Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
M. veut elle-même y songer, elle verra que la guerre est sans but, sans aucun résultat présumable pour elle. Eh ! quelle triste perspective de faire battre les peuples pour qu'ils se battent ! Le monde est assez grand pour que nos deux nations puissent y vivre, et la raison a assez de puissance pour qu'on trouve les moyens de tout concilier, si de part et d'autre on en a la volonté. J'ai toutefois rempli un devoir saint et précieux à mon coeur. Que V.M. croie à la sincérité des sentimens que je viens de lui exprimer et à mon désir de lui en donner des preuves, etc., etc.
Sur ce, je prie Dieu, monsieur mon frère, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.
NAPOLÉON.
Au palais des Tuileries, le 12 pluviose an 13 (1er février 1805).
Message au sénat conservateur.
Sénateurs,
Nous avons nommé grand-amiral de l'empire notre beau-frère le général Murat. Nous avons voulu non-seulement reconnaître les services qu'il a rendus à la patrie et l'attachement particulier qu'il a montré à notre personne dans toutes les circonstances de sa vie, mais rendre aussi ce qui est dû à l'éclat et à la dignité de notre couronne, en élevant au rang de prince une personne qui nous est de si près attachée par les liens du sang.
NAPOLÉON.
Message au sénat conservateur.
Sénateurs,
Nous avons nommé notre beau-fils, Eugène Beauharnais, archi-chancelier d'état de l'empire. De tous les actes de notre pouvoir, il n'en est aucun qui soit plus doux à notre coeur.
Elevé par nos soins et sous nos yeux, depuis son enfance, il s'est rendu digne d'imiter, et avec l'aide de Dieu, de surpasser un jour les exemples et les leçons que nous lui avons donnés.
Quoique jeune encore, nous le considérons dès aujourd'hui, par l'expérience que nous en avons faite dans les plus grandes circonstances, comme un des soutiens de notre trône, et un des plus habiles défenseurs de la patrie.
Au milieu des sollicitudes et des amertumes inséparables du haut rang où nous sommes placé, notre coeur a eu besoin de trouver des affections douces dans la tendresse et la constante amitié de cet enfant de notre adoption ; consolation sans doute nécessaire à tous les hommes, mais plus communément à nous, dont tous les instans sont dévoués aux affaires des peuples.
Notre bénédiction accompagnera ce jeune prince dans toute sa carrière ; et, secondé par la Providence, il sera un jour digne de l'approbation de la postérité.
NAPOLÉON.
Paris le 21 pluviose an 13 (10 février 1805).
Réponse de l'empereur à une députation du corps législatif [Envoyée pour le féliciter sur sa lettre au roi d'Angleterre.].
Messieurs les députés des départemens au corps législatif,
«Lorsque j'ai résolu d'écrire au roi d'Angleterre, j'ai fait le sacrifice du ressentiment le plus légitime et des passions les plus honorables. Le désir d'épargner le sang de mon peuple m'a élevé au-dessus des considérations, qui déterminent ordinairement les hommes. Je serai toujours prêt à faire les mêmes sacrifices. Ma gloire, mon bonheur, je les ai placés dans le bonheur de la génération actuelle. Je veux, autant que je pourrai y influer, que le règne des idées philantropiques et généreuses soit le caractère du siècle. C'est à moi à qui de tels sentimens ne peuvent être imputés à faiblesse, c'est à nous, c'est au peuple le plus doux, le plus éclairé, le plus humain, de rappeler aux nations civilisées de l'Europe qu'elles ne forment qu'une seule famille, et que les efforts qu'elles emploient dans leurs dissensions civiles sont des atteintes à la prospérité commune. Messieurs les députés des départemens au corps législatif, je compte sur votre assistance, comme sur la bravoure de mon armée».
NAPOLÉON.
Réponse de l'empereur au tribunat [Dont une députation avait été envoyée pour le même objet.].
La génération actuelle a besoin de bonheur et de repos ; et la victoire ne s'obtient qu'avec le sang des peuples. Le bonheur du mien est mon premier devoir comme mon premier sentiment.
Je sens vivement tout ce que vous me dites.
La plus douce récompense de tout ce que je puis avoir fait de bien sera toujours pour moi l'union et l'amour de ce grand peuple.
NAPOLÉON.
Paroles de l'empereur en donnant aux grands dignitaires de l'empire la grande décoration de la légion d'honneur.
Messieurs,
La grande décoration vous rapproche de ce trône ; elle peut exiger des sermens nouveaux, elle ne vous impose pas de
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