Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
régiment d'infanterie légère. Douze régimens russes et prussiens firent de nouveaux efforts ; sept fois ils les renouvelèrent, et sept fois ils furent repoussés. Cependant le prince de Ponte-Corvo avait réuni son corps d'armée ; mais avant qu'il pût déboucher, une seule charge du dix-septième de dragons, faite immédiatement après le septième assaut donné à la tête de pont, avait forcé l'ennemi à abandonner le champ de bataille et à battre en retraite. Ainsi, pendant tout un jour, deux divisions ont attaqué sans succès un régiment qui, à la vérité, était retranché.
Le prince de Ponte-Corvo visitant en personne les retranchemens, dans l'intervalle des attaques, pour s'assurer de l'état des batteries, a reçu une blessure légère, qui le tiendra pendant une quinzaine de jours éloigné de son commandement. Notre perte dans cette affaire a été peu considérable ; l'ennemi a perdu douze cents hommes, et a eu beaucoup de blessés.
Combat de Lomitten.
Deux divisions russes du centre attaquaient au même moment la tête de pont de Lomitten. La brigade du général Ferrey, du corps du maréchal Soult, défendait cette position. Le quarante-sixième, le cinquante-septième et le vingt-quatrième d'infanterie légère repoussèrent l'ennemi pendant toute la journée. Les abattis et les ouvrages restèrent couverts de Russes ; leur général fut tué. La perte de l'ennemi fut de onze cents hommes tués, cent prisonniers et un grand nombre de blessés. Nous avons eu deux cents hommes tués ou blessés.
Pendant ce temps, le général en chef russe, avec le grand-duc Constantin, la garde impériale russe et trois divisions, attaqua à la fois les positions du maréchal Ney sur Altkirken, Amt, Guttstadt et Volfsdorff ; il fut partout repoussé, mais lorsque le maréchal Ney s'aperçut que les forces qui lui étaient opposées étaient de plus de quarante mille hommes, il suivit ses instructions, et porta son corps à Ackendorff.
Combat de Deppen.
Le lendemain 6, l'ennemi attaqua le sixième corps dans sa position de Deppen sur la Passarge ; il y fut culbuté. Les manoeuvres du maréchal Ney, l'intrépidité qu'il a montrée et qu'il a communiquée à toutes ses troupes, les talens déployés dans cette circonstance par le général de division Marchand et par les autres officiers-généraux, sont dignes des plus grands éloges. L'ennemi, de son propre aveu, a eu, dans cette journée, deux mille hommes tués et plus de trois mille blessés ; notre perte a été de cent soixante hommes tués, deux cents blessés et deux cent cinquante faits prisonniers. Ceux-ci ont été, pour la plupart, enlevés par les cosaques qui, le matin de l'attaque, s'étaient portés sur les dernières de l'armée. Le général Roger ayant été blessé, est tombé de cheval, et a été fait prisonnier dans une charge. Le général de brigade Dutaillis a eu le bras emporté par un boulet.
L'empereur arriva le 8 à Deppen au camp du maréchal Ney ; il donna sur-le-champ les ordres nécessaires. Le quatrième corps se porta sur Volfsdorff, où, ayant rencontré une division russe de Kamenski, qui rejoignait le corps d'armée, il l'attaqua, lui mit hors de combat quatre ou cinq cents hommes, lui fit cent-cinquante prisonniers et vint prendre position le soir à Altirken. Le 9, l'empereur se porta sur Guttstadt avec les corps des maréchaux Ney, Davoust et Lannes, avec sa garde et la cavalerie de réserve. Une partie de l'arrière-garde ennemie, formant dix mille hommes de cavalerie et quinze mille hommes d'infanterie, prit position à Glottau, et voulut disputer le passage.
Le grand-duc de Berg, après des manoeuvres fort habiles, la débusqua successivement de toutes ses positions. Les brigades de cavalerie légère des généraux Pajol, Bruyer et Durosnel et la division de grosse cavalerie du général Nansouty triomphèrent de tous les efforts de l'ennemi.
Le soir, à huit heures, nous entrâmes de vive force à Guttstadt ; un millier de prisonniers, la prise de toutes les positions en avant de Guttstadt, et la déroute de l'infanterie ennemie furent les suites de cette journée. Les régimens de cavalerie de la garde russe ont surtout été très-maltraités.
Le 10, l'armée se dirigea sur Heilsberg ; elle enleva les divers camps de l'ennemi. Un quart de lieue au-delà de ces camps, l'arrière-garde se montra en position, elle avait quinze à dix-huit mille hommes de cavalerie et plusieurs lignes d'infanterie. Les
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