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Potion pour une veuve

Potion pour une veuve

Titel: Potion pour une veuve Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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compagnon. Un homme dont vous vous souvenez peut-être, ajouta-t-il d’un air détaché. Nous avons choisi un endroit tranquille pour nous reposer, mais ce ne fut pas un choix judicieux, semble-t-il. Mon compagnon s’est révélé incapable d’aller plus avant.
    — Incapable à quel point ? s’inquiéta Berenguer.
    — Je ne puis le dire. Parce que je l’ignore. Je me suis endormi. Quand je me suis éveillé, j’étais seul. Je ne sais rien de plus, Votre Excellence.
    — Quand vous êtes-vous mis en chemin ? Après que tout le monde fut endormi ?
    — Tout le monde, ou presque. Les cloches sonnant matines nous ont tirés de notre couche. Nous avons mangé un morceau ou deux arrosés de vin et d’eau et nous sommes partis – tout était déjà prêt. Quelques mots au garçon d’écurie, puis nous avons conduit les mules jusqu’à la route afin de ne pas réveiller la maisonnée. Je dirais que nous fûmes en selle très vite après minuit. La nuit touchait à sa fin quand nous avons fait halte. Je veux dire que la lune commençait à pâlir avec l’aube.
    — Sa mule a-t-elle également disparu ?
    — Oui, mais pas la mienne. Il faudrait être magicien pour emmener ma Neta en pleine nuit alors que je dors à côté. Son braiment éveillerait les morts.
    — Votre compagnon avait peut-être des raisons à lui de s’en aller.
    — C’est possible. C’est pourquoi je ne m’alarme pas de sa disparition, Votre Excellence. Mais je suis venu vous demander une faveur.
    — Vous n’avez qu’à parler, bailli, dit Berenguer avec amabilité.
    — Je demande une couche dans un coin tranquille, Votre Excellence, et du foin pour ma Neta, et ce jusqu’à lundi. Nous devons nous rendre à Barcelone, mais il n’est pas nécessaire que nous y soyons avant lundi, au coucher du soleil. Je pensais séjourner ici le plus de temps possible. Passer un dimanche paisible à Gérone, en fait.
    — Vous êtes le bienvenu, profitez de ce que nous pourrons vous offrir. Bernat veillera à ce que vous ayez tout ce dont vous avez besoin. Vous comptez repartir lundi ?
    — Oui. Je ne puis attendre plus longtemps.
    — Dans ce cas, peut-être vais-je vous trouver un autre compagnon.
    — S’il a le regard vif et s’il est habile à l’épée, dit Oliver, il sera le bienvenu. Et s’il n’est pas dépourvu de courage, évidemment.
    — Je crois que vous lui reconnaîtrez toutes ces qualités. Ce qu’il n’a pas en expérience, il le compense par son esprit et sa vivacité. Pour un garçon de treize ou quatorze ans, il s’en tire assez bien, ma foi.
    — Treize ou quatorze ans !

CHAPITRE II
    Lundi 4 août
     
    Au pied de la colline, la place somnolait paisiblement. Derrière la masse de la cathédrale, à l’est, le ciel commençait à s’éclaircir. Le discret grincement d’un gond de porte indiqua un mouvement dans la ville endormie : la poterne est du Call s’ouvrit pour laisser passer trois formes sombres. En entrant dans la lumière, elles révélèrent les silhouettes enveloppées de capes légères d’un homme barbu, grand et large d’épaules, d’un jeune garçon et d’une femme grande et mince. L’homme tenait à la main un long bâton ; les deux autres portaient un petit balluchon. Après un bref intervalle de temps, apparurent à leur tour trois formes, corpulentes au point d’en être grotesques, que l’alchimie des rayons de lune changea en un garçon de plus petite taille et deux femmes, tous lourdement chargés de paquets et de paniers.
    Un oiseau solitaire chanta dans le jardin épiscopal.
    Raquel, la grande jeune femme, rejeta son capuchon et se dirigea vers les trois derniers venus.
    — Maman, pourquoi emportez-vous tout cela ? demanda-t-elle en la débarrassant d’un balluchon fait d’un morceau de lin.
    — C’est un repas froid pour la route, dit Judith. Je connais les rations qu’on vous distribue en chemin. Je ne donnerais pas ça à un chien. Yusuf aura besoin de manger.
    — Avec ce que vous lui avez préparé, il en aura assez jusqu’à son retour de Sardaigne. Où sont les autres ? ajouta-t-elle en regardant alentour.
    — Aux écuries, dit son père. Je les entends à présent.
    La nuit régnait encore sur cette partie de la place, mais le bruit de sabots ferrés sur les pavés trahit la présence de deux gardes : leurs montures demeurèrent pratiquement invisibles jusqu’à ce qu’elles émergent de l’ombre des murailles et entrent dans la

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