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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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l’humanité. »
     
    Mais où sont les égards dans cette guerre civile impitoyable ?
    « Le signe de la Croix de Jésus-Christ et l’étendard
royal l’emportent de toute part sur les drapeaux sanglants de l’anarchie »,
proclame l’abbé Bernier qui accompagne comme des dizaines d’autres prêtres la
grande armée catholique et royale.
    Les combattants ont cousu un sacré-cœur en laine rouge sur
leurs habits. Leurs chapeaux sont ornés de cocardes blanches, vertes, rouges, de
feuillages, de plumes.
    Ils portent le chapelet suspendu à leur cou, à la
boutonnière, en sautoir.
    Leurs armes sont leurs instruments de travail transformés
pour la guerre. Les faux sont emmanchées à l’envers. Les fourches, les couteaux
de sabotier, les haches sont aiguisés. Piques, bâtons ferrés, triques garnies
de clous s’ajoutent aux armes saisies sur les Bleus !
    L’armée des Vendéens est redoutable.
    Ils connaissent chaque haie. Ils s’égaillent puis s’élancent
à l’assaut, surprenant les Bleus, les massacrant, les dépouillant.
     
    Et les troupes de la Convention n’osent plus sortir des
villes. On se prélasse à Saumur. On traîne ses grands sabres, ses longues
moustaches dans les rues. Les commissaires du pouvoir exécutif prêchent l’anarchie
et le partage des terres, les meurtres et l’assassinat, raconte un officier
républicain.
    « Je voyais des histrions transformés en généraux, des
joueurs de gobelets, des escamoteurs traînant après eux les catins les plus
dégoûtantes… et ces insectes corrupteurs et corrompus avaient encore l’insolence
de se dire républicains ! »
    Le conventionnel Philippeaux, proche de Danton, dans son
rapport au Comité de salut public, écrit :
    « Les Vendéens nous font une guerre de sans-culottes et
nous en faisons une de sybarites. Tout le faste de l’Anden Régime est dans nos
bataillons. Chaque général est une espèce de satrape. Les soldats sont
encouragés au pillage, aux excès de tous genres. La plupart des généraux, loin
de réprimer ces attentats, en donnent l’exemple et quiconque a une place
lucrative dans l’armée veut la perpétuer pour maintenir sa puissance. »
    Mais entre représentants en mission, c’est la guerre. Choudieu,
lui aussi député de la Convention, proche de Robespierre, dénonce Philippeaux :
    « Je demande que la conduite de Philippeaux soit
examinée et j’offre de prouver que, s’il n’est pas fou, il est au moins suspect. »
     
    En fait, la Convention est incapable de vaincre.
    On espère que les quinze mille hommes de la garnison de
Mayence qui vont arriver en Vendée, et que commande un jeune officier valeureux,
Kléber, pourront écraser les Vendéens.
    Mais leurs premiers combats sont décevants. Ils sont défaits
sous le nombre.
    Et les « brigands » se moquent de cette « armée
de fayence ». Mais les Vendéens victorieux, comme après chaque bataille, regagnent
leurs villages, et cultivent leurs champs, attendant la prochaine bataille.
     
    Pour le Comité de salut public, la Vendée est une tumeur qu’il
faut extirper à tout prix.
    Et la première condition, c’est l’unité du pouvoir et de la
nation. Et la fête qui célèbre le premier anniversaire du
    10 août 1792 doit marquer cette résolution.
    Elle se déroule dans le calme, mais sans passion
révolutionnaire.
    Au milieu des ruines de la Bastille s’élève la fontaine de
la Régénération qui se compose d’une statue colossale en plâtre, assise, représentant
la nation qui presse de ses mains sa poitrine d’où coulent deux jets.
    Les commissaires envoyés par tous les départements puisent
tour à tour dans le bassin avec une coupe d’agate.
    Et on célèbre « l’incorruptible Robespierre, fondateur
de la République ».
    Maximilien, élu président de la Convention, silencieux, hiératique,
répond que, membre du Comité de salut public, « contre son inclination »,
il y a vu « d’un côté des membres patriotes, de l’autre des traîtres. Depuis
que j’ai vu de plus près le gouvernement, j’ai pu m’apercevoir des crimes qui s’y
commettent tous les jours. »
    Mais aux Jacobins, Danton et Hébert contestent la politique
du Comité de salut public.
    Danton s’enflamme à la tribune.
    Il y a eu le 14 juillet 1789, dit-il, puis la deuxième
révolution, celle du 10 août 1792.
    « Il faut une troisième révolution ! »
    On l’acclame.
    Quelqu’un dont la voix domine le brouhaha

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