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Par ce signe tu vaincras

Par ce signe tu vaincras

Titel: Par ce signe tu vaincras Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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dont il a baissé les yeux, j’ai compris qu’il m’avait dissimulé ce qu’il savait. Et sans doute Diego de Sarmiento ou Enguerrand de Mons, qui se trouvaient à mes côtés dans cette salle, n’ignoraient-ils pas la présence de ce père et de ce frère qui m’avaient fait rouer de coups et que j’avais eu mission d’attirer à Londres dans un guet-apens.
    Tout avait-il changé en l’espace de quelques semaines ?
    Ils étaient huguenots, « mal-sentants de la foi », et c’était un roi de France qui prétendait faire rouler les têtes des luthériens dans les rues qui les avait choisis comme ambassadeurs !
    Et c’était un empereur qui n’avait eu de cesse que de combattre les hérétiques qui les accueillait !
    Était-ce là la guerre franche que nous devions mener ? Où étaient donc les chevaliers du Temple ? Avait-on oublié la charte de saint Bernard ?
    Diego de Sarmiento m’a étreint le bras. Il comprenait mon indignation. Mais les relations entre souverains étaient aussi tortueuses qu’un labyrinthe. Et, d’ailleurs, Charles Quint n’était qu’un empereur trop perclus de douleurs pour exercer le pouvoir. Ses mains n’étaient plus capables de brandir le glaive. Il n’avait pu venir de sa demeure à ce palais que juché sur une mule, trop paralysé pour enfourcher un cheval !
    Il était temps qu’il laisse le sceptre royal entre les mains de son fils.
    J’ai dégagé mon bras. Il m’a semblé que mon père m’observait avec cette expression méprisante et pleine de fatuité qui était la sienne. Lui et mon frère me narguaient.
    Et Charles Quint continuait de pérorer d’une voix traînante, la salive coulant sur son pourpoint, ses mains tremblantes ayant du mal à tenir le parchemin, jetant de fréquents regards à Philippe II.
    — Prenez surtout garde de ne vous point laisser infecter par les sectes des pays voisins ! Extirpez-en bien vite les germes s’ils paraissent parmi vous, de peur que, s’étendant, ils ne bouleversent votre État de fond en comble et que vous ne tombiez dans les plus extrêmes calamités.
    Il s’est interrompu, toussant, crachant, ployé par la fatigue.
    — Et lui, notre empereur, qu’a-t-il fait ? a murmuré Sarmiento. Il n’a pas pu écraser la secte luthérienne ! Il a établi l’égalité entre les hérétiques et nous, entre l’erreur et la vérité. Ils sont libres de répandre leurs sacrilèges et leurs mensonges. Et les princes qui se sont emparés des biens de la sainte Église les conservent ! Alors il peut bien accueillir le comte Louis de Thorenc, huguenot, comme ambassadeur de Henri II et de Catherine de Médicis ! Bel attelage ! La couardise mariée à la sorcellerie !
    Il m’a de nouveau empoigné le bras et a ajouté :
    — Nous changerons tout cela. Nous commencerons ici, puis nous nettoierons les Pays-Bas et nous trancherons la tête de ces princes calvinistes qui pérorent. Regarde-les, Bernard !
    Il a désigné sur l’estrade, à la gauche de Charles Quint, le prince Guillaume d’Orange, puis, dans les premiers rangs, d’autres seigneurs flamands, le comte d’Egmont, le comte de Hornes, tout aussi hérétiques. Ceux-là, un jour, il faudrait les châtier, les faire rentrer sous terre et les repousser dans l’enfer d’où ils étaient issus !
    Je me suis écarté autant que j’ai pu de Sarmiento. Il logeait avec moi dans le palais d’Arenberg qui appartenait à ce comte d’Egmont auquel il venait de promettre l’enfer !
    J’étais accablé. Il me semblait qu’avancer le long du chemin de la vie, c’était s’enfoncer chaque jour davantage dans cet abîme enténébré qu’est l’âme cachée des hommes.
    Je n’étais pourtant pas innocent ! Depuis que j’étais arrivé à Bruxelles, qu’avais-je fait, sinon forniquer, jouir, me remplir la panse de bière, de gibier et de poisson ? Et je m’étais senti quitte avec Vous, Seigneur, en me rendant chaque matin à Notre-Dame du Sablon, à quelques pas du palais d’Arenberg. J’avais prié pour les deux souverains et pour Michele Spriano dont je n’oubliais pas qu’il vivait, lui, sur cette terre, l’enfer.
    Mais qui se souciait encore de payer sa rançon ?
    Le père Verdini m’avait expliqué qu’il avait tout tenté pour obtenir des proches du roi les mille ducats que réclamait le capitan-pacha d’Alger pour ce rachat.
    Mais les caisses de l’Espagne étaient vides ! Il avait fallu verser des centaines de milliers de

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