Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
guidés par cette grande vérité : que la souveraineté réside dans le peuple français, dans ce sens que tout, tout sans exception, doit être fait pour son intérêt, pour son bonheur et pour sa gloire. C'est afin d'atteindre ce but que la suprême magistrature, le sénat, le conseil d'état, le corps législatif, les collèges électoraux et les diverses branches de l'administration sont et doivent être institués.
A mesure que j'ai arrêté mon attention sur ces grands objets, je me suis convaincu davantage de la vérité des sentimens que je vous ai exprimés, et j'ai senti de plus en plus que, dans une circonstance aussi nouvelle qu'importante, les conseils de votre sagesse et de votre expérience m'étaient nécessaires pour fixer toutes mes idées.
Je vous invite donc à me faire connaître votre pensée toute entière.
Le peuple français n'a rien à ajouter aux honneurs et à la gloire dont il m'a environné ; mais le devoir le plus sacré pour moi, comme le plus cher à mon coeur, est d'assurer à ses enfans les avantages qu'il a acquis par cette révolution qui lui a tant coûté, surtout par le sacrifice de ce million de braves, morts pour la défense de ses droits.
Je désire que nous puissions lui dire le 14 juillet de cette année : «Il y a quinze ans, par un mouvement spontané, vous courûtes aux armes, vous acquîtes la liberté, l'égalité et la gloire.
Aujourd'hui ces premiers biens des nations, assurés sans retour, sont à l'abri de toutes les tempêtes ; ils sont conservés à vous, et à vos enfans : des institutions conçues et commencées au sein des orages de la guerre intérieure et extérieure, développées avec constance, viennent se terminer, au bruit des attentats et des complots de nos plus mortels ennemis, par l'adoption de tout ce que l'expérience des siècles et des peuples a démontré propre à garantir les droits que la nation avait jugés nécessaires a sa dignité, à sa liberté, et à son bonheur.
BONAPARTE.
Saint-Cloud, le 28 floréal an 12 (18 mai 1804).
Réponse du premier consul au sénat [Le sénat s'était rendu en corps à Saint-Cloud, pour présenter au premier consul le senatus-consulte organique décrété dans le jour, par lequel Napoléon Bonaparte était déclaré empereur, et la dignité impériale rendue héréditaire dans sa famille.].
Tout ce qui peut contribuer au bien de la patrie est essentiellement lié à mon bonheur.
J'accepte le titre que vous croyez utile à la gloire de la nation.
Je soumets à la sanction du peuple la loi de l'hérédité.
J'espère que la France ne se repentira jamais des honneurs dont elle environnera ma famille.
Dans tous les cas, mon esprit ne sera plus avec ma postérité, le jour où elle cesserait de mériter l'amour et la confiance de la grande nation.
BONAPARTE.
FIN DU TROISIÈME LIVRE.
LIVRE QUATRIÈME. EMPIRE.
1804.
Paris, le 28 floréal an 12 (18 mai 1804).
Le serment de l'empereur est ainsi conçu :
«Je jure de maintenir l'intégrité du territoire de la république ; de respecter et de faire respecter les lois du concordat et la liberté des cultes ; de respecter et de faire respecter l'égalité des droits, la liberté politique et civile, l'irrévocabilité des ventes des biens nationaux ; de ne lever aucun impôt, de n'établir aucune taxe qu'en vertu de la loi ; de maintenir l'institution de la légion d'honneur ; de gouverner dans la seule vue de l'intérêt, du bonheur et de la gloire du peuple français.»
Aux consuls Cambacérès et Lebrun.
Citoyens consuls, Cambacérès et Lebrun, votre titre va changer ; vos fonctions et ma confiance restent les mêmes. Dans la haute dignité d'archi-chancelier de l'empire, et d'archi-trésorier, dont vous allez être revêtus, vous manifesterez, comme vous l'avez fait dans celle de consuls, la sagesse de vos conseils, et les talens distingués qui vous ont acquis une part aussi importante dans tout ce que je puis avoir fait de bien. Je n'ai donc à désirer de vous que la continuation des mêmes sentiment pour l'état et pour moi.
NAPOLÉON.
Paris, le 29 floréal an 12 (19 mai 1804).
Réponse de l'empereur à une députation de la garde impériale [Envoyée pour le complimenter sur sa nouvelle dignité.].
Je reconnais les sentimens de la garde pour ma personne ; ma confiance dans la bravoure et dans la fidélité des corps qui la composent est entière. Je vois constamment avec un nouveau plaisir des compagnons d'armes échappés à tant de
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