Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome II.
nécessaire de m'ôter un commandement qui se trouve trop éloigné de moi, et qui n'est qu'un surcroît aux occupations déjà trop considérables que j'ai.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Passeriano, le 2e jour complémentaire an 5 (18 septembre 1797).
Au directoire exécutif.
Il est indispensable que vous jetiez un coup d'oeil sur le congrès d'Udine.
M. de Meerveldt est parti pour Vienne.
Vous aurez vu, dans la seconde séance du protocole, que nous avons déclaré aux plénipotentiaires de S.M.I. que si au premier octobre la paix n'était pas signée, nous ne négocierions plus sur la base des préliminaires, mais sur la base respective de la puissance des deux états.
Il serait possible qu'avant le premier octobre, M. de Meerveldt revînt avec des instructions de signer la paix aux conditions suivantes :
1°. La ligne de l'Adige à l'empereur, y compris la ville de Venise.
2°. La ligne de l'Adige à la république cisalpine, et dès lors Mantoue.
3°. Les limites constitutionnelles telles qu'elles sont spécifiées dans le protocole de la cinquième séance, y compris Mayence.
4°. Que l'empereur n'entrerait en possession de l'Italie que lorsque nous entrerions dans les remparts de Mayence.
5°. Corfou et les autres îles à nous.
6°. Que ce qui nous manque pour arriver aux limites du Rhin pourrait être arrangé dans la paix avec l'Empire.
Il faut que je sache si votre intention est d'accepter ou non ces propositions.
Si votre ultimatum était de ne pas comprendre la ville de Venise dans la part de l'empereur, je doute que la paix se fasse (cependant Venise est la ville la plus digne de la liberté de toute l'Italie) ; et les hostilités recommenceraient dans le courant d'octobre.
L'ennemi est en position de guerre vis-à-vis de moi : il a sur les frontières de l'Italie, dans la Carinthie, la Carniole et le Tyrol dix mille hommes de cavalerie, et quatre-vingt-dix mille d'infanterie.
Il y a dans l'intérieur et sur les confins de la Hongrie, dix-huit mille hommes de cavalerie Hongroise levés en masse, et qui s'exercent depuis trois mois.
L'armée française en Italie a un pays immense et un grand nombre de places fortes à garder, ce qui fait que je ne pourrai prendre l'offensive qu'avec quatre mille hommes de cavalerie et quarante-cinq mille hommes d'infanterie sous les armes. Ajoutez à cela à peu près deux mille Polonais, et tout au plus mille Italiens devant rester en Italie pour maintenir la police et prêter main forte à leur gouvernement qui sera tourmenté par toute espèce de factions et de fanatisme, quelles que soient les mesures que je compte prendre pour assurer la tranquillité pendant mon absence.
Je crois donc que si votre ultimatum est de garder Venise, vous devez regarder la guerre comme probable, et :
1°. M'envoyer l'ordre d'arrêter la marche de cinq cents hommes qui vont dans l'intérieur, pour que je les fasse revenir à l'armée.
2°. Faire ratifier par les conseils le traité d'alliance avec le roi de Sardaigne ; ce qui mettrait à peu près huit mille hommes de plus à ma disposition.
Malgré ces mesures l'ennemi sera encore plus fort que moi.
Si je le préviens et que je prenne l'offensive, je le bats, et je suis, quinze jours après le premier coup de fusil tiré, sous les murs de Vienne. S'il prend l'offensive avant moi, tout devient très-douteux.
Mais, en supposant que vous prissiez les deux mesures que je vous indique afin d'augmenter l'armée, vous sentez que le jour où je serais près de Gratz, j'aurais le reste des forces autrichiennes sur les bras.
J'estime donc que pour faire de grandes choses, telles que la nation a le droit de l'attendre du gouvernement, si les Autrichiens n'acceptent pas les propositions de paix supposées plus haut, il faut que je sois renforcé de quatre mille hommes de cavalerie, entre autres de deux régimens de cuirassiers et de douze mille hommes d'infanterie.
Je pense également que du restant vous ne devez former sur le Rhin qu'une seule armée, qu'elle doit avoir pour but d'entrer en Bavière, de manière qu'en pressant l'ennemi entre ces deux masses, nous l'obligions à nous céder tout le pays en-deçà du Danube.
Faites attention que je suis ici plus près de Vienne, que ne l'est Ratisbonne de l'armée du Rhin, et qu'il faut vingt jours de marche à celle-ci pour arriver à cette dernière ville.
Tous les yeux, comme toutes les meilleures troupes et toutes les forces de la maison d'Autriche sont contre l'armée d'Italie,
Weitere Kostenlose Bücher