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Sang Royal

Sang Royal

Titel: Sang Royal Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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réussissait à escalader le mur du verger ? Il était certes âgé et malade, mais il était également désespéré. S’il parvenait à s’enfuir avec ces documents… Je sortis dans le jardin.
    L’obscurité régnait. Je demeurai dans les endroits éclairés par la lumière des fenêtres et de la porte ouverte, m’attendant à tout moment qu’il bondisse des ténèbres pour se ruer sur moi. La pluie parut se calmer un peu sans que j’y voie beaucoup mieux et je manquai de trébucher contre un banc. Je me dirigeai vers le fond du jardin, pataugeant dans la boue près du portail. Comme je l’avais craint, l’eau s’infiltrait sous le mur. Le portail était ouvert et de larges empreintes dans la boue indiquaient que Giles l’avait franchi. Après avoir enlevé la clef qui se trouvait toujours dans la serrure, je pénétrai dans le verger, refermai le portail derrière moi, rangeai la clef dans ma poche et appuyai mon dos au vantail. Je me remis à frissonner.
    Entre les nuages qui roulaient toujours dans le ciel, une pâle clarté lunaire brillait à présent, sans me permettre pour autant de voir autre chose qu’une étendue de gadoue noire.
    « Giles ? criai-je à nouveau. Giles, je suis armé ! Vous ne pouvez pas vous échapper ! » Les murs entre le verger et Lincoln’s Inn étaient très élevés ; il était impossible qu’il ait pu les escalader.
    Le banc de nuages se brisa et la pleine lune fit son apparition, révélant une mer de boue vallonnée et creusée de fondrières remplies d’eau, aux endroits où s’étaient jadis dressés les arbres. Contre mon mur, une énorme flaque de trente pieds de large s’était formée, sur laquelle dansaient des vaguelettes dans la clarté lunaire. Plissant les yeux, je scrutai l’étendue de boue.
    Je crus alors percevoir un léger mouvement, une forme floue dans la fange, près de la mare. Je serrai fermement le poignard et me dirigeai prudemment vers elle. Je pataugeai dans la boue ; mes bottes s’y enfonçaient profondément en produisant un bruit de succion. La forme cessa de bouger. Wrenne s’était-il effondré là, épuisé par l’effort ? J’atteignis l’endroit, me penchai avec prudence, craignant que Giles ne bondisse brusquement sur moi, prêt à le poignarder si besoin était. Je grinçai des dents en découvrant que ce que j’étais en train de scruter n’était rien d’autre que l’écorce d’un morceau de tronc d’arbre à moitié enfoui dans la masse brune et mouvante.
    Il déboula derrière mon dos, jeta tout son poids contre moi, me faisant chanceler, lâcher le poignard. Le souffle coupé, je heurtai le sol boueux. Un genou s’enfonça dans mon dos et je sentis que Giles se penchait d’un côté pour s’emparer du poignard. Afin de me tuer. Je me débattis, me contorsionnai pour lui faire perdre l’équilibre, et il finit par s’écrouler de biais. Comme je me hissais sur pied, son grand corps se redressa lui aussi, lentement, le poignard luisant dans sa main. Je ne parvenais pas à voir l’expression de son visage noirci, et réduit à un rond sombre percé de deux yeux étincelants.
    « Pour l’amour du ciel, Giles, haletai-je, remettez-moi les documents. On ne peut pas se quitter ainsi.
    — Nous y sommes contraints. » Il avança, les bras largement écartés, le poignard brandi dans sa main droite. « Sauf si vous me laissez partir. Je vous en prie, Matthew, laissez-moi partir ! »
    Il se rua soudain sur moi. Je fis un brusque écart tout en lui assenant un coup de poing. Le métal de la menotte heurta violemment le côté de sa tête. Il hoqueta et lâcha le poignard. Le coup avait dû l’étourdir, car il chancela, s’éloigna en titubant jusqu’au bord de la mare, dans laquelle il bascula. Il se dressa sur son séant, silhouette sombre plongée dans l’eau jusqu’à la taille. Puis la lune disparut, nous laissant à nouveau dans le noir, et la pluie recommença à tomber à verse.
    Je me jetai contre lui avant qu’il ait eu le temps de se relever, le souffle coupé par le contact avec l’eau glaciale. C’était au tour de Giles de se démener et de se débattre sous le poids de mon corps.
    Il commençait à faiblir, résistant à peine au moment où j’entourai son cou de mes mains et lui immergeai la tête. Sachant qu’un seul de nous deux pouvait sortir vivant de ce maudit marécage, je lui maintins la tête sous l’eau, insoucieux des affreux hoquets et gargouillements que

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