Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
commerce console ses états de la calamité de la guerre, et bientôt un esprit vivifiant portera dans ses vastes possessions une nouvelle activité et une nouvelle industrie.
Rome, Naples, l'Etrurie sont rendues au repos et aux arts de la paix.
Lucques, sous une constitution qui a réuni les esprits et étouffé les haines, a retrouvé le calme et l'indépendance.
La Ligurie a posé dans le silence des partis les principes de son organisation, et Gênes voit rentrer dans son port le commerce et les richesses.
La république des Sept-Iles est encore, ainsi que l'Helvétie, en proie à l'anarchie ; mais d'accord avec la France, l'empereur de Russie y fait passer les troupes qu'il avait à Naples, pour y reporter les seuls biens qui manquent à ces heureuses contrées, la tranquillité, le règne des lois, et l'oubli des haines et des factions.
Ainsi, d'une extrémité à l'autre, l'Europe voit le calme renaître sur le continent et sur les mers, et son bonheur s'asseoir sur l'union des grandes puissances et sur la foi des traités.
En Amérique, les principes connus du gouvernement ont rendu la sécurité la plus entière à la Martinique, à Tabago, à Sainte-Lucie.
On n'y redoute plus l'empire de ces lois imprudentes qui auraient jeté dans les colonies la dévastation et la mort. Elles n'aspirent plus qu'à se réunir à la métropole, et elles lui rapportent, avec leur confiance et leur attachement, une prospérité au moins égale à celle qu'elle y avait laissée.
A Saint-Domingue, de grands maux ont été faits ; de grands maux sont à réparer ; mais la révolte est chaque jour plus réprimée. Toussaint, sans trésor, sans place et sans armée, n'est plus qu'un brigand errant de morne en morne, avec quelques brigands comme lui, que nos intrépides éclaireurs poursuivent, et qu'ils auront bientôt atteints et détruits.
La paix est connue à l'Ile-de-France et dans l'Inde. Les premiers soins du gouvernement y ont déjà reporté l'amour de la république, la confiance en ses lois et toutes les espérances de la prospérité.
Bien des années s'écouleront désormais pour nous sans victoires, sans triomphes, dans ces négociations éclatantes qui font la destinée des états ; mais d'autres succès doivent marquer l'existence des nations, et surtout l'existence de la république. Partout l'industrie s'éveille, partout le commerce et les arts tendent à s'unir pour effacer les malheurs de la guerre. Des travaux de tous les genres appellent la pensée du gouvernement.
Le gouvernement remplira cette nouvelle tâche avec succès aussi long-temps qu'il sera investi de l'opinion du peuple français.
Les années qui vont s'écouler seront, il est vrai, moins célèbres ; mais le bonheur de la France s'accroîtra des chances de gloire qu'elle aura dédaignées.
Le premier consul, BONAPARTE.
Paris, le 17 floréal an 10 (7 mai 1802).
Réponse du premier consul au général Menou à son retour d'Egypte.
Celui-ci venait de lui dire : «Consul, en me présentant devant vous, la douleur d'avoir vu perdre votre plus belle conquête se renouvelle vivement.»
Le sort des batailles, lui répondit Bonaparte, est incertain Vous avez fait tout ce qu'on pouvait, après la malheureuse journée du 30, attendre d'un homme de coeur et d'expérience. Votre longue résistance à Alexandrie a contribué à la bonne issue des préliminaires de Londres. Votre bonne administration vous a mérité l'estime de tous les hommes qui en apprécient l'influence sur la prospérité publique.
Je connais bien tout ce qui s'est passé à votre armée. Vos malheurs ont été grands, sans doute ; mais ils ne vous ont rien fait perdre dans mon estime, et je m'empresserai de le témoigner hautement, afin qu'aucune clameur ne puisse entacher votre conduite [Cette réponse de Bonaparte étonnera tous ceux qui savent que la perte de l'Egypte doit être attribuée à la mauvaise administration et à la conduite pusillanime du général Menou. L'histoire dira sans doute pour quelle cause un homme aussi bien à même de juger des événemens que Bonaparte, se montra toujours tellement aveugle sur le compte du général Menou que, pour le récompenser de sa prétendue belle conduite en Egypte, il lui confia depuis une mission éclatante en Italie.].
Le premier consul, BONAPARTE.
Réponse du premier consul à une députation du tribunal [Envoyée pour le féliciter sur la paix d'Amiens, et lui annoncer que le tribunat avait émis le voeu qu'il fût
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