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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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voyage.
    — Il n’a reçu ces blessures que depuis huit jours et, même s’il les tient pour bénignes, elles auraient pu tuer plus faible que lui.
    — J’ai lu un rapport de lui disant, entre autres choses, qu’il a l’intention d’épouser la fille de la señora Serena pour assurer sa sécurité. Mon bon sergent m’a rapporté que dès l’instant où il l’a vue, même piètrement vêtue, il est tombé amoureux d’elle. Ce n’est donc pas étonnant.
    — Il s’est mis en danger pour cette famille. Je pensais que c’était par affection pour Pasqual Robert – ou Gil de Finestres, puisqu’il faut l’appeler ainsi.
    — J’aime à croire que c’est pour ces deux raisons, dit l’évêque. Mais, maître Isaac, je m’étonne que maître Luis Mercer se soit embarqué dans une aventure aussi folle. Ce n’était pas un homme amène et il avait d’étranges manies, mais je ne l’aurais jamais cru fou à ce point.
    — De la folie, Votre Excellence ? Je ne pense pas que ce soit cela. L’avidité est la seule mère de tels actes. Il y a eu tant de morts et d’héritages inespérés que notre époque a engendré une armée de voleurs et de menteurs. J’en suis affligé, mais c’est désormais une composante de la vie ordinaire. Luis Mercer n’était pas fou.
    — Ce n’était pas un parent de Gil.
    — Non, Votre Excellence, mais c’était un cousin éloigné de la señora. Elle m’a raconté que le père de Luis avait approché sa famille à elle alors qu’il était encore enfant. Il semble qu’il ait élevé son fils dans une optique bien particulière : il devait l’épouser pour rétablir sa fortune.
    — Allons, un homme sain d’esprit ne nourrit pas une telle fureur pendant tant d’années.
    — Ce ne fut certainement pas le cas, Votre Excellence. Après tout, il a fait un beau mariage, raconte-t-on, mais son épouse et son enfant sont morts tous deux. Je crois qu’il disait la vérité en déclarant que l’insomnie et la mélancolie le torturaient depuis deux ans.
    — On prétend qu’il pleurait toujours la mort de sa femme.
    — Je crois surtout qu’il pleurait le riche mariage qu’il n’avait pu faire lui-même. Considérez ceci, Votre Excellence. Mercer se trouvait à Barcelone quand sa cousine a épousé Gil de Finestres. Il les a vus descendre les marches de l’église. Pasqual Robert s’est installé ici il y a deux ans, et Luis Mercer l’a reconnu. Il ne voyait pas le valeureux serviteur du roi, seulement l’homme qui avait épousé Serena à sa place. Il était peut-être le seul dans cette ville à connaître la véritable identité de Pasqual Robert. Le rencontrer chaque jour à la bourse de commerce a dû le ronger comme une maladie fatale.
    — Voulez-vous dire, maître Isaac, qu’un homme aussi secret que la tombe et aussi prudent qu’une bête fauve a été reconnu par un individu qui ne voyait en lui que le mari de la femme dont il désirait la fortune ?
    — Exactement, Votre Excellence. Il a cru qu’elle s’était donnée avec toute sa fortune à un simple greffier, un être qui lui était inférieur en toutes choses.
    — Il lui a ainsi porté le coup le plus cruel en l’assassinant. Qui sait, peut-être espérait-il toujours l’épouser.
    — Elle attend un enfant, vous savez, fit remarquer le médecin. Son état l’a aidée à supporter le choc.
    — Il y a de bonnes nouvelles parmi tout ce chagrin. Mais je crois que ces bruits annoncent l’arrivée de votre fille et de Sa Seigneurie.
     
    — Qu’as-tu donc, Raquel ? lui dit sa mère avec impatience. Les fêtes commencent dans deux jours, il y a énormément de choses à préparer, et toi, tu restes à rêvasser dans ton coin comme si tu étais une grande dame pourvue d’une centaine de serviteurs.
    — Je suis fatiguée, maman. J’ai travaillé dur.
    — C’est ridicule.
    — Ces cinq derniers jours, soit j’ai consolé une veuve qui a perdu celui qu’elle adorait, soit j’ai écouté les bavardages incessants de deux jeunes femmes qui se croient amoureuses. J’ai dû d’abord pleurer par sympathie puis donner mon avis sur ce que les amants entendent quand ils se disent telle ou telle chose. Sans parler des soins à apporter à un malade qui refuse de faire tout ce que je lui demande. Oui, je suis fatiguée.
    — Te voici revenue.
    — Elles ne cessaient de pleurer dans mon giron, maman, alors que l’une d’elles avait son amant à proximité et que

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