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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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une République batave,
« République sœur », qui servira de glacis à la République française ?
    Et la Convention s’enthousiasme !
    « La République après avoir reculé ses limites jusqu’au
Rhin dictera les lois à l’Europe », déclare le conventionnel Merlin de
Thionville, ancien Jacobin, devenu « ventre doré », « Jacobin
nanti » et… Thermidorien.
    Et déjà le grand-duc de Toscane, Ferdinand III, signe la
paix avec la République française.
    Or, il est le propre frère de l’empereur germanique François
II. Et celui-ci est le neveu de Marie-Antoinette, dont le fils, le pauvre Louis
XVII, agonise dans la prison du Temple.
    Et à Bâle, le représentant de la Prusse signe lui aussi la
paix et reconnaît à la France le droit d’engager des négociations avec le Saint
Empire romain germanique pour l’annexion de la rive gauche du Rhin !
    Succès militaires décisifs, succès politiques immenses :
les monarchies s’inclinent devant la République.
    Et Carnot, au sein du Comité de salut public, a été l’« organisateur
de la victoire ». Et quand on voudra l’accuser, l’arrêter, le condamner, une
voix anonyme le rappellera à la Convention. On renoncera à le poursuivre, on ne
l’associera pas à Barère, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois et Vadier, les « grands
coupables ».
     
    Alors, un de ces généraux à Paris ?
    Pourquoi pas Marceau, commandant l’armée du Nord ?
    Mais personne ne pense à ce général de vingt-six ans, Napoléon
Bonaparte, auquel on vient de retirer son commandement à l’armée d’Italie, parce
qu’il est toujours soupçonné de « robespierrisme ».
    On veut le nommer, lui, le général d’artillerie, dans l’infanterie
en Vendée. Il refuse et s’installe à Paris, son sabre battant les flancs de sa
redingote usée, pauvre et dévoré d’ambition.
    Oui, pourquoi pas un homme nouveau pour en finir avec ces
temps de violence et d’intrigues ?
    « Car cette situation est bien faite pour dégoûter les
bonnes gens de prendre à l’avenir aucun parti dans les affaires publiques et
les engager à laisser les fous marcher seuls et sans suite… »
     
    Et, ce 6 mars 1795, Ruault conclut :
    « La nature des choses actuelles rend une forte
secousse inévitable. Mais je ne vois goutte dans tout ce chaos. Je suis devenu
athée en fait de révolution, c’est vous dire tout en deux mots. »
     
    Comment les citoyens ne seraient-ils pas tous, comme le
libraire Ruault, gagnés par le scepticisme et l’incrédulité quand ils
apprennent, au mois de février 1795, que la Convention décide de « dépanthéoniser »
Marat qu’au mois de septembre 1794, elle avait, en grande pompe, accompagné au
Panthéon ?
    Et les bandes de muscadins s’en vont dans les théâtres, les
cafés, dans les logis même, et sur les places, briser les bustes de l’Ami du
peuple.
    Au lendemain de son assassinat par Charlotte Corday, on
récitait : « Le cœur de Jésus, le cœur de Marat. »
    Et les Thermidoriens, après la mort de Robespierre, avaient
accepté l’entrée de Marat au Panthéon.
    Mais cinq mois plus tard, aux égouts les bustes brisés de
Marat ! Il est « l’évangéliste des massacres de septembre 1792, le
patron des hommes de sang, l’homme qui réclamait deux cent mille têtes ».
    Sur la scène des théâtres, un acteur déclame :
    Des lauriers de Marat, il n’est point une
feuille
    Qui ne retrace un crime à l’œil épouvanté.
    Le Messager du soir se déchaîne contre ce « cynique
dégoûtant qui vivait publiquement avec ces misérables filles qu’on rencontre
dans les rues les plus sales et qu’un honnête homme ne voudrait pas toucher du
bout de son soulier… Pourquoi un pareil être n’est-il pas mort de pourriture ?…
Les scélérats devraient mourir comme ils ont vécu, dans la fange. Nos pères
enterraient dans la boue les assassins et les hommes immoraux et nous leur élèverions
des autels ? »
     
    La Jeunesse dorée s’enflamme. Six cents jeunes gens, maniant
le gourdin plombé, font le tour des limonadiers pour y briser les bustes de
Marat, envahissent la salle de la Convention, en criant :
    « À bas les sacrés buveurs de sang ! À bas les
sacrés scélérats ! À bas les sacrés avaleurs d’hommes ! À bas tous
ces sacrés coquins ! Nous les foutrons tous dans l’égout ! »
    On les applaudit.
    Ça, la Convention ! ricanent certains patriotes. Une
pétaudière pour les

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