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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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seul. Il doit se défendre et attaquer seul.
    Le 8 thermidor (27 juillet), il monte à la tribune de la
Convention.
    Il veut dire ce qui depuis des semaines, des mois même, pèse
sur son âme et l’étouffe.
    Il veut donner sa vision de la Révolution.
    Il veut énoncer son programme.
    Et il sait que ce discours peut devenir, et peut-être le
souhaite-t-il, son testament.
     
    Ce 8 thermidor an II (26 juillet 1794) est une journée
torride, sous un soleil aveuglant et brûlant. Maximilien gravit lentement les
degrés, saisit à deux mains le pupitre, commence à parler d’une voix plus
tendue encore qu’à l’habitude.
    Chaque mot tombe, tranchant le silence.
    Lui, l’homme du Comité de salut public, lui le Montagnard, il
se tourne vers le Marais. Il fait l’apologie de la Convention. Il condamne la
Montagne, les Comités, leur impuissance.
    Il se fait gloire d’avoir préservé la vie de soixante-treize
députés girondins. Il est à la fois habile manœuvrier, critiquant la conduite
des finances, de la guerre, du Tribunal révolutionnaire, et en même temps, il
parle avec la franchise d’un homme qui se met à nu.
     
    « J’ai besoin d’épancher mon cœur, dit-il. Tout s’est
ligué contre moi et contre ceux qui avaient les mêmes principes… Je n’écoute
que mon devoir, je vois le monde peuplé de dupes et de fripons. Mais le nombre
de fripons est le plus petit : ce sont eux qu’il faut punir des crimes et
des malheurs du monde. »
    Qui sont-ils ?
    Il ne révèle aucun nom et chaque conventionnel se sent
aussitôt suspect.
    « Je ne veux ni l’appui ni l’amitié de personne, poursuit
Maximilien. Je ne cherche point à me faire un parti. »
    Les conventionnels figés écoutent sans interrompre cet homme
qui se découvre, en même temps qu’ils ont le sentiment qu’il les menace tous.
     
    « Mon existence seule, dit Robespierre, est pour les
fripons et les traîtres un objet d’épouvante. »
    Et d’autant plus qu’il ne craint pas la mort.
    « Pourquoi demeurer dans un ordre de choses où l’intrigue
triomphe éternellement de la Vérité ? Comment supporter le supplice de
voir cette horrible succession de traîtres ? J’ai tremblé quelquefois d’être
souillé aux yeux de la postérité par le voisinage impur de ces hommes pervers. »
     
    On commence à murmurer sur les bancs de la Convention.
    On hausse la voix quand Robespierre remet en cause la
Révolution elle-même.
    « Ma raison, non mon cœur, dit-il, est sur le point de
douter de cette République vertueuse dont je m’étais tracé le plan… Car nous n’avons
même pas le mérite d’avoir entrepris de grandes choses pour des motifs vertueux. »
    Les conventionnels sont comme terrassés par ces aveux, ce
jugement impitoyable, celui qu’on peut porter lorsqu’on est au seuil de la mort.
    « Je ne veux ni l’appui ni l’amitié de personne »,
ajoute Maximilien.
    Et la Convention fascinée décide que le discours sera
imprimé.
    Elle semble ainsi approuver et suivre Maximilien Robespierre
et lui remettre le pouvoir.
     
    Tout à coup Cambon, le responsable des finances du Comité de
salut public, se dresse. Il a été mis en cause, il se défend.
    « Avant d’être déshonoré, dit-il, je parlerai à la
France. Un seul homme paralyse la volonté de la Convention, cet homme, c’est Robespierre. »
    Billaud-Varenne intervient à son tour, demande qu’avant d’être
imprimé le discours soit soumis à l’examen des Comités.
    « Il faut arracher le masque, dit-il. J’aime mieux que
mon cadavre serve de trône à un ambitieux que de devenir par mon silence
complice de ses forfaits. »
    L’exaspération, la colère gagnent de nombreux conventionnels.
L’un dit qu’il existe une liste de proscrits et que Robespierre doit la
communiquer à l’Assemblée.
    Robespierre le nie, mais ajoute qu’il refuse de « blanchir
tel ou tel ».
    Le conventionnel Charlier, l’un des plus ardents partisans
de la Terreur, s’écrie :
    « Quand on se vante d’avoir le courage de la vertu, il
faut avoir celui de la vérité. Nommez ceux que vous accusez ! » « Oui,
oui, nommez-les ! »
    « Je persiste dans ce que j’ai dit », répond
Robespierre.
    Amar, du Comité de sûreté générale, dénonce sur un ton
méprisant « l’amour-propre blessé qui vient troubler l’Assemblée ».
    Fréron demande que l’on retire aux Comités le droit de faire
arrêter les députés.
    Robespierre descend de

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