Odyssée
ses genoux rapides ?
Et le divin Akhilleus ordonnait à ses peuples, par un signe de tête, de ne point lancer contre Hektôr de flèches mortelles, de peur que quelqu'un le tu‚t et remport‚t cette gloire avant lui. Mais, comme ils revenaient pour la quatrième fois aux fontaines du Skamandros, le Père Zeus déploya ses balances d'or, et il y mit deux Kères de la mort violente, l'une pour Akhilleus et l'autre pour Hektôr dompteur de chevaux. Et il les éleva en les tenant par le milieu, et le jour fatal de Hektôr descendit vers les demeures d'Aidès, et Phoibos Apollôn l'abandonna, et la déesse Athènè aux yeux clairs, s'approchant du Pèléide, lui dit ces paroles ailées j'espère enfin, illustre Akhilleus cher à Zeus, que nous allons remporter une grande gloire auprès des nefs Akhaiennes, en tuant Hektôr insatiable de combats.
Il ne peut plus nous échapper, même quand l'archer Apollôn, faisant mille efforts pour le sauver, se prosternerait devant le Père Zeus tempétueux.
Arrête-toi, et respire. Je vais persuader le Priamide de venir à toi et de te combattre.
Athènè parla ainsi, et Akhilleus, plein de joie, s'arrêta, appuyé sur sa lance d'airain. Et Athènè, le quittant, s'approcha du divin Hektôr, étant semblable à Dèiphobos par le corps et par la voix. Et, debout auprès de lui, elle lui dit ces paroles ailées :
- ‘ mon frère, voici que le rapide Akhilleus te presse en te poursuivant autour de la ville de Priamos. Tenons ferme et faisons tête tous deux à
l'ennemi.
Et le grand Hektôr au casque mouvant lui répondit :
- Dèiphobos, certes, tu étais déjà le plus cher de mes frères, de tous ceux que Hékabè et Priamos ont engendrés ; mais je dois t'honorer bien plus dans mon coeur, aujourd'hui que, pour me secourir, tu es sorti de nos murailles, o˘ tous les autres restent enfermés.
Et la déesse Athènè aux yeux clairs lui répondit :
- ‘ mon frère, notre père et notre mère vénérable m'ont supplié à genoux, et tous mes compagnons aussi, de rester dans les murs, car tous sont épouvantés ; mais mon ‚me était en proie à une amère douleur. Maintenant, combattons bravement, et ne laissons point nos lances en repos, et voyons si Akhilleus, nous ayant tués, emportera nos dépouilles sanglantes vers les nefs creuses, ou s'il sera dompté par ta lance.
Athènè parla ainsi avec ruse et elle le précéda. Et dès qu'ils se furent rencontrés, le grand Hektôr au casque mouvant parla ainsi le premier :
- Je ne te fuirai pas plus longtemps, fils de Pèleus. Je t'ai fui trois fois autour de la grande ville de Priamos et je n'ai point osé attendre ton attaque ; mais voici que mon coeur me pousse à te tenir tête. Je tuerai ou je serai tué. Mais attestons les Dieux, et qu'ils soient les fidèles témoins et les gardiens de nos pactes. Je ne t'outragerai point cruellement, si Zeus me donne la victoire et si je t'arrache l'‚me ; mais, Akhilleus, après t'avoir dépouillé de tes belles armes, je rendrai ton cadavre aux Akhaiens. Fais de même, et promets-le.
Et Akhilleus aux pieds rapides, le regardant d'un oeil sombre, lui répondit :
- Hektôr, le plus exécrable des hommes, ne me parle point de pactes. De même qu'il n'y a point d'alliances entre les lions et les hommes, et que les loups et les agneaux, loin de s'accorder, se haÔssent toujours ; de même il m'est impossible de ne pas te haÔr, et il n'y aura point de pactes entre nous avant qu'un des deux ne tombe, rassasiant de son sang le terrible guerrier Arès. Rappelle tout ton courage. C'est maintenant que tu vas avoir besoin de toute ton adresse et de toute ta vigueur, car tu n'as plus de refuge, et voici que Pallas Athènè va te dompter par ma lance, et que tu expieras en une fois les maux de mes compagnons que tu as tués dans ta fureur !
Il parla ainsi, et, brandissant sa longue pique, il la lança ; mais l'illustre Hektôr la vit et l'évita ; et la pique d'airain, passant audessus de lui, s'enfonça en terre. Et Pallas Athènè, l'ayant arrachée, la rendit à Akhilleus, sans que le prince des peuples, Hektôr, s'en aperç˚t.
Et le Priamide dit au brave Pèléide :
- Tu m'as manqué, ô Akhilleus semblable aux Dieux Zeus ne t'avait point enseigné ma destinée, comme tu le disais ; mais ce n'étaient que des paroles vaines et rusées, afin de m'effrayer et de me faire oublier ma force et mon courage. Ce ne sera point dans le dos que tu me perceras de ta lance, car je cours droit à
Weitere Kostenlose Bücher