Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
militaire, et, sous un régime plus doux, oublie les malheurs d'une longue anarchie.
Le Saint-Père, souverain de Rome, possède ses états dans leur intégrité. Les places de Pesaro, de Fano, de Castel Saint-Leone qui avaient été occupées par les troupes cisalpines, lui ont été restituées.
Quinze cents Français sont encore dans la citadelle d'Ancône, pour en assurer les communications avec l'armée du midi.
Après la paix de Lunéville, la France pouvait tomber de tout son poids sur le royaume de Naples, punir le souverain d'avoir, le premier, rompu les traités, et le faire repentir des affronts, que les Français avaient reçus dans le port même de Naples : mais le gouvernement se crut vengé dès qu'il fut maître de l'être ; il ne se sentit plus que le désir et la nécessité de la paix ; pour la donner, il ne demande que les ports d'Otrante, nécessaires à ses desseins sur l'Orient, depuis que Malte était occupée par les Anglais.
Paul 1er avait aimé la France ; il voulait la paix de l'Europe, il voulait surtout la liberté des mers. Sa grande âme fut émue des sentimens pacifiques que le premier consul avait manifestés ; elle le fut depuis de nos succès et de nos victoires : de là, de premiers liens qui l'attachèrent à la république.
Huit mille Russes avaient été faits prisonniers en combattant avec les alliés ; mais le ministère, qui dirigeait alors l'Angleterre, avait refusé de les échanger contre des prisonniers français.
Le gouvernement s'indigna de ce refus ; il résolut de rendre à leur patrie de braves guerriers abandonnés de leurs alliés ; il les rendit d'une manière digne de la république, digne d'eux et de leur souverain. De là, des noeuds plus étroits et un rapprochement plus intime.
Tout-à-coup, la Russie, le Danemarck, la Suède, la Prusse s'unissant, une coalition est formée pour garantir la liberté des mers ; le Hanovre est occupé par les troupes prussiennes ; de grandes, de vastes opérations se préparent ; mais Paul 1er meurt subitement.
La Bavière s'est hâtée de reformer les liens qui l'unissaient à la France. Cet allié important pour nous a fait de grandes pertes sur la rive gauche du Rhin. L'intérêt et le désir de la France sont que la Bavière obtienne sur la rive droite une juste et entière indemnité.
De grandes discussions se sont élevées à Ratisbonne sur l'exécution du traité de Lunéville ; mais ces discussions ne regardent pas immédiatement la république. La paix de Lunéville conclue avec l'Europe et ratifiée parla diète, a fixé irrévocablement de ce côté-là tous les intérêts de la France.
Si la république prend encore part aux discussions de Ratisbonne, ce n'est que comme garant de stipulations contenues dans l'article 7 du traité de Lunéville, et pour maintenir un juste équilibre dans la Germanie.
La paix avec la Russie a été signée, et rien ne troublera désormais les relations de deux grands peuples, qui, avec tant de raison de s'aimer, n'en ont aucune de se craindre, et que la nature a placés aux deux extrémités de l'Europe pour en être le contre-poids au nord et au midi.
La Porte rendue à ses véritables intérêts et à son inclination pour la France, a retrouvé son allié le plus ancien et le plus fidèle.
Avec les Etats-Unis d'Amérique toutes les difficultés ont été aplanies.
Enfin, des préliminaires de paix avec l'Angleterre ont été ratifiés.
La paix avec l'Angleterre devait être le produit de longues négociations, soutenues d'un système de guerre qui, quoique lent dans ses préparatifs, était infaillible dans ses résultats.
Déjà la plupart de ses alliés l'avaient abandonnée. Le Hanovre, seule possession de son souverain sur le continent, était toujours au pouvoir de la Prusse ; la Porte, menacée par nos positions importantes sur l'Adriatique, avait entamé une négociation particulière.
Le Portugal lui restait : soumis depuis si long-temps à l'influence et au commerce exclusif des Anglais, le Portugal n'était plus en effet qu'une province de la Grande-Bretagne. C'était là que l'Espagne devait trouver une compensation pour la restitution de l'île de la Trinité. Son armée s'avance ; une division des troupes de la république campe sur la frontière du Portugal pour appuyer ses opérations ; mais après les premières hostilités et quelques légères escarmouches, le ministère espagnol ratifie séparément le traité de Badajoz, Dès-lors on dut
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