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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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depuis le Luxembourg, a écrit à l’Assemblée
pour menacer Paris d’une destruction « pierre après pierre », si le
roi ou les membres de la famille royale étaient maltraités. Et le marquis de
Bouillé a assuré qu’il était responsable de l’enlèvement du roi.
    Louis s’étonne de voir la majorité de l’Assemblée accepter
cette thèse et, peu à peu, il se persuade que la situation peut encore se
retourner.
    Il doit être patient, faire croire à ces députés qui ne
veulent pas l’accabler, qui l’écoutent avec déférence, qu’il est prêt à
accepter la Constitution.
    « J’ai bien reconnu dans ce voyage, dit-il à La Fayette,
que je m’étais trompé et que l’attachement à la révolution est l’opinion
générale. »
    Il encourage Marie-Antoinette à écouter Barnave, qui tout au
long du trajet de retour s’est montré soucieux de protéger la reine.
    Cet homme, séduit, aspire à conseiller Marie-Antoinette, à
prendre la place de feu Mirabeau.
    Pourquoi pas ?
    Barnave a déclaré à l’Assemblée :
    « Tout le monde doit sentir que l’intérêt commun est
que la révolution s’arrête. Ceux qui ont perdu doivent savoir qu’il est
impossible de la faire rétrograder ; qu’il ne s’agit plus que de la fixer… »
    Il faut conforter Barnave. Il est avec Duport, Lameth, La
Fayette et même Sieyès, de ceux qui s’opposent aux « patriotes exaltés »,
à ces « tigres ».
     
    Et Louis, chaque jour depuis son retour aux Tuileries, entend
ces « bêtes fauves » hurler des injures.
    Ils sont derrière les grilles. Ils se rassemblent place
Louis-XV. Les gardes nationaux ne peuvent, ou ne veulent pas, les repousser, les
disperser, les faire taire.
    Et lorsque, à la fin de la journée, Louis s’approche d’une
fenêtre, pour profiter de la fraîcheur de la brise, les insultes fusent, hurlées.
    « Imbécile », « Cochon », « Perfide »,
« Lâche ».
    On menace de le saigner, de le dépecer, de lui dévorer le
cœur.
    Et lorsque la reine s’approche, les hurlements redoublent
contre « la putain Toinon, l’Autrichienne, qu’il faudra fouetter, écorcher ».
    On veut les juger. On crie que la nation n’a pas besoin d’un
roi. Et parfois jaillit le mot de république .
     
    « Le peuple est furieux, note un témoin, depuis l’Assemblée
nationale même, jusque dans les derniers cafés : cela ressemble à ces
vents qui frisent la terre, une heure avant l’ouragan dévastateur. »
     
    Qui le déchaînera ? Louis lit avec attention les propos
de ce Jacobin, Maximilien Robespierre, qui dès le dimanche 26 juin a réclamé qu’un
tribunal soit chargé d’entendre les deux souverains :
    « La reine n’est qu’une citoyenne, a-t-il dit, et le
roi en qualité de premier fonctionnaire du royaume est soumis aux lois. »
    Habile et prudent, ce Robespierre !
    Il laisse Danton, Laclos, Camille Desmoulins évoquer la
République, ou bien un « moyen constitutionnel » permettant de
remplacer Louis XVI – et chacun comprend qu’ils pensent à un régent, qui serait
Philippe d’Orléans –, mais Robespierre ne se prononce pas. Il dit seulement que
si le roi est inviolable, le peuple l’est aussi. Qu’on doit donc interroger le
roi, et la citoyenne Marie-Antoinette.
    Louis n’a jamais relevé une injure dans la bouche de
Robespierre. C’est Pétion qui dit que le roi est un « monstre » et un
autre député, Vadier, qui lance un « brigand couronné ».
    Robespierre ne signe pas la pétition des cordeliers qui
réclament la « déchéance du Roi ».
    Il ne participe ni à la manifestation de trente mille
ouvriers qui se réunissent place Vendôme, le 24 juin, ni à ce grand
rassemblement devant l’Assemblée, rue Saint-Honoré, en faveur de la déchéance
du roi, mais aussi contre toute idée de remplacement du Bourbon par un Orléans,
et contre l’institution d’une régence.
    « Plus de monarchie », « plus de tyran »,
crie-t-on.
    Et Robespierre ne suit pas Condorcet ou l’écrivain américain
Thomas Paine qui s’affirment républicains.
     
    Louis observe. Il médite les propos de Barnave, qui
conseille la reine, répète qu’une majorité de députés va se prononcer contre la
déchéance, que l’Assemblée est prête à mettre fin à la suspension du roi dès
lors qu’il approuverait la Constitution.
    Et cependant, Louis est inquiet. L’Assemblée décide de
recruter mille volontaires nationaux, qui formeront une

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