Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
qu'il a été trois jours sans pouvoir croire à des trames aussi noires qu'insensées ; mais qu'il avait été forcé de se rendre à l'évidence des faits et de ne plus arrêter la marche de la justice ; que jamais sous son gouvernement, des hommes quels qu'ils soient, quels que soient les services qu'ils auront rendus, ne fausseront leurs sermens et ne pratiqueront impunément des liaisons avec les ennemis de la France.... ; mais que dans les circonstances actuelles, l'union de tous les Français était un spectacle consolant pour son coeur ; que ce n'était pas à eux qu'il avait besoin de répéter que ces attentats si souvent renouvelés contre sa personne ne pourront rien, n'eût-il autour de lui que le corps le moins nombreux de l'armée».
Le premier consul, BONAPARTE.
Saint-Cloud, le 28 germinal an 12 (18 avril 1804).
Au sénat conservateur.
Sénateurs,
Le sénateur Joseph Bonaparte, grand officier de la légion d'honneur, m'a témoigné le désir de partager les périls de l'armée, campée sur les côtes de Boulogne, afin d'avoir part à sa gloire.
J'ai cru qu'il était du bien de l'état et que le sénat verrait avec plaisir qu'après avoir rendu à la république d'important services, soit par la solidité de ses conseils dans les circonstances les plus graves, soit par le savoir, l'habileté, la sagesse qu'il a déployés dans les négociations successives du traité de Mortefontaine qui a terminé nos différens avec les Etats-Unis d'Amérique ; de celui de Lunéville, qui a pacifié le continent ; et dans ces derniers temps de celui d'Amiens, qui avait rétabli la paix entre la France et l'Angleterre, le sénateur Joseph Bonaparte fût mis en mesure de contribuer à la vengeance que se promet le peuple français pour la violation de ce dernier traité, et se trouvât dans le cas d'acquérir de plus en plus des titres à l'estime de la nation.
Ayant déjà servi sous mes yeux dans les premières campagnes de la guerre et donné des preuves de son courage et de ses bonnes dispositions pour le métier des armes, dans le grade de chef de bataillon, je l'ai nommé colonel commandant le premier régiment de ligne, l'un des corps les plus distingués de l'armée, et que l'on compte parmi ceux qui, toujours placés au poste le plus périlleux, n'ont jamais perdu leurs étendards, et ont très-souvent ramené ou décidé la victoire.
Je désire en conséquence que le sénat agrée la demande que lui fera le sénateur Joseph Bonaparte, de pouvoir s'absenter de la délibération pendant le temps où les occupations de la guerre le retiendront à l'armée.
BONAPARTE.
Saint-Cloud, le 5 floréal an 12 (25 avril 1804).
Au sénat conservateur.
Sénateurs,
J'ai nommé le sénateur Serrurier gouverneur des Invalides. Je désire que vous pensiez que les fonctions de cette place ne sont point incompatibles avec celles de sénateur.
Rien n'intéresse aussi vivement la patrie que le bonheur de ces huit mille braves, couverts de tant d'honorables blessures et échappés à tant de dangers. Eh ! à qui pouvait-il être mieux confié qu'à un vieux soldat, qui, dans les temps les plus difficiles, et en les conduisant à la victoire, leur donna toujours l'exemple d'une sévère discipline et de cette franche intrépidité, première qualité du général. En voyant leur gouverneur assis parmi les membres d'un corps qui veille à la conservation de cette patrie, à la prospérité de laquelle ils ont tant contribué, ils auront une nouvelle preuve de ma sollicitude pour tout ce qui peut rendre plus honorable et plus douce la fin de leur glorieuse carrière.
Le premier consul, BONAPARTE.
Au sénat conservateur.
Votre adresse du 6 germinal dernier n'a pas cessé d'être présente à ma pensée [C'est l'adresse dans laquelle le sénat suppliait le premier consul de prendre des mesures pour rendre son autorité éternelle. C'était le premier pas fait vers la dignité d'empereur.]. Elle a été l'objet de mes méditations les plus constantes.
Vous avez jugé l'hérédité de la suprême magistrature nécessaire pour mettre le peuple français à l'abri des complots de nos ennemis et des agitations qui naîtraient d'ambitions rivales.
Plusieurs de nos institutions vous ont, en même temps, paru devoir être perfectionnées pour assurer, sans retour, le triomphe de l'égalité et de la liberté publique, et offrir à la nation et au gouvernement la double garantie dont ils ont besoin.
Nous avons été constamment
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