilleus les a bouleversés et qu'il approche ; mais dès que les phalanges respireront derrière les murailles, refermez les battants massifs, car je crains que cet homme désastreux se nie dans nos murs.
Il parla ainsi, et ils ouvrirent les portes en retirant les barrières, et ils offrirent le salut aux phalanges. Et Apollôn s'élança au-devant des Troiens pour les secourir. Et ceux-ci, vers les hautes murailles et la Ville, dévorés de soif et couverts de poussière, fuyaient. Et, furieux, Akhilleus les poursuivait de sa lance, le coeur toujours plein de rage et du désir de la gloire.
Alors, sans doute, les fils des Akhaiens eussent pris Troiè aux portes élevées, si Phoibos Apollôn n'e˚t excité le divin Agènôr, brave et irréprochable fils d'Antènôr. Et il lui versa l'audace dans le coeur, et pour le sauver des lourdes mains de la mort, il se tint auprès, appuyé
contre un hêtre et enveloppé d'un épais brouillard.
Mais dès qu'Agènôr eut reconnu le destructeur de citadelles Akhilleus, il s'arrêta, roulant mille pensées dans son esprit, et il se dit dans son brave coeur, en gémissant :
- Hélas ! fuirai-je devant le brave Akhilleus, comme tous ceux-ci dans leur épouvante ? Il me saisira et me tuera comme un l‚che que je serai. Mais si, les laissant se disperser devant le Pèléide Akhilleus, je fuyais à travers la plaine d'Ilios jusqu'aux cimes de l'Ida, je m'y cacherais au milieu des taillis épais ; et, le soir, après avoir lavé mes sueurs au fleuve, je reviendrais à Ilios. Mais pourquoi mon esprit délibère-t-il ainsi ? Il me
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