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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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supprimer s’il leur
semblait dangereux… »
    Saint-Just se tait, immobile, impassible, inébranlable mais
paralysé, devenu plus spectateur qu’acteur.
    Et Billaud-Varenne continue, raconte la séance au club des
Jacobins.
    « On a eu l’intention d’égorger la Convention », clame-t-il.
    Il désigne un homme assis dans les tribunes, demande son
expulsion en l’accusant d’être celui qui au club des Jacobins a attaqué la
Convention.
    « La Convention périra si elle est faible ! »
crie Billaud-Varenne.
    « Non, non, non », répondent les députés de la
Montagne en agitant leurs chapeaux.
    Le Bas veut parler. Collot d’Herbois agite la clochette, les
tintements, les cris étouffent la voix de Robespierre, cependant que
Billaud-Varenne attaque l’incorruptible.
    Et quand Robespierre s’élance vers la tribune pour parler, la
clochette de Collot d’Herbois sonne, le rend inaudible, et les cris de « À
bas le tyran ! » retentissent.
    Onze fois Robespierre essaie de parler, mais le nouveau
président de séance, Thuriot, agite frénétiquement la clochette et étouffe sa
voix.
    « De quel droit, lui lance Robespierre, le président
protège-t-il les assassins ? »
     
    Tallien est remonté à la tribune.
    « J’ai vu hier la séance des Jacobins, crie-t-il. J’ai
frémi pour la patrie. J’ai vu se former l’armée du nouveau Cromwell et je me
suis armé d’un poignard pour lui percer le sein si la Convention n’avait pas le
courage de le décréter d’arrestation ! »
    Tallien brandit et agite le poignard.
    Robespierre hurle, mais qui l’entend dans les cris, le
tintement de la clochette ?
    « Pour la dernière fois, président d’assassins, me
donneras-tu la parole ? »
    Il a le visage congestionné, il continue de parler. Il se
tourne vers les députés de la Plaine, ces hommes du Ventre.
    « Hommes purs, commence-t-il, hommes vertueux c’est à
vous que j’ai recours ! Accordez-moi la parole que les assassins me
refusent. »
    Mais comment peut-il espérer que ces hommes dont tout
    — l’invocation de l’immortalité de l’âme, de l’Être
suprême, de la Terreur et de la Vertu – le sépare le soutiennent ?
    En fait, c’est la dernière chance de Robespierre.
    Abandonné par la Montagne, par les hommes des Comités – Vadier,
Barère, interviennent à leur tour –, il est seul.
     
    Un député de l’Aveyron, inconnu, Louchet, que personne
jamais n’a entendu, se dresse :
    « Je demande le décret d’accusation contre Robespierre »,
dit-il.
    Et les mains se lèvent pour voter le décret.
    Robespierre tente de parler, s’avance au milieu des travées.
    On l’interpelle :
    « Le sang de Danton t’étouffe », crie un député.
    « Ne t’avance pas, lance Fréron, c’est là que s’asseyaient
Condorcet et Vergniaud. »
    On réclame l’arrestation immédiate du « monstre ».
    La peur si longtemps contenue devient rage.
    « Brigands ! Les lâches ! Les hypocrites, hurle
Robespierre.
    « Je demande la mort. »
    Puis, alors que les cris de « À bas le tyran ! Décret
d’accusation ! » retentissent, il lance :
    « Les brigands triomphent. »
     
    Augustin Robespierre se dresse.
    « Je suis aussi coupable que mon frère, dit-il. Je
partage ses vertus, je demande aussi le décret d’accusation contre moi. »
    Le Bas, aussitôt, déclare :
    « Je ne veux pas partager l’opprobre de ce décret, je
demande aussi l’arrestation. »
    L’arrestation est même votée pour Saint-Just, silencieux, comme
absent, et pour Couthon.
    « Couthon est un tigre altéré du sang de la représentation
nationale, crie Fréron. Il voulait se faire de nos cadavres autant de degrés
pour monter sur le trône. »
    Couthon, assis sur sa chaise roulante, ricane, montrant ses
jambes paralysées :
    « Oui, je voulais monter au trône. »
    « Arrestation, arrestation », crie-t-on.
    Saint-Just, Le Bas, Couthon, Augustin Robespierre sont
décrétés d’arrestation, comme Maximilien.
    Des gendarmes s’approchent.
    « La Liberté et la République vont donc enfin sortir de
leurs ruines », s’écrie Fréron.
    « Oui, car les brigands triomphent », répète
Robespierre pendant que les gendarmes l’entraînent, avec ses quatre compagnons.
    Saint-Just, à la demande de Collot d’Herbois, dépose d’un
geste lent, tranquille, le texte de son discours sur le bureau du président !
    La chaleur est intense, moite, lourde.
    Il est presque

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