Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
république cisalpine.
Au milieu des soins de toute espèce qui nous occupaient alors, nos peuples d'Italie furent touchés de l'intérêt que nous portâmes à tout ce qui pouvait assurer leur prospérité et leur bonheur ; et lorsque, quelques années après, nous apprîmes au bord du Nil que notre ouvrage était renversé, nous fûmes sensible aux malheurs auxquels vous étiez, en proie. Grâce à l'invincible courage de nos armées, nous parûmes dans Milan lorsque nos peuples d'Italie nous croyaient encore sur les bords de la mer Rouge.
Notre première volonté, encore tout couvert du sang et de la poussière des batailles, fut la réorganisation de la patrie italienne.
Les statuts de Lyon remirent la souveraineté entre les mains de la consulte et des collèges, où nous avions réuni les différens élémens qui constituent les nations.
Vous crûtes alors nécessaire à vos intérêts que nous fussions le chef de votre gouvernement ; et aujourd'hui persistant dans la même pensée, vous voulez que nous soyons le premier de vos rois.
La séparation des couronnes de France et d'Italie, qui peut être utile pour assurer l'indépendance de vos descendens, serait dans ce moment funeste à votre existence et à votre tranquillité. Je la garderai cette couronne, mais seulement tout le temps que vos intérêts l'exigeront ; et je verrai avec plaisir arriver le moment où je pourrai la placer sur une plus jeune tête qui, animée de mon esprit, continue mon ouvrage, et soit toujours prête à sacrifier sa personne et ses intérêts à la sûreté et au bonheur du peuple sur lequel la Providence, les constitutions du royaume et ma volonté l'auront appelé à régner.
NAPOLÉON.
Paris, le 28 ventose an 13 (18 mars 1805).
Au sénat conservateur.
Sénateurs, La principauté de Piombino que la France possède depuis plusieurs années, a été depuis ce temps administrée sans règle et sans surveillance. Située au milieu de la Toscane, éloignée de nos autres possessions, nous avons jugé convenable d'y établir un régime particulier. Le pays de Piombino nous intéresse par la facilité qu'il offre pour communiquer avec l'île d'Elbe et la Corse. Nous avons donc pensé devoir donner ce pays, sous le haut domaine de la France, à notre soeur la princesse Eliza, en conférant à son mari le titre de prince de l'empire. Cette donation n'est pas l'effet d'une tendresse particulière, mais une chose conforme a la saine politique, à l'éclat de notre couronne et à l'intérêt de nos peuples.
NAPOLÉON.
Paris, le 27 ventose an 13 (18 mars 1805).
Discours de l'empereur au sein du sénat en lui faisant part de son acceptation de la couronne d'Italie.`
«Sénateurs, nous avons voulu dans cette circonstance nous rendre au milieu de vous, pour faire connaître, sur un des objets les plus important de l'état, notre pensée toute entière.
«La force et la puissance de l'empire français sont surpassées par la modération qui préside à toutes nos transactions politiques.
«Nous ayons conquis la Hollande, les trois quarts de l'Allemagne, la Suisse, l'Italie toute entière ; nous avons été modérés au milieu de la plus grande prospérité. De tant de provinces nous n'avons gardé que ce qui était nécessaire pour nous maintenir au même point de considération et de puissance où a toujours été la France. Le partage de la Pologne, les provinces soustraites à la Turquie, la conquête des Indes et de presque toutes les colonies avaient rompu à notre détriment l'équilibre général.
«Tout ce que nous a vous jugé inutile, pour le rétablir, nous l'avons rendu, et par là nous avons agi conformément au principe qui nous a constamment dirigé, de ne jamais prendre les armes pour de vains projets de grandeur, ni par l'appât des conquêtes.
«L'Allemagne a été évacuée ; ses provinces ont été restituées aux descendans de tant d'illustres maisons qui étaient perdues pour toujours, si nous ne leur eussions accordé une généreuse protection. Nous les avons relevées et raffermies, et les princes d'Allemagne ont aujourd'hui plus d'éclat et de splendeur que n'en ont jamais eu leurs ancêtres.
L'Autriche elle-même, après deux guerres malheureuses, a obtenu l'état de Venise.
Dans tous les temps elle eût échangé, de gré à gré, Venise contre les provinces qu'elle a perdues.
«A peine conquise, la Hollande a été déclarée indépendante. Sa réunion à notre empire eût été le complément de notre
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