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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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où l’on donnait Armide et Paul et Virginie, avaient fait salle comble. On ne s’était pas soucié de
ce qui se jouait sur la scène du théâtre politique, à la Convention, à l’Hôtel
de Ville et place de Grève.
    Les acteurs de ces pièces-là inspiraient la lassitude ou le
dégoût.
    Qu’ils règlent leurs comptes entre eux !
     
    On a transporté Robespierre et les autres prisonniers
-Couthon et Hanriot sont blessés eux aussi, Saint-Just ne paraît pas voir ce
qui l’entoure – dans la salle du Comité de salut public.
    Deux officiers de santé viennent panser Maximilien, le bas
du visage fracassé et ses vêtements couverts de sang.
    Ils sont ensuite conduits à la Conciergerie. Et à chaque pas
de ceux qui le portent, Robespierre étouffe un hurlement de douleur.
    Fouquier-Tinville, la voix hésitante, le visage d’une pâleur
de mort, se contente de constater l’identité des prisonniers, qui vont être
exécutés sans être jugés puisqu’ils ont été mis hors la loi.
     
    La veille encore, Fouquier-Tinville avait envoyé à la
guillotine quarante-quatre condamnés. Et en dépit de l’arrestation de
Robespierre, connue vers cinq heures et demie, les charrettes avaient continué
leur route.
    « Va ton train », avait fait dire
Fouquier-Tinville au bourreau.
    Parmi les condamnés il y avait un homme de vingt ans, et un
vieillard de quatre-vingt-dix !
    Un témoin, le 10 thermidor, se souvenant de ces condamnés-là,
écrit :
    « La Convention trop occupée d’elle-même ne songea
point à expédier promptement un sursis pour les condamnés du matin du 9
thermidor. Et le peuple, intimidé par les gardes nationaux du général Hanriot, qui
avaient ordre de faire exécuter le jugement et obligèrent les charrettes à
poursuivre leur chemin vers la place du Trône-Renversé, n’eut pas le courage de
les arrêter.
    « Qu’il est affreux de mourir sur l’échafaud au moment
où l’on apprend que les monstres qui nous y envoient sont enchaînés et vont
bientôt y monter eux-mêmes. »
    Et c’est cent quarante têtes qui ont « éternué dans le
sac » en quelques heures, le 8 et le 9 thermidor.
    Maintenant, ce 10 thermidor, vers six heures du soir, Robespierre
et vingt et un de ses « complices » prennent place dans trois
charrettes.
    Leurs vainqueurs – Fouché, Barras, Fréron, Tallien, Billaud-Varenne,
Collot d’Herbois, et les conventionnels du Ventre, tel Boissy d’Anglas – veulent
que ces exécutions s’opèrent avec un grand concours de peuple. Et ils ont
décidé de faire dresser l’échafaud, de nouveau, place de la Révolution, afin
que les charrettes traversent le Paris du centre, des quartiers « modérés »,
et que la foule se presse et hurle sa joie, tout au long de la rue Saint-Honoré.
    Et les emplacements aux fenêtres sont loués à prix d’or. Les
charrettes mettent une heure et demie pour parcourir ce trajet.
    Elles se sont souvent arrêtées pour laisser la foule s’approcher,
voir, insulter Robespierre, couché, attaché aux ridelles.
    Une femme se précipite, s’agrippe à la charrette, crie à
Maximilien :
    « Monstre, au nom de toutes les mères, je te maudis. »
     
    Devant la maison Duplay, on arrête les charrettes. Un enfant
court chez le boucher, en revient avec du sang de bœuf, dont il asperge la
porte.
    La foule crie.
    Les charrettes s’ébranlent.
     
    « Chacune de ces charrettes portait en avant un grand
drapeau tricolore, agité dans la route par un bourreau, raconte un témoin. C’était
un jour de fête, tout le beau monde était aux fenêtres pour les voir passer ;
on applaudissait en claquant des mains. Le seul Robespierre aîné montrait du courage,
en allant ainsi à la mort, et de l’indignation en entendant ces exclamations de
joie.
    « Il avait la tête enveloppée d’un linge, ses yeux de
faïence ordinairement éteints étaient très vifs et très animés en ces derniers
moments.
    « Les autres condamnés étaient sans mouvement. Ils
paraissaient accablés de honte et de douleur. Ils étaient presque tous couverts
de sang et de boue. Hanriot avait un œil hors de la tête.
    « On les aurait pris pour une troupe de bandits saisis
dans un bois après un violent combat. »
     
    À sept heures et demie, les charrettes arrivent place de la
Révolution, ci-devant place Louis-XV.
    Elle est remplie par la foule qui, sous un ciel d’été d’un
bleu intense, crie sa joie, applaudit.
    Elle hurle quand le bourreau

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