Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
d'officiers et de soldats, et les noms de ceux qui ont été blessés dans la mémorable journée du 10 juin.
On a trouvé dans les magasins d'Heilsberg plusieurs milliers de quintaux de farine et beaucoup de denrées de diverses sortes.
L'impuissance de l'armée russe, démontrée par la prise de Dantzick, vient de l'être encore par l'évacuation du camp de Heilsberg ; elle l'est par sa retraite ; elle le sera d'une manière plus éclatante encore si les Russes attendent l'armée française ; mais dans de si grandes armées, qui exigent vingt-quatre heures pour mettre tous les corps en position, on ne peut avoir que des affaires partielles, lorsque l'une d'elles n'est pas disposée à finir bravement la querelle dans une affaire générale.
Il parait que l'empereur Alexandre avait quitté son armée quelques jours avant la reprise des hostilités. Plusieurs personnes prétendent que le parti anglais l'a éloigné, pour qu'il ne fût pas témoin des malheurs qu'entraîne la guerre et des désastres de son armée, prévus par ceux mêmes qui l'ont excité à rentrer en campagne. On a craint qu'un si déplorable spectacle ne lui rappelât les véritables intérêts de son pays, ne le fît revenir aux conseils des hommes sages et désintéressés, et ne le ramenât enfin, par les sentimens les plus propres à toucher un souverain, à repousser la funeste influence que la corruption anglaise exerce autour de lui.
De notre camp impérial de Friedland, le 15 juin 1807.
Lettre de S. M. l'empereur et roi à MM. les archevêques et évêques.
Monsieur l'évêque de..... La victoire éclatante qui vient d'être remportée par nos armes sur le champ de bataille de Friedland, qui a confondu les ennemis de notre peuple, et qui a mis en notre pouvoir la ville importante de Koenigsberg et les magasins considérables qu'elle contenait, doit être pour nos sujets un nouveau motif d'actions de grâce envers le dieu des armées. Cette victoire mémorable a signalé l'anniversaire de la bataille de Marengo, de ce jour, où tout couvert de poussière du champ de bataille, notre première pensée, notre premier soin fut pour le rétablissement de l'ordre et de la paix dans l'église de France. Notre intention est qu'au reçu de la présente vous vous concertiez avec qui de droit, et vous réunissiez nos sujets de votre diocèse dans vos églises cathédrales et paroissiales, pour y chanter un Te Deum, et adresser au ciel les autres prières que vous jugerez convenable d'ordonner dans de pareilles circonstances. Cette lettre n'étant à d'autre fin, monsieur l'évêque de......, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.
NAPOLÉON.
Wehlau, le 17 juin 1807.
Soixante-dix-neuvième bulletin de la grande armée.
Les combats de Spanden, de Lomitten, les journées de Guttstadt et de Heilsberg n'étaient que le prélude de plus grands événemens.
Le 12, à quatre heures du matin, l'armée française entra à Heilsberg. Le général Latour-Maubourg avec sa division de dragons et les brigades de cavalerie légère des généraux Durosnel et Wattier, poursuivirent l'ennemi sur la rive droite de l'Alle dans la direction de Bartenstein, pendant que les corps d'armée se mettaient en marche dans différentes directions pour déborder l'ennemi et lui couper sa retraite sur Koenigsberg, en arrivant avant lui sur ses magasins. La fortune a souri à ce projet.
Le 12, à cinq heures après-midi, l'empereur porta son quartier-général à Eylau. Ce n'étaient plus ces champs couverts de glaces et de neige, c'était le plus beau pays de la nature, coupé de beaux bois, de beaux lacs, et peuplé de jolis villages.
Le grand-duc de Berg se porta le 13 sur Koenigsberg avec sa cavalerie ; le maréchal Davoust marcha derrière pour le soutenir ; le maréchal Soult se porta sur Creutzbourg ; le maréchal Lannes sur Damnau ; les maréchaux Ney et Mortier sur Lampaseh.
Cependant le général Latour-Maubourg écrivait qu'il avait poursuivi l'arrière-garde ennemie ; que les Russes abandonnaient beaucoup de blessés ; qu'ils avaient évacué Bartenstein, et continuaient leur retraite sur Schippenbeil, par la rive droite de l'Alle. L'empereur se mit sur-le-champ en marche sur Friedland ; il donna ordre au duc de Berg, aux maréchaux Soult et Davoust de manoeuvrer sur Koenigsberg, et avec les corps des maréchaux Ney, Lannes, Mortier, avec la garde impériale et le premier corps commandé par le général Victor, il marcha en personne sur
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