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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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« ventres dorés », « ventres pourris ».
    Car les sans-culottes sont attachés au souvenir de Marat, l’Ami
du peuple.
    Certains murmurent qu’il faut « prêcher sa sublime
morale ». Et peut-être n’a-t-on pas assez tranché de têtes !
    Un rapport de police indique que le « public commence à
se lasser de la conduite des jeunes gens. Il s’étonne que le gouvernement
paraisse approuver ces jeunes gens. »
     
    Un autre mouchard de police signale que les Jacobins tentent
de pousser les « petites gens » à la révolte.
    « Ils parcourent les greniers, les tavernes, les
ateliers pour soulever la classe ouvrière et crédule du peuple contre ce qu’ils
appellent le “million doré”, les muscadins, les boutiquiers et la Jeunesse de
Fréron… Les hommes simples ont la faiblesse d’ajouter foi à ces horribles
calomnies. Déjà les haines, les partis, la division. Les brigands espèrent se
débarrasser de la vigilance importune des jeunes gens qui les harcèlent, en les
mettant aux prises avec les hommes estimables et laborieux que, sous le nom de
sans-culottes, ils espèrent encore tromper, pour régner de nouveau sous leur
nom… »
     
    Mais il n’est point besoin d’imaginer des « intrigues »
jacobines pour expliquer la colère qui monte dans le peuple des humbles.
    Ils sont démunis et affamés.
    Peu importe qu’ils ignorent que Gracchus Babeuf, dans un Projet
d’adresse du peuple français à ses délégués, appelle à une insurrection
pacifique des ventres creux contre les ventres « pourris » et « dorés ».
    Que dans un journal éphémère, qui a pris pour titre celui de
la publication de Marat, L’Ami du peuple, on prêche « la guerre
sociale contre le million doré ».
    Les sans-culottes, les ouvriers, leurs femmes, tous ceux qui
cherchent en vain du pain, car il manque à Paris, à Lyon, savent que les « ventres
pourris » vivent dans le luxe.
    On murmure, dans les queues énormes qui se forment devant
les boulangeries, que la ration de pain n’est plus que d’une livre par jour. Que
la municipalité de Paris n’a plus en réserve, à la fin mars, que cent quinze
sacs de blé.
    Voilà ce qui compte : le pain !
    Mallet du Pan le note : « La masse du peuple
devenue indifférente à la République comme à la royauté ne tient qu’à ses
avantages locaux et civils de la Révolution. »
    On veut du pain !
    Les manifestants le crient quand leurs délégations sont
reçues à la Convention : « Du pain, du pain, du pain ! »
    Un sans-culotte des faubourgs lance aux députés :
    « Nous sommes à la veille de regretter tous les
sacrifices que nous avons faits pour la Révolution. »
    Un autre ajoute :
    « Si les riches mangeaient comme nous, il y a longtemps
que la Convention n’existerait plus ! »
     
    Ils voient le luxe s’étaler, impudique, arrogant.
    On danse, on se pavane. On mange avec gourmandise.
    « Les garçons restaurateurs de la Maison-Égalité – le
Palais-Royal – disent que jamais il ne s’était fait autant de dépenses. »
    Et les fortunes ne se gagnent pas seulement dans les tripots
de plus en plus nombreux et où l’or roule. La corruption devient générale.
    On prend sa part sur les marchés des munitionnaires qui sont
chargés d’approvisionner en vivres, en uniformes, en munitions, les troupes.
    Mais le soldat est mal vêtu, mal chaussé, mal nourri, car on
se paye sur la qualité et la quantité de ce qui lui est attribué sur les
registres et les contrats.
    « Le luxe a reparu dans les armées, remarque Hoche. Et,
semblables à des pachas, nos généraux ont huit chevaux à leurs voitures. »
    À Paris les me-veilleuses étalent leur luxe dans les salons.
Un témoin écrit :
    « L’effronterie du luxe, celui de la parure, surpasse à
Paris tout ce que le temps de la monarchie offrait en ce genre de plus immoral.
Dernièrement la femme d’un député nommé Tallien a payé douze mille livres une
robe grecque. »
    Fréron a réclamé dès le lendemain du 9 thermidor « la
mise en liberté du citoyen Vilkers qui lui a toujours fourni des bretelles très
élégantes » !
    Et Madame Tallien, dans sa robe grecque à douze mille livres,
peut dire « Paris est heureux ».
     
    Elle n’entend pas les cris désespérés des femmes des
faubourgs : « Prenez un fusil et tuez-nous plutôt que de nous laisser
mourir de faim ! »
    Et d’autres, apprenant que l’on vient de décréter

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