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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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sensibles que rehaussait la guimpe de mousseline blanche qui recouvrait sa tête et encadrait son fin visage. Une robe bleue brochée d’or, parée d’une chaînette d’or à la taille et de dentelle de Bruges au cou et aux poignets, revêtait un corps qui, Corbett le savait, captivait le souverain depuis leurs fiançailles plus de trente ans auparavant. Malgré la fragilité de ses traits, Corbett savait qu’Aliénor, très éprise de son époux, l’avait suivi à la croisade et à la guerre en Gascogne et au pays de Galles. Elle lui avait donné des enfants, mais jusqu’à cette année, aucun enfant mâle n’avait survécu. Pourtant son emprise sur Édouard était totale. Même l’ameublement coûteux de cette salle devait être son idée, car Aliénor était réputée pour aimer autant la vertu que le luxe.
    Quand le roi eut fini de parler, Aliénor se retourna, le visage rayonnant de bonheur, et tendit à Corbett une petite main chargée de bagues, que celui-ci baisa, comprenant que quiconque avait sauvé la vie du roi avait droit à l’entière gratitude et à la protection de la reine. Il perçut son léger parfum et pensa immédiatement à Alice, ressentant une bouffée de colère passagère à la pensée de ce que ces deux personnages royaux lui avaient coûté.
    Il leva soudain les yeux avec stupéfaction en entendant la reine prise d’un fou rire ; elle désignait l’endroit, derrière lui, où se trouvait Ranulf. Corbett se retourna et faillit éclater de rire, lui aussi, en voyant le visage blême, les yeux écarquillés et la mâchoire pendante de l’adolescent visiblement pétrifié et éperdu devant cette présence royale. Corbett lui toucha le genou pour le rassurer tandis que le roi s’adressait à lui en un anglais qui parodiait presque les intonations d’un Londonien. Après avoir bégayé une brève réponse, Ranulf, tête baissée, redevint silencieux pendant que le roi appelait Boudon et lui demandait de verser le vin que des serviteurs avaient apporté. Ce ne fut qu’alors que Corbett se vit questionner soigneusement sur tout ce qu’il avait découvert au sujet de la mort mystérieuse de Duket.

CHAPITRE XX
    Le roi écouta attentivement Corbett, ne l’interrompant que de temps à autre pour lui poser une question ou se faire préciser un détail. La reine lançait parfois une brève remarque ou une interrogation abrupte. Le temps passa, on servit encore du vin, cette fois-ci avec des friandises qui collèrent à la bouche de Corbett et lui donnèrent un peu mal au coeur. Le clerc arriva enfin au bout de son récit ; il avait évité de trop parler d’Alice, minimisant par de petits mensonges sa participation au complot de haute trahison, mais il ne savait pas de façon certaine si le roi ignorait ou non tous les faits. Le souverain paraissait être parfaitement au courant et son regard perspicace qui jugeait Corbett semblait deviner que ce dernier lui cachait quelque chose. Pourtant, il avait l’air satisfait et, lorsque Corbett eut terminé son rapport, le silence se fit : le roi contemplait le feu, caressant la main de son épouse par-dessus la table II se leva, sa haute taille dominant Corbett :
    — Vous avez bien travaillé, Messire ! lança-t-il d’une voix rauque. Très bien. Je ne l’oublierai pas. Considérez ceci, dit-il en remettant deux bourses bien rebondies au clerc, comme une simple marque de notre profonde gratitude. Il y en aura bien davantage, ajouta-t-il doucement en regardant tour à tour Corbett et Ranulf. Mais ce sera pour plus tard. Le roi tapa sur l’épaule de Corbett.
    — Je vous souhaite un agréable séjour ici. Vous êtes un fidèle serviteur de la Couronne et vous avez choisi la voie qu’il fallait, quoi que vous en pensiez maintenant.
    Sur ce, il sortit, son épouse le suivant en un tourbillon de soie et de parfum presque avant que Corbett et Ranulf aient eu le temps de se lever. Corbett repensa à ce qu’il avait dit au roi. Il soupira et sourit à Ranulf toujours frappé de stupéfaction.
    — Allez, viens, Ranulf ! lança-t-il jovialement. Le roi nous a dit de passer un agréable séjour ici. Obéissons-lui !
    Corbett resta plus d’une semaine à Woodstock, participant avec joie aux cérémonies et aux fêtes de la cour célébrant Pâques et la fin de la Semaine sainte. Progressivement, Ranulf perdit ses craintes et Corbett le regarda, avec un amusement cynique, faire les yeux doux aux dames de la cour avec sa vulgarité et

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