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Par ce signe tu vaincras

Par ce signe tu vaincras

Titel: Par ce signe tu vaincras Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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ducats à Charles Quint pour lui permettre de mener sa guerre contre le roi de France. Dépenses vaines, puisque l’ambassadeur du roi Henri II n’était autre que le comte Louis de Thorenc et qu’on allait signer une trêve ici, à Bruxelles, au château de Vaucelles, entre le roi de France et l’empereur. Et nous étions invités à la célébrer dans cette même grand-salle du château !
    Il avait fallu aussi armer les cent vingt-cinq navires pour les épousailles en Angleterre, les remplir de cadeaux et de coffres débordant de pièces d’or pour acheter les Anglais.
    — Et ils nous ont couverts d’immondices et d’insultes ! avais-je murmuré.
    Le père Verdini s’était contenté de me dire qu’il ne renonçait pas, que d’autres moines rédempteurs étaient en partance pour Alger. Puis il s’était signé.
    — Que Dieu veille sur Michele Spriano, et sur toi, mon fils !
    Je ne sais, Seigneur, si Vous avez prêté attention à ma vie durant toutes ces années que j’ai passées dans les Pays-Bas espagnols.
    J’allais sur mes trente ans. Je courais d’une alcôve à l’autre ; j’achevais mes nuits, ivre, la mousse de la bière maculant mes lèvres, la fatigue de la fornication me creusant les joues.
    Peut-être m’avez-Vous pardonné ?
    Je le saurai bientôt, quand je comparaîtrai devant Vous.
    J’imagine, lisant et relisant La Divine Comédie , ce que pourrait être mon sort, sans cesse dévoré en Enfer, et sans cesse humilié et torturé au Purgatoire.
    Ma seule excuse était dans le désarroi qui m’étreignait presque chaque jour.
    J’apprenais que le pape Paul IV, Votre évêque de Rome, avait excommunié l’empereur Charles Quint et le roi Philippe II, et qu’il avait conclu une alliance avec le roi de France !
    Mes deux souverains se voyaient privés de toutes leurs dignités. Et le culte divin était même proscrit en Espagne !
    Où était la vérité en ce monde ?
    Fallait-il que j’accepte l’avis des théologiens espagnols qui, réunis, autorisaient le roi à employer la force contre le successeur de Pierre ?
    Déjà se mettaient en route les fantassins et les cavaliers du duc d’Albe, le plus impitoyable chevalier de guerre de Philippe II, lequel écrivait à Paul IV : « Vous êtes le loup dévorant du bercail du Christ… J’implore l’aide de Dieu contre Votre Sainteté et je jure au nom du roi mon maître, et par le sang qui coule dans mes veines, que Rome tremblera sous le poids de mon glaive ! »
    J’interrogeais Diego de Sarmiento. Il écartait mes inquiétudes d’un geste agacé de la main.
    Chacun savait, disait-il, que Paul IV était un ennemi de Charles Quint. Il persécutait donc les princes italiens alliés de l’empereur. L’ambassadeur d’Espagne l’avait averti : « Si les furies de Sa Sainteté ne cessent point, si elles sont poussées plus avant, nous serons déchargés des inconvénients et dommages qui pourront s’ensuivre. »
    On pouvait reprocher à l’empereur – et Sarmiento le faisait – d’avoir ménagé les protestants d’Allemagne, mais fallait-il pour cela l’excommunier, lui qui, avec Philippe II, était le bras armé de la foi ? La politique, concluait Sarmiento, relève du jugement des hommes, non de celui des prêtres.
    Comment, avec de tels propos qui contredisaient ceux que m’avait tenus auparavant Sarmiento, n’aurais-je pas cherché à oublier, à poser ma tête contre les seins, à la glisser entre les cuisses grasses des Flamandes ?
    Je ne voulais pas me souvenir de ce que le père Verdini me chuchotait, à savoir que Charles Quint, en 1527, l’année de ma naissance, avait laissé ses lansquenets mettre Rome à sac, tandis que les troupes du duc d’Albe fondaient sur la Ville éternelle en pillant et brûlant les villages et en violant les femmes.
    Je n’ai pas forcé l’Italienne Mariana Massi, que je retrouvais dans ma chambre du palais d’Arenberg. Jeune et brune, sa peau mate me rappelait celle d’Aïcha Thagri. Je la payais en déposant entre ses petits seins trois pièces d’or.
    J’oubliais, le temps de l’étreinte, que ma vie se dissipait.
    Mais, en se rhabillant, elle parlait alors que j’aurais tant voulu qu’elle se taise !
    Elle avait connu, disait-elle, dans une maison de prostitution d’Anvers, une femme, une ancienne lavandière qui menait grand train, se donnant pour le plaisir plus que pour le gain, car elle ne manquait pas d’argent. Elle prétendait

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