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Sarah

Sarah

Titel: Sarah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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dans les lampes. Puis, au bout d’un moment, elle perçut une
autre odeur qu’elle n’avait encore jamais respirée. Plus épaisse, plus
écœurante.
    Des ombres se formèrent dans les ombres,
des silhouettes s’animèrent. La chambre rouge n’était pas dénuée de lumière.
Une dizaine de mèches de lampes se reflétait dans des disques de cuivre en
diffusant une clarté jaune et vacillante. La salle était plus grande que Saraï
ne l’avait imaginée. Plus haute aussi, avec, sur les côtés, des cloisons
renfermant des petites pièces. Le sol était dallé de briques rafraîchies par
une étroite rigole où courait une eau limpide. Au fond, on entendait le
bruissement léger d’une fontaine.
    Un claquement de mains la fit sursauter.
Trois de ses tantes se tenaient devant elle. Derrière, légèrement en retrait,
Saraï distingua Sililli, au côté de deux jeunes servantes. Toutes les femmes
portaient une toge de lin blanc à larges bandes noires, leurs cheveux étaient
retenus par des foulards de couleur sombre. Elles souriaient affectueusement.
    Sa tante Égimé, la plus âgée des sœurs de
son père, s’avança d’un pas. Elle frappa à nouveau ses mains l’une contre
l’autre, puis croisa les bras sur sa poitrine, maintenant ses paumes ouvertes.
Sililli lui tendit alors une cruche de poterie remplie d’eau parfumée, et d’un
geste gracieux Égimé y plongea la main pour en asperger Saraï.
    — Nintu, maîtresse des menstrues,
Nintu, toi qui décides de la vie dans le ventre des femmes,
    Nintu patronne bien-aimée de la mise au
Monde, accueille dans cette chambre Saraï, enfantée par Taram et fille d’Ichbi,
puissant d’Ur. Elle est ici pour se purifier, elle est ici pour que son sang
premier te soit confié. Elle est ici pour redevenir pure et propre à la couche
des naissances !
    Après cette prière de bienvenue, les autres
femmes claquèrent trois fois dans leurs mains. Tour à tour, chacune lança l’eau
parfumée sur la jeune fille. Le visage et les épaules de Saraï ruisselèrent. Le
parfum était violent, si violent qu’il pénétrait ses narines, sa gorge, et la
remplissait d’une ivresse sourde.
    Lorsque la cruche fut vide, les femmes
entourèrent Saraï, lui saisirent les mains, l’entraînant dans une des alcôves.
Saraï découvrit alors un bassin rond, haut mais peu large. Sililli dénoua son
voile de lin. Nue, on la poussa dans le bassin. Il était encore plus profond
qu’elle ne l’avait estimé : l’eau atteignait le dessous de ses seins à
peine formés. Elle lui glaça les os. Saraï frissonna. Elle serra les bras
autour de son torse, en un geste enfantin. Les femmes rirent. Elles vidèrent
des fioles dans le bassin puis la frottèrent vigoureusement avec de petits sacs
de lin remplis d’herbes. De nouveaux parfums éclatèrent autour de Saraï. Cette
fois elle reconnut la menthe et le térébinthe, ainsi que la bizarre odeur de la
bile de belette dont on s’enduisait parfois les pieds pour écarter les démons.
    L’huile assouplit l’eau. Saraï s’habitua à
sa fraîcheur. Elle ferma les yeux et s’abandonna. Bientôt, la tension et la
peur s’effacèrent sous les frictions et les caresses.
    Le temps de s’habituer, Égimé lui ordonnait
déjà de sortir du bain. Sans l’essuyer ni la recouvrir du moindre tissu, la vieille
tante la conduisit dans une partie de la pièce où un tapis de couleurs vives
avait été déroulé. Sans ménagement, elle lui fit écarter les jambes et disposa
prestement un vase de bronze à large col entre ses cuisses. Sililli saisit la
main de Saraï, tandis que, le regard rivé à la coupe, Égimé dit d’une voix
forte :
    — Nintu, patronne de la mise au
Monde, toi qui reçus la brique sacrée de l’accouchement des mains d’Enki le
Puissant, toi qui tiens le ciseau du cordon de naissance,
    Nintu, toi qui as reçu le vase de
lazulite verte, le silagarra offert par Enki le
Puissant, recueille le sang de Saraï.
    Assure-toi qu’il soit fécond.
    Nintu, recueille le sang de Saraï comme
la rosée dans le sillon. Assure-toi qu’il fasse son miel. O Nintu, sœur d’Enlil
le Premier, assure-toi que la vulve de Saraï soit fertile et douce comme la
datte de Dilum et que son époux futur ne s’en lasse jamais !
    Un étrange silence suivit.
    Saraï pouvait entendre son cœur battre
contre ses tempes, dans sa gorge. Sur ses jambes, ses fesses, ses épaules, son
ventre, son front, sa peau commençait à s’échauffer. Elle

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