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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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homme, quand serez-vous mon mari ? »
    On murmure. On se moque.
    Marie-Antoinette est vite entourée d’une cour de jeunes gens,
parmi lesquels le comte d’Artois, le plus jeune des frères de Louis, le plus
vif, le plus brillant. Et Louis semble indifférent, se livrant chaque jour, avec
une violence exacerbée, à la chasse, traquant souvent seul les sangliers et les
cerfs, et se jetant sur l’animal, le couteau à la main afin de l’achever et de
le dépecer.
    Puis, rentré au château, il redevient ce jeune homme
silencieux, morose, indifférent à cette femme qui s’étonne de la froideur de
son époux.
    « Seul le défaut de volonté du prince donne lieu à une
situation si étrange », concluent les médecins qui examinent Louis puis
Marie-Antoinette.
     
    On se gausse dans les salons de la Cour.
    On murmure que ce mariage inaccompli a commencé sous de
sombres auspices : une bousculade et la panique n’ont-elles pas provoqué, le
soir des noces, cent trente-six morts à Paris ?
    Et Louis a écrit au lieutenant général de police :
    « J’ai appris le malheur arrivé à mon occasion. On m’apporte
ce que le roi – Louis XV – m’envoie pour mes menus plaisirs. Je ne puis
disposer que de cela, je vous l’envoie pour secourir les plus malheureux. »
    Et il fait remettre à Monsieur de Sartine 6 000 livres.
     
    Cela ne fait pas taire les commentaires.
    Les uns disent à propos de ces époux royaux : « On
les marie trop jeunes. »
    Mais d’autres sont plus sévères : « La nature
semble avoir tout refusé à Monsieur le Dauphin », conclut l’ambassadeur d’Autriche
Mercy-Argenteau.
    Il précise dans une lettre à l’impératrice Marie-Thérèse :
    « Madame la Dauphine – Marie-Antoinette – craint dans
le prince son époux les effets de la nonchalance, de peu d’aptitude à être ému,
enfin un défaut de nerf sans lequel on ne pense ni on ne sent assez vivement
pour agir avec efficacité. »
    Et cependant – enfin ! – le mariage est consommé -ou
presque ! – en mai 1773 – trois ans après les noces donc !
    « Je crois le mariage consommé, quoique pas encore dans
le cas d’être grosse, écrit Marie-Antoinette à sa mère l’impératrice
Marie-Thérèse. C’est pour cela que Monsieur le Dauphin ne veut pas qu’on le
sache encore. Quel bonheur si j’avais un enfant au mois de mai… »
    Est-ce l’effet de ces journées de mai ? Louis apparaît
aux fêtes que donne Marie-Antoinette, et celle-ci participe aux chasses royales.
    Et quand ils font leur entrée officielle à Paris, le 8 juin
1773, la foule les acclame. Jamais un couple de la famille royale n’a reçu un
tel accueil populaire.
    Les jeunes gens – dix-neuf et dix-huit ans – sont émus.
    « Ce qui m’a touchée le plus, écrit Marie-Antoinette, c’est
la tendresse et l’empressement de ce pauvre peuple qui malgré les impôts dont
il est accablé était transporté de joie de nous voir. Lorsque nous avons été
aux Tuileries il y avait une si grande foule que nous avons été trois heures
sans pouvoir avancer ni reculer Monsieur le Dauphin et moi… Avant de nous retirer
nous avons salué avec la main le peuple, ce qui a fait grand plaisir. Qu’on est
heureux dans notre état de gagner l’amitié du peuple à si bon marché ! Il
n’y a pourtant rien de si précieux, je l’ai bien senti et je ne l’oublierai
jamais. »
    C’était en juin 1773.
    Au fond de lui, Louis ne peut longtemps se laisser bercer
par ces scènes émouvantes et rassurantes.
    Il doit se soumettre aux examens du chirurgien Lassonne.
    On sait déjà que le cadet de Louis, le comte de Provence, est,
quoiqu’il le dissimule, incapable de remplir ses devoirs d’époux. Louis doit
faire face non seulement à l’ironie et aux sarcasmes des courtisans, mais à
Marie-Antoinette qui écrit à Marie-Thérèse : « Il est très bien
constitué, il m’aime et a bonne volonté, mais il est d’une nonchalance et d’une
paresse qui ne le quittent jamais. »
    Et pourtant il chasse avec fougue et témérité.
    Il y a aussi les critiques du premier des ministres, Choiseul,
dont il sent la volonté de l’humilier en même temps que la jalousie. Car Louis
sera roi. Et Choiseul écrit :
    « Le prince est imbécile, il est à craindre que son
imbécillité, le ridicule et le mépris qui en seront la suite, ne produisent
naturellement une décadence de cet Empire, qui enlèverait le trône à la
postérité du

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