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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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moyens de subvenir à l’affreuse
misère du peuple. »
     
    La disette devient famine et les suicides de femmes affamées
qui ne peuvent nourrir leurs enfants se multiplient.
    « On ne verra bientôt plus que des cadavres ambulants
occupés à rendre les derniers devoirs à ceux qui les précèdent dans les
tombeaux », écrit un observateur de police.
    La nourriture est si rare qu’on vend place Maubert des
poissons pourris. Et la famine rend fou !
    On arrête un boulanger de la rue Saint-Denis qui « se
flatte d’avoir chié dans son pain, et examen fait de celui-ci on y trouva
effectivement de la merde » !
    « Cas pathologique et extrême, mais il n’y a point de
froment dans les deux bouchées qu’on nous donne, c’est un ramassis de farine
faite avec des pois gris, de l’avoine et des haricots : il est de la
couleur du cuir bouilli. »
     
    Et en même temps les pâtissiers étalent des brioches, des
pâtés et des gâteaux !
    « Nous sommes gorgés, empâtés de brioche et nous n’avons
pas de pain », s’étonne, scandalisé, un familier du Palais-Royal et de ses
cafés.
    Les muscadins de la Jeunesse dorée s’empiffrent. On les voit
chez les pâtissiers, ils se pavanent chez les traiteurs. Au veau qui tète, À
la marmite perpétuelle, dans les quinze restaurants du Palais-Royal.
    Ils paient jusqu’à cinquante livres pour un dîner.
    D’élégants équipages conduits par des cochers en livrée y
amènent les me-veilleuses couvertes de parures. L’une d’elles a payé cent
francs pour un chapeau à condition que la modiste lui en réserve l’exclusivité
jusqu’à l’heure du concert, concert qui n’est qu’une parade d’élégance.
    Ou bien l’on se retrouve au théâtre qui donne sous les
acclamations la pièce Les Jacobins du 9 thermidor, qui parodie les mœurs
de l’« infernale société ». Chaque acteur déclame devant le public
ravi, enthousiaste, ses « qualités » de Jacobin : assassin, massacreur,
buveur de sang, chevalier de la guillotine, banqueroutier, empoisonneur. Et la
salle reprend en chœur :
    Bon ! Bon ! C’est un coquin !
    C’est un excellent Jacobin.
    Mais à la porte Saint-Martin, sur les quais, sur la place de
Grève des attroupements se forment, profèrent des menaces.
    La Convention réagit, décrète le désarmement « des
hommes connus dans les sections comme ayant participé aux horreurs commises
sous la tyrannie ».
    On les désigne ainsi à la vindicte. Ils deviennent les
nouveaux suspects victimes de la Terreur blanche.
    On les massacre dans certaines villes. On en aurait tué
ainsi plusieurs centaines – près d’un millier en quelques jours – à Lyon, Marseille,
Tarascon, Saint-Étienne, Bourg-en-Bresse, Lons-le-Saunier.
    « Le massacre, note le libraire Ruault, a été reçu à la
Convention avec un sang-froid qui caractérise l’esprit qui la dirige aujourd’hui…
On n’a pas remarqué cette fois de frémissement et de mouvements d’indignation… Ce
n’est pas tout. Les royalistes et les dévots, poursuit Ruault, insultent publiquement
ceux qui ont pris le parti de la liberté républicaine. Vous avez bien mérité, disent-ils
à haute voix, le sort où vous êtes réduits et qui menace encore.
    « Vous avez tué ou laissé tuer votre roi ; vous
avez assuré son supplice par votre présence sous les armes dans la Garde nationale.
Vous périrez tous d’une mort lente ou infâme ainsi que la horde des assassins
qui l’ont condamné. Ceux qui vous survivront feront amende honorable, la corde
au cou, le 21 janvier. Ils institueront ce jour-là une fête funèbre pour
effacer, s’il se peut, la honte de leurs frères.
    « Tels sont à peu près les discours que l’on tient dans
les groupes au coin des rues, le soir et dans les marchés », conclut
Ruault.
     
    À ceux-là, royalistes, répondent les sans-culottes des
faubourgs.
    « C’est le million doré qui règne aujourd’hui. Ces
scélérats qui prétendaient ne pas vouloir de sang étouffent les enfants dans le
ventre de leurs mères et les font mourir de faim. »
    On chantonne :
    Ah les beaux messieurs vraiment !
    Mais le peuple les attend !
    Des femmes pillent rue de Sèvres des voitures transportant
des grains. Barras, qui vient d’être chargé d’assurer le ravitaillement de
Paris, est impuissant à trouver des paysans qui acceptent de livrer leur
récolte en échange d’assignats qui chaque jour perdent de leur valeur.
    Et l’agitation

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