Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
division de cavalerie, et fort de quarante mille hommes, occupait la rive droite en avant de Cassel. Son quartier-général était à Hocheim. Depuis quatre jours, on travaillait à un camp retranché sur les hauteurs à une lieue en avant de Cassel. Plusieurs ouvrages étaient tracés et fort avancés.
Tout le reste de l'armée avait passé le Rhin.
S. M. avait signé, le 7, la réorganisation de l'armée et la nomination à toutes les places vacantes.
L'avant-garde commandée par le comte Bertrand, n'avait pas encore vu d'infanterie ennemie, mais seulement quelques troupes de cavalerie légère.
Toutes les places du Rhin s'armaient et s'approvisionnaient avec la plus grande activité.
Les gardes nationales récemment levées se rendaient de tous côtés dans les places pour en former la garnison et laisser l'armée disponible.
Le général Dulauloy avait réorganisé les deux cents bouches à feu de la garde. Le général Sorbier était occupé à réorganiser cent batteries à pied et à cheval, et à réparer la perte des chevaux qu'avait éprouvée l'artillerie de l'armée.
On croyait que S. M. ne tarderait pas à se rendre à Paris.
S. M. l'empereur est arrivée le 9, à cinq heures après-midi, à Saint-Cloud.
S. M. avait quitté Mayence le 8, à une heure du matin.
Paris, 14 novembre 1813.
Réponse de l'empereur à une députation du sénat.
«Sénateurs,
«J'agrée les sentimens que vous m'exprimez.
«Toute l'Europe marchait avec nous il y a un an ; toute l'Europe marche aujourd'hui contre nous : c'est que l'opinion du monde est faite par la France ou par l'Angleterre. Nous aurions donc tout à redouter sans l'énergie et la puissance de la nation.
«La postérité dira que si de grandes et critiques circonstances se sont présentées, elles n'étaient pas au-dessus de la France et de moi.»
Au palais des Tuileries, 14 décembre 1813.
Lettre de l'empereur à S. Exc. M. Reinhard, landamman de la Suisse.
«Monsieur le landamman, j'ai lu avec plaisir la lettre que vous avez chargé MM. de Ruttimann et Vieland, envoyés extraordinaires de la confédération, de me rendre. J'ai appris, avec une particulière satisfaction, l'union qui a régné entre tous les cantons et entre toutes les classes de citoyens. La neutralité que la diète a proclamée à l'unanimité est à la fois conforme aux obligations de vos traités et à vos plus chers intérêts. Je connais cette neutralité, et j'ai donné les ordres nécessaires pour qu'elle soit respectée. Faites connaître aux dix-neuf cantons qu'en toute occasion ils peuvent compter sur le vif intérêt que je leur porte, et que je serai toujours disposé à leur donner des preuves de ma protection et de mon amitié.
«Sur ce, je prie Dieu, monsieur le landamman, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.»
NAPOLÉON.
Paris, 19 décembre 18l3.
Discours de l'empereur à l'ouverture extraordinaire du corps-législatif.
«Sénateurs, conseillers-d'état, députés des départemens au corps-législatif,
«D'éclatantes victoires ont illustré les armes françaises dans cette campagne. Des défections sans exemple ont rendu ces victoires inutiles. Tout a tourné contre nous. La France même serait en danger sans l'énergie et l'union des Français. «Dans ces grandes circonstances, ma première pensée a été de vous appeler près de moi. Mon coeur a besoin de la présence et de l'affection de mes sujets.
«Je n'ai jamais été séduit par la prospérité : l'adversité me trouverait au-dessus de ses atteintes.
«J'ai plusieurs fois donné la paix aux nations, lorsqu'elles avaient tout perdu. D'une part de mes conquêtes, j'ai élevé des trônes pour des rois qui m'ont abandonné.
«J'avais conçu et exécuté de grands desseins pour la prospérité et le bonheur du monde ! ... Monarque et père, je sens que la paix ajoute à la sécurité des trônes et à celle des familles. Des négociations ont été entamées avec les puissances coalisées. J'ai adhéré aux bases préliminaires qu'elles ont présentées. J'avais donc l'espoir qu'avant l'ouverture de cette session, le congrès de Manheim serait réuni ; mais de nouveaux retards, qui ne sont pas attribués à la France, ont différé ce moment que presse le voeu du monde.
«J'ai ordonné qu'on vous communiquât toutes les pièces originales qui se trouvent au portefeuille de mon département des affaires étrangères. Vous en prendrez connaissance par l'intermédiaire d'une commission. Les orateurs de mon
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