Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
nouvelles obligations. C'est un complément aux institutions de la légion d'honneur. Cette grande décoration a aussi un but particulier, celui de lier à nos institutions les institutions des différens états de l'Europe, et de montrer le cas et l'estime que je fais, que nous faisons de ce qui existe chez les peuples nos voisins et nos amis.
Au palais des Tuileries, le 25 pluviose an 13 (14 février 1805).
Au corps législatif.
Législateurs,
Conformément à l'article 9 du sénatus-consulte du 28 frimaire an 12, portant que les candidats pour la nomination du président du corps législatif, seront présentés dans le cours de la session annuelle pour l'année suivante et à l'époque de cette session qui sera désignée, nous vous invitons a procéder aux opérations relatives à cette présentation.
NAPOLÉON.
Paris, le 10 ventose an 13 (1er mars 1805).
Note inscrite dans le Moniteur.
[M. Pitt avait demandé au parlement britannique un vote de 5,000,000 liv. sterlings pour engager les puissances du continent à contracter une alliance avec le roi d'Angleterre.]
M. Pitt n'avait pas besoin de ce vote de 5,000,000 livres sterling. On sait très-bien depuis deux ans, que s'il est un prince assez ennemi de sa maison, de son trône, de ses peuples, pour vouloir vendre son repos, les destins futurs de sa famille et le sang de ses sujets, l'Angleterre est là pour les lui payer avec cet or acquis par le monopole aux dépens de tous les peuples de l'Europe. Le gouvernement anglais donne au monde le spectacle odieux de la plus grande immoralité. Ses agens parcourent, la bourse à la main, tous les cabinets, et partout les puissances rejettent avec horreur cet argent de la corruption qui ne peut produire que le remords et le malheur. Que l'Angleterre soit disposée a fournir plusieurs centaines de millions aux puissances qui voudront recommencer la lutte, c'est une chose connue qu'il n'était pas nécessaire de proclamer de nouveau. Ce que le vote de M. Pitt manifeste avec une égale évidence, c'est cet état d'aveuglement qui ne lui permet pas de voir que l'Europe veut le repos, et que si ceux qui cherchent à la faire rentrer dans une mer d'incertitude et de sang étaient renversés à leur tour, ils tomberaient aux acclamations de tous les peuples.
L'argent est utile aux coalitions, on ne l'ignore pas ; mais ce n'est point avec de l'argent qu'on fait les coalitions. Quelle est celle des grandes puissances de l'Europe qui ne dépense dans une campagne active le double et le triple de ce que vous pouvez lui offrir ? Elle répand, de plus, le sang de ses sujets ; mais cet élément n'entre jamais dans vos calculs.
C'est en suivant cette politique sage et mesurée, en ayant de la prévoyance dans la prospérité, en se montrant prêts à secourir ses amis dans le malheur, et à faire des sacrifices pour leur avantage, qu'on a des alliés. Cet usage n'est pas le vôtre ; votre seule politique, le grand Frédéric l'a dit il y a long-temps, est d'aller frapper à toutes les portes, une bourse à la main. Mais les funestes effets de cette politique ont été démontrés par l'expérience. Gardez donc votre or ; et pour peu que vous soyez animés par l'intérêt de votre patrie, faites la paix, et prenez dans la paix des principes modérés. Vous aurez le temps de payer votre dette et de vous assurer la possession de ces richesses immenses que vous accumulez, de ces immenses Indes qui gémissent sous votre domination.
On a fait au devant de vous les premiers pas pour la paix, et comment avez-vous répondu a ces avances ? en mettant, à l'ouverture du parlement, des injures dans la bouche de votre roi, en violant enfin le secret de vos négociations, ce qui a donné le caractère le plus évident a l'intention où vous étiez qu'elles n'eussent aucune suite.
Paris, le 26 ventose an 13 (17 mars 1805).
Réponse de l'empereur à la grande députation de la république italienne, venue à Paris pour lui offrir la couronne de fer d'Italie.
Depuis le moment où nous parûmes pour la première fois dans vos contrées, nous avons toujours eu la pensée de créer indépendante et libre la nation italienne ; nous avons poursuivi ce grand objet au milieu des incertitudes des événemens.
Nous formâmes d'abord les peuples de la rive droite du Pô en république cispadane, et ceux de la rive gauche en république transpadane.
Depuis, de plus-heureuses circonstances nous permirent de réunir ces états et d'en former la
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