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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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pleurs inutiles.
    — Demain, ce sont les préparatifs du sabbat, dit la mère avec rudesse. Et il faut encore préparer les habits de Yusuf.
    — Dois-je donc tout faire ? demanda Raquel.
    — Cela ne te fera pas de mal, et nous serons tous très occupés, lui répondit sa mère avec peu de compassion.
     
    Le lendemain matin, le soleil se leva sur les collines dans un ciel qui frissonnait déjà de la chaleur à venir. Vers tierce, cuivré et menaçant, il se tenait au sud-est, pas assez haut toutefois pour pénétrer les rues étroites et encaissées de la ville.
    Une autre heure s’écoula : çà et là, les rayons du soleil touchaient le pavé et entraient par les fenêtres du rez-de-chaussée. Les pierres commençaient à se réchauffer ; dans la ville, la chaleur s’accumulait. Les femmes parties tôt au marché ralentissaient le pas. Les chiens se trouvaient un coin ombragé pour y somnoler toute la journée. Quand les cloches sonneraient sixte, les travailleurs des champs quitteraient tôt leurs tâches pour aller prendre leur dîner ; après quoi, tout labeur cesserait jusqu’à ce que le soleil entamât sa descente vers les collines à l’ouest.
    Berenguer de Cruilles était assis devant sa fenêtre aux volets ouverts et réfléchissait aux problèmes que Bernat lui avait exposés le matin même. Il avait expédié les affaires courantes, signé des lettres d’autorisation et approuvé des dispositions établies par des subalternes méticuleux. Au lieu de travailler, il autorisait son esprit à battre la campagne, attiré par le vent parfumé des collines et les bruits assourdis de la rue. Sa rêverie fut interrompue par un coup sec frappé à la porte et le mouvement du loquet de son cabinet. Bernat. Encore lui.
    — Votre Excellence a-t-elle un instant pour considérer la requête du père Pau ? Il attend à l’étage inférieur.
    — Il fait chaud, Bernat. Je ne puis me rappeler un été où il ait fait si chaud. Comment voulez-vous que j’étudie une requête, surtout quand elle est aussi absurde ? Dites à Pau que s’il souhaite une réponse qui ne soit pas un simple non, il lui faudra revenir quand il fera plus frais.
    — Comme le voudra Votre Excellence, dit Bernat avec un discret sourire.
    Berenguer déduisit de cette mimique qu’il n’aimait pas Pau.
    — Ah, Votre Excellence, il y a aussi un gentilhomme qui désire vous voir.
    — Un gentilhomme ?
    — Un ami, qui a l’air fourbu et crotté par son voyage.
    — Votre Excellence ! s’écria une voix derrière le secrétaire.
    Un grand et gros homme aux épaules carrées, aux traits marqués et aux abondantes boucles châtaines se tenait à la porte. Il avait l’allure martiale, mais était vêtu comme un homme de paix de condition modeste.
    — Monseigneur… mon bon Oliver ! s’écria l’évêque. Qu’est-ce qui vous amène ici par cette chaleur ? Mais d’abord, asseyez-vous et prenez un rafraîchissement. Vous m’avez l’air d’avoir la gorge sèche.
    — Je vous en serais reconnaissant, Votre Excellence, même si ma robuste mule et moi-même avons déjà fait halte pour boire à votre fontaine. J’ai également cherché à me débarrasser de la poussière du voyage, ajouta-t-il en regardant tristement sa tunique.
    — Avec peu de succès, semble-t-il, mais nous vous pardonnerons. Vous venez seul, bailli ?
    Oliver posa brièvement les yeux sur le secrétaire de l’évêque.
    — Si vous voulez bien m’excuser, Votre Excellence, je dois veiller à ce que l’on s’occupe de la mule de votre hôte, dit Bernat en filant vers la porte. Les rafraîchissements sont là.
    — Un excellent collaborateur, dit Oliver. Très efficace, même s’il n’apprécie pas trop de me voir vous interrompre.
    Il déplaça un siège pour qu’il fût caressé par la brise qui entrait par la fenêtre et y prit place.
    — Et je serais très heureux de m’asseoir avant de me confier, ajouta-t-il. La route a été longue et pénible.
    — Puis-je savoir d’où vous venez ?
    — Quelque quinze lieues à l’ouest, dit-il vaguement.
    — Une quinzaine de lieues ce matin, en pleine chaleur, Oliver ? Votre mule doit être aussi robuste que l’acier trempé.
    — C’est la pleine lune, Votre Excellence, et nous en avons parcouru les cinq premières à sa lueur.
    — Un voyage solitaire, bailli, fit remarquer l’évêque. Sur des routes peu sûres.
    — Je n’étais pas vraiment seul. J’avais avec moi un

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