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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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soins jaloux qu’en prenait le Hall, exprimés par l’avertissement écrit sur chaque couverture : « Lecteur, lave-toi les mains pour que, sur ces pages immaculées, ne reste aucune trace de doigt sale ! »
    De la chapelle où se trouvait cette bibliothèque, Corbett emmena Ranulf au grand réfectoire voûté, où ils prirent un léger repas avant de regagner leur modeste cellule pour y dormir et préparer leur étape du lendemain jusqu’à Woodstock. En entendant les ronflements de Ranulf, Corbett sut qu’il s’était vite endormi et ne put que lui envier son insouciance pendant que lui se retournait sur son lit étroit en pensant avec angoisse à Alice, se rappelant les patrouilles qu’ils avaient croisées sur le chemin d’Oxford, et en repassant en esprit le faisceau de preuves qu’il avait amassées pour étayer ses accusations contre elle et sa secte. Toujours déchiré entre son amour et son devoir, il tentait encore de résoudre ce dilemme lorsqu’il s’endormit d’un sommeil agité où se croisèrent Alice, Burnell, le sardonique Bellet, le bois crépitant des bûchers de Smithfield et le grand gibet noir et sinistre des Elms, se détachant sur le ciel.
    Il fut réveillé par Ranulf juste après l’aube. Il se leva, s’aspergea le visage d’eau froide, prise dans l’aiguière de cuivre fixée à la table de toilette en bois, avant de revêtir rapidement les habits de cérémonie qu’il avait apportés pour l’occasion. Puis il examina un Ranulf vêtu de ses plus beaux atours et exprima sa satisfaction. Ils se dirigèrent ensuite vers les cuisines et la laiterie de New Hall pour y déjeuner de pain de seigle et de petite bière.
    Leur voyage jusqu’à Woodstock fut sans histoire : contournant le village, ils suivirent la large allée très fréquentée qui traversait un parc bien entretenu jusqu’au palais de Woodstock. C’était la première fois que Corbett s’y rendait et il fut surpris de voir que ce n’était guère plus qu’un grand manoir situé sur la crête d’une petite colline. Le bâtiment principal en était le corps de logis dont la tourelle, se détachant clairement sur le ciel, dominait les autres édifices, bureaux et chapelles, que l’on y avait ajoutés plus tard. La construction ayant dépassé le vieux mur d’enceinte, un nouveau mur crénelé était en voie d’achèvement. Une activité débordante y régnait : des chariots remplis de marchandises se frayaient un chemin à partir de la porte principale, des courtisans en habits de soie et capes bordées d’hermine passaient bras dessus, bras dessous, en observant tout ce remue-ménage avec arrogance ; des clercs, des officiers de la cour et des messagers royaux se hâtaient, tout imbus de leur importance, tandis que, dans le parc, se dressait le camp des chevaliers et soldats de la Maison du roi ainsi que les différentes suites des grands barons.
    Jurant et grommelant, Corbett et Ranulf parvinrent péniblement, malgré la foule, à la porte principale, aidés fort efficacement par le poney de bât au caractère exécrable, dont les dents acérées et les sabots virevoltants s’avérèrent remarquablement persuasifs. Des hommes d’armes, lances croisées, barraient l’entrée de l’immense porte et derrière eux se tenait un groupe de bannerets de la Maison du roi, revêtus presque entièrement de leur armure, épées tirées, tandis que les archers royaux patrouillaient sur le chemin de ronde au-dessus, comme l’avait déjà remarqué Corbett. Il fallut qu’il montrât les sauf-conduits de Burnell et de Swynnerton pour avoir accès à la cour intérieure où on les débarrassa prestement de leurs chevaux et de leurs armes. Puis l’un des bannerets consentit à regret à envoyer un serviteur chercher le chambellan du roi. Celui-ci finit par arriver, soufflant comme un phoque pour s’être trop pressé. Le petit homme chauve, bombant le torse et habillé avec trop de recherche, ressemblait à un gros pigeon dont il avait par ailleurs la démarche sautillante. Il se présenta comme étant Walter Boudon, et ses petits yeux ronds comme des billes s’illuminèrent à la mention du nom de Corbett.
    — Venez ! dit Boudon en claquant des doigts.
    — Où ? demanda Corbett.
    — Chez le roi ! Chez le roi ! Boudon eut l’air surpris :
    — N’est-ce pas pour cela que vous êtes venu ?
    La stupéfaction fit se rider son visage rond et lisse tandis que ses lèvres se pinçaient sous

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