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Par ce signe tu vaincras

Par ce signe tu vaincras

Titel: Par ce signe tu vaincras Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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sultan, combattant valeureux, dont bientôt les navires, avec ceux du roi de France, attaqueraient Nice, ville du duc de Savoie, l’allié de Charles Quint.
    François I er venait de lancer à tout le royaume un « cry de guerre » contre l’empereur Charles qui, disait le souverain, voulait, sous couvert de défendre la chrétienté, imposer sa loi à toutes les nations. Le roi de France n’était pas le genre de monarque à plier le genou. Il en allait de même du roi d’Angleterre et des princes d’Allemagne, de même que des nobles et des peuples des Pays-Bas. Selon François I er , dont mon père citait les paroles, Charles Quint n’était qu’un ambitieux Habsbourg qui voulait faire croire que son armée était une paisible procession de fidèles et de défenseurs du pape ! L’empereur avait-il oublié que ses reîtres et ses lansquenets avaient mis Rome à sac ?
    — L’année même de ta naissance ! m’avait lancé mon père.
    Je lui avais désobéi. Non seulement j’avais refusé d’aller saluer Dragut, mais j’avais montré avec insolence le mépris que j’éprouvais pour l’homme qu’il accueillait avec la familiarité dont témoignent entre eux les compagnons d’armes.
    Le père Verdini m’avait révélé que Dragut était un renégat, l’un de ces nombreux chrétiens qui, prisonniers des Barbaresques, abjuraient leur foi et adoptaient celle de leurs geôliers. Ils échappaient ainsi à la prison et à la chiourme. Ils étaient libres. Mais comme ils craignaient que leurs maîtres ne les soupçonnassent de vouloir un jour revenir à leur ancienne religion et de songer à profiter de leur liberté pour s’enfuir, ils devenaient les plus cruels et les plus pervers des musulmans, les plus furieux des Barbaresques. Ils combattaient avec adresse, torturaient avec raffinement. Leur zèle étonnait leurs anciens maîtres qui, bientôt, leur accordaient confiance, pouvoir, fortune et parfois affection.
    Le capitan-pacha Dragut était le plus illustre de ces renégats. Né en Calabre, les Barbaresques l’avaient enlevé avec tous les jeunes hommes de son village. Les femmes avaient été égorgées après avoir été violées. Ce jour-là, les infidèles n’avaient besoin que de rameurs pour leurs chiourmes. Ils avaient marqué Dragut au fer rouge sur la joue gauche comme s’il n’avait été qu’une bête de leur troupeau.
    Or Dragut n’était ni un mouton ni un chien, mais un homme-loup, de ceux qu’on ne dompte pas et qu’aucun lien, aucune cage ne peut retenir prisonnier.
    Il avait d’abord plié et accepté, le regard baissé, humiliations et sévices. Il avait obéi sans rechigner aux ordres des gardes-chiourme, tressaillant à peine quand les lanières des fouets lui cinglaient le dos et la nuque. Sa peau s’était tannée.
    Au bout de quelques mois, l’un des gardes-chiourme l’avait choisi pour remplacer un marin qu’une vague avait emporté.
    Dragut avait fait merveille, grimpant au mât, agile et soumis. Peut-être son corps souple et long avait-il séduit l’un des officiers de la galère. On l’avait laissé cacher sa marque infamante sous un grand turban et, peu à peu, on avait oublié qu’il n’était qu’un prisonnier chrétien. Il avait fait brûler avec une lame rougie l’empreinte qui le défigurait et, lorsqu’il ôtait son turban, on pouvait imaginer qu’il avait été blessé au cours d’un combat.
    Car il était devenu l’un des plus renommés des pirates barbaresques, s’aventurant dans les golfes et les baies, les ports même des côtes espagnoles, italiennes ou provençales, pour attaquer les navires chrétiens, les piller, tuer ou rafler leurs équipages, libérer les rameurs musulmans. Il n’oubliait jamais d’offrir une part de son butin et les plus beaux et vigoureux de ses captifs aux représentants du sultan à Alger.
    Après quelques années, il avait été nommé capitan-pacha de la ville et le sultan en avait fait souvent son émissaire auprès des chrétiens, qu’ils fussent vénitiens ou français.
    Jamais il n’avait tenté de s’enfuir. Il demeurait non loin du port d’Alger, dans un palais entouré d’un jardin immense qui sentait l’orange et le laurier. Son harem comptait plus de soixante femmes, chrétiennes pour la plupart.
    Lorsque j’avais hurlé son nom, à l’instant où il bondissait sur notre galère, il avait levé le bras, et les mains des soldats qui appuyaient déjà la lame de leur cimeterre contre

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