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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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l’enveloppait
d’ombre.
    « Les honneurs du poignard me sont aussi réservés »,
dit-il.
    La priorité n’a été déterminée que par le hasard. Et il
ajoute même : « Ma chute s’avance à grands pas. »
     
    C’est l’aveu de la tension et de l’angoisse qui régnent en
cette fin juillet 1793, quand la nation est assaillie de toute part, d’Angers à
Valenciennes, par les Vendéens et les Anglo-Autrichiens, de Lyon à Toulon, par
les aristocrates, les royalistes, les Girondins, les flottes anglaise et espagnole.
     
    C’est en chevauchant vers Avignon, qu’un jeune
capitaine-commandant de vingt-quatre ans, Napoléon Bonaparte, voit de la route
qui traverse le département du Var les navires anglais et espagnols bombarder
les forts de Toulon, tenus encore par les républicains.
    L’officier d’artillerie Bonaparte est en garnison à Nice. Il
va prendre livraison pour son armée – celle du général Carteaux – de munitions
et de pièces d’artillerie, en Avignon.
    Bonaparte s’impatiente. Il demande en vain à être affecté à
l’armée du Rhin.
    Il vient d’apprendre que la garnison de Mayence s’est rendue.
    Dans l’attente d’une réponse, il veut mettre au point ses
idées. Il les résume pour lui-même d’une phrase : « S’il faut être d’un
parti autant être de celui qui triomphe, mieux vaut être mangeur que mangé. »
    Puis la plume l’entraîne, il écrit, vite, une vingtaine de
pages, qu’il intitule : Le Souper de Beaucaire, dialogue entre un
militaire de l’armée de Carteaux, un Marseillais, un Nîmois et un fabricant de
Montpellier…
    « Ne sentez-vous pas que c’est un combat à mort que
celui des patriotes et des despotes ? » dit le militaire à ses
commensaux.
    Et Bonaparte qui lui prête sa voix poursuit :
    « Le centre d’unité est la Convention, c’est le vrai
souverain, surtout lorsque le peuple se trouve partagé. »

     
     
    6.
    En cette fin juillet 1793, alors que le capitaine d’artillerie
Napoléon Bonaparte écrit comme pourrait le faire un Jacobin, un Montagnard, que
la Convention doit être « le vrai souverain » de la nation, c’est
Danton qui préside l’Assemblée.
    Il ne fait plus partie du Comité de salut public – « Comité
de perte publique », disent les Enragés, reprenant les termes de Marat – mais
il a été élu le 25 juillet, et pour une durée de quinze jours, à la présidence
de la Convention.
    Il gesticule, il tonitrue, il soulève l’enthousiasme des
députés, il dénonce l’Angleterre, dont une lettre saisie vient de relever les
intentions et les procédés.
    Le Premier Ministre Pitt veut détruire la Révolution, mais
pas seulement par les victoires militaires. Si l’armée du duc d’York marche
vers Dunkerque, si la flotte de l’amiral Hood croise dans la rade de Toulon, il
compte sur l’action souterraine, la dépréciation des assignats, l’incendie des
récoltes, les assassinats de patriotes, l’accaparement des denrées afin de
créer la disette, d’entretenir la peur et de susciter la révolte, en soudoyant
des patriotes d’un jour, ces Enragés qui « veulent perdre dans le peuple
ses plus anciens amis », commente Robespierre.
     
    « C’est une guerre d’assassins », s’écrie Couthon
en brandissant à la tribune de la Convention la lettre anglaise.
    Danton rugit, se levant de son fauteuil de président :
    « Soyons terribles, faisons la guerre en lions ! »
lance-t-il.
    Et Maximilien, membre depuis quelques jours du Comité de
salut public, dénonce de sa voix aiguë « deux hommes salariés par les
ennemis du peuple… Le premier est un prêtre qui a voulu faire assassiner les marchands,
les boutiquiers parce que, disait-il, ils vendaient trop cher. »
    C’est Jacques Roux, dont Robespierre obtiendra qu’il soit
emprisonné, le 22 août.
    L’autre, Théophile Leclerc, « ci-devant, fils d’un
noble », « est un jeune homme qui prouve que la corruption peut
entrer dans un jeune cœur. Il a des apparences séduisantes, un talent séducteur,
mais lui et Jacques Roux sont deux intrigants, deux émissaires de Coblence ou
de Pitt. »
    Et Leclerc l’Enragé sera lui aussi arrêté.
     
    Point d’hésitation. Danton répète : « Guerre de
lions, contre guerre d’assassins. »
    Et Robespierre l’approuve, le défend contre ceux qui, comme
Hébert, comme les Enragés, l’accusent de corruption, reprenant les termes mêmes
des attaques que les Girondins

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