Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome II.
brumaire, à Alexandrie en plus grande abondance que jamais. Il y en a pour deux ans. Le canal nous a servi à approvisionner de blé Alexandrie, et à faire venir nos équipages d'artillerie à Djyzéh.
Le général Andréossi, après différens combats sur le lac Menzaléh, est arrivé, le 29 vendémiaire, sur les ruines de Peluse. Il y a trouvé plusieurs antiques, entre autres un fort beau camée ; il y a dressé la carte de ce lac et de ses sondes avec la plus grande exactitude. Nous avons dans ce moment beaucoup de bâtimens armés dans ce lac. Il ne reste plus que deux branches, celle d'Ommfaredje et celle de Dybéh, peu de traces de celle de Peluse.
Deux jours après que la populace du Caire se fut révoltée, les Arabes accoururent de différens points du désert, et se réunirent devant Belbeis. Le général Reynier les repoussa partout ; un seul coup de canon à mitraille en tua sept : après différens petits combats ils disparurent, et quelque temps après se sont soumis.
Quelques djermes, chargées de chevaux nous appartenant, ont été pillées par les habitans du village de Ramleh, et deux dragons ont été tués. Le général Murat s'y est porté, a cerné le village, et a tué une centaine d'hommes.
Le général Lanusse, instruit que le célèbre Abouché'ir, un des principaux brigands du Delta, était à Kafr-Khaïr, l'a surpris la nuit du 29 vendémiaire, a cerné sa maison, l'a tué, lui a pris trois pièces de canon, quarante fusils, cinquante chevaux, et beaucoup de subsistances.
Les Anglais, avec quinze chaloupes canonnières et quelques petits bâtimens, se sont approchés du fort d'Aboukir, les 3, 4, 6 et 7 brumaire. Ils ont eu plusieurs chaloupes coulées bas : l'ordre était donné de les laisser débarquer ; ils ne l'ont pas osé faire. Ils doivent avoir perdu quelques hommes ; nous en avons eu deux blessés et un de tué : le citoyen Martinet, commandant la légion nubique, s'est distingué.
Depuis la bataille de Sédyman, le général Desaix était dans le Faïoum. Dans cette saison, on ne peut en Égypte aller ni par eau, il n'y en a pas assez dans les canaux ; ni par terre, elle est marécageuse et pas encore sèche : ne pouvant donc poursuivre Mourad-Bey, le général Desaix s'occupa à organiser le Faïoum.
Cependant Mourad-Bey en profita pour faire courir le bruit qu'Alexandrie était pris, et qu'il fallait exterminer tous les Français. Les villages se refusèrent à rien fournir au général Desaix, qui se porta, le 19 brumaire, pour punir le village de Céruni (Chérùnéh) qui était soutenu par deux cents mameloucks ; une compagnie de grenadiers les mit en déroute. Le village a été pris, pillé et brûlé ; l'ennemi a perdu quinze à seize hommes.
Dans le même temps, cinq cents Arabes, autant de mameloucks, et un grand nombre de paysans, se portaient à Faïoum pour enlever l'ambulance.
Le chef de bataillon de la vingt-unième, Epler, sortit au devant des ennemis, les culbuta par une bonne fusillade, et les poussa la baïonnette dans les reins. Une soixantaine d'Arabes, qui étaient entrés dans les maisons pour piller, ont été tués ; nous n'avons eu, dans ces différens combats, que trois hommes tués et dix de blessés.
BONAPARTE.
Au Caire, le 28 brumaire an 7 (18 novembre 1798).
À l'ordonnateur Leroy.
Le capitaine du navire le Santa-Maria, qui a acheté ou volé quatre pièces de canon de 2, un câble et un grappin, de concert avec un matelot français, sera condamné a payer 6,000 fr. d'amende, qui seront versés dans la caisse du payeur.
BONAPARTE.
Au Caire, le 29 brumaire an 7 (19 novembre 1798).
À Djezzar-Pacha.
Je ne veux pas vous faire la guerre, si vous n'êtes pas mon ennemi ; mais il est temps que vous vous expliquiez. Si vous continuez à donner refuge et à garder sur les frontières de l'Égypte Ibrahim-Bey, je regarderai cela comme une marque d'hostilité, et j'irai à Acre.
Si vous voulez vivre en paix avec moi, vous éloignerez Ibrahim-Bey à quarante lieues des frontières de l'Égypte, et vous laisserez libre le commerce entre Damiette et la Syrie.
Alors, je vous promets de respecter vos états, de laisser la liberté entière au commerce entre l'Égypte et la Syrie, soit par terre, soit par mer.
BONAPARTE.
Au Caire, le 3 frimaire an 7 (23 novembre 1798).
Au général Menou.
Faites sentir, citoyen général, au conseil militaire combien il est essentiel d'être sévère contre les dilapidateurs qui vendent la subsistance des
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