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Satan à St Mary le bow

Satan à St Mary le bow

Titel: Satan à St Mary le bow Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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aveugle ! Je suis aveugle ! criait-il. Corbett renifla sa main et comprit que c’était de la chaux qu’il avait jetée. Il ramassa l’épée de Hubert et, sans l’ombre d’un remords, l’abattit d’un grand coup sur la nuque de son ennemi où elle s’enfonça profondément. Un jet de sang jaillit et, avec un long soupir, le corps s’écroula sur le côté et s’immobilisa. Corbett ne ressentait ni regret ni chagrin. Il essuya l’épée ensanglantée sur la cape de son adversaire et examina soigneusement le sol autour de lui. Près de l’endroit où il était tombé, il trouva la fosse à chaux et, traînant le cadavre par les talons, il le tira jusqu’au bord et l’y plongea doucement. Le corps surnagea quelques instants avant de disparaître lentement.

CHAPITRE XIX
    Lorsque Corbett revint à la Tour, ce fut pour y trouver Sir Edward Swynnerton surexcité et la Tour sur le pied de guerre comme si l’on craignait une attaque. Sir Edward, Neville à ses côtés, ordonnait que l’on sellât des chevaux et préparât des chambres. Assis contre un mur, bouche bée et les traits tordus par l’angoisse, Ranulf ressemblait à une gargouille. Corbett l’appela ; un sourire radieux éclairant soudain son visage, l’adolescent rejoignit son maître d’un pas souple.
    — Eh bien, Ranulf, dit Corbett, plus content de revoir son assistant qu’il ne l’aurait cru, t’es-tu bien amusé en ville ?
    — Oui, répondit Ranulf. Je suis allé jeter un coup d’oeil à notre logement de Thames Street.
    — Et tout était en ordre ?
    — Autant que dans la Tour elle-même, répliqua Ranulf.
    Il n’osa pas ajouter qu’il avait séduit Maîtresse Grant. Une belle femme, songea-t-il, avec des cuisses potelées à la peau soyeuse et de petits seins ronds. Tel un pont-levis, elle s’était rendue avec force couinements et gémissements, mais bien docilement en fin de compte.
    Corbett eut des soupçons en le regardant. Il y avait anguille sous roche, mais il remit les explications à plus tard, car il avait aperçu Swynnerton qui s’avançait vers lui en soufflant comme un boeuf.
    — Je suis sûr que c’est à cause de vous, Messire ! aboya-t-il.
    — Je vous demande pardon ? dit Corbett.
    — Je suis sûr que c’est à cause de vous ! Swynnerton insista lourdement :
    — La ville est remplie de soldats, et pas des nigauds ramassés par les sergents recruteurs, mais des troupes de métier, des mercenaires engagés par le roi et tenus généralement à bonne distance de la ville.
    Le vieux soldat s’arrêta pour reprendre haleine avant de poursuivre :
    — On va les envoyer ici. Je crois avoir compris également que le roi a convoqué le maire et les échevins à Woodstock et a ordonné aux shérifs de lever des troupes dans leurs comtés. On va fermer les ports...
    — Et vous pensez que je suis le responsable ? l’interrompit brusquement Corbett.
    Swynnerton s’approcha et Corbett sentit son haleine fétide.
    — Messire, je sais que c’est vous. Vous êtes un homme très dangereux, n’est-ce pas ? Vous aviez raison à propos du prêtre et Dieu sait ce que vous avez découvert d’autre ! J’ai hâte de vous voir partir ! Swynnerton fouilla sous sa cape et sortit une lettre scellée.
    — Ceci est arrivé pour vous !
    Il laissa négligemment tomber la missive dans les mains de Corbett et s’éloigna. Corbett examina le sceau personnel du chancelier et ouvrit soigneusement la lettre. Elle était fort élogieuse à son égard. Burnell y remerciait Corbett, « son cher et fidèle clerc, pour la brillante façon dont il avait mis à nu une conspiration qui s’était répandue, tel un chancre, dans la plus belle ville du royaume ». Il continuait en ordonnant brusquement à Corbett de se rendre sans tarder au palais royal de Woodstock près d’Oxford pour y être remercié par le roi lui-même.
    Corbett replia la lettre avec un soupir et la mit dans sa besace. En toute autre occasion, il aurait été ravi de recevoir de tels ordres, car une rencontre personnelle avec le roi signifiait faveurs et protection pouvant faciliter un avancement difficile. Cela dit se raisonna Corbett, il serait heureux de s’éloigner de Londres et de la Tour pendant que se déroulerait la chasse aux conspirateurs. Il pensa à Alice et se demanda anxieusement si elle avait fui. Il fit demi-tour et revint à sa chambre ; ses angoisses et ses tourments lui rongeaient l’âme, menaçant de l’engloutir

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