Sedan durant la guerre de 1914 à 1918
des indications utiles, des procédés dont on pourrait profiter ?
Ainsi l’on apprit que, dans la cité voisine de la nôtre, le chef de l’abattoir était chargé d’acheter le bétail au compte de la commune dans un rayon de 20 kilomètres ; qu’il le payait soit en espèces, soit avec un reçu signé d’un membre de la Commission, délégué ad hoc ; et que les bouchers se ravitaillaient à l’abattoir pour leur clientèle.
Ainsi, la ville achetait les farines (blanche et grise) à raison de 60 francs les 100 kilos aux Allemands et distribuait 26 sacs pour 12.000 habitants : jusqu’au milieu de novembre, la farine avait été payée 38 marks, et le pain vendu 20 centimes la livre à raison de 250 grammes par tête, chaque famille ayant reçu une carte portant le nombre des rations et le nom des boulangers. Ce stock épuisé, le pain serait livré plus cher en proportion du prix de la farine.
Quant aux autres denrées, leurs conditions de vente étaient les mêmes qu’à Sedan.
Ainsi encore : il était distribué quotidiennement aux habitants civils un chiffre de rations des Fourneaux économiques sensiblement le même que chez nous ( 16 ), et en prévision d’un hiver rigoureux, en tout cas très pénible, la Commission avait fait confectionner et mettre prudemment en réserve 200.000 kilogrammes de choucroûte.
Si Charleville n’avait pas été frappée d’une contribution de guerre, elle était obligée de servir aux Allemands, tous les jours, 1.500 kilos de viande ; 350 à 400 litres de vin et 250 kilos de lait.
La ville n’était pas soumise, comme Sedan, à cette mesure draconienne et vexatoire, de fournir des otages ; mais tels les membres de notre Conseil municipal de 1870, tels les membres de la courageuse commission municipale caropolitaine (le maire de Charleville étant parti), se portaient garants, en cas de besoin.
Enfin, les réquisitions militaires s’effectuaient directement chez les commerçants à l’aide de bons passés en blanc par le maire, obligatoirement et régulièrement signés ou estampillés par les officiers.
Après cette communication importante, le Conseil municipal — (que nous pourrions appeler le Conseil des Dix) avisait à ce que des fournisseurs ne s’autorisent point des événements pour majorer leurs prix.
V
Il faut rendre à la Commandature cette justice qu’elle prenait, dans le début, souci du manque de vivres au sein de la population. Le 24 novembre, elle informait la municipalité de l’opportunité d’adresser une requête au gouvernement helvétique afin de remédier à un état de choses alarmant; elle évoquait à l’appui de cette idée l’assistance généreuse de la Suisse à la ville de Strasbourg en 1870-71 ; et l’opposition britannique à toute importation de denrées par mer. Elle ajoutait que le gouvernement allemand ferait le nécessaire pour que les demandes des communes fussent transmises à la Suisse, à laquelle serait donnée l’assurance formelle que ces denrées alimentaires seraient exclusivement consacrées aux besoins des populations. — Le Conseil entra, par son vote du même jour, dans la voie qui lui était ainsi ouverte.
Cependant, une seconde instance était introduite auprès de notre Conseil, cette fois en des termes réguliers, par un Comité organisé à Vrigne-aux-Bois, sous la présidence de M. L. Tillet : son but était de faire des avances à des retraités ouvriers ; aux assistés obligatoires ; aux personnes de l’assistance-retraite, et aux familles nombreuses : avances faites selon certaines conditions définies et avec un quantum prévu pour chacune de ces quatre catégories.
A la ville de Sedan, la commune de Vrigne-aux-Bois demandait donc un prêt de 12.000 francs solidairement remboursable par les seize membres du Comité. Notre Conseil municipal accueillit cette requête aux mêmes conditions qu’il avait agréé celles d’Illy, Glaire et Frénois, et en même temps, il vota un prêt de 4.000 francs à la commune de Floing, avec la garantie des notables ; un autre de 700 francs à la commune d’Iges avec la caution de 504 ares de réserve de bois ; et peu après, un autre de 2.000 francs à Villers-Cernay dont le maire et les conseillers municipaux se portaient responsables ( 17 ).
Renouvelant ses démarches pour le ravitaillement en viande, M. A. Grandpierre avait reçu de la Commandature la fixation du prix du bétail et l’avis que l’autorité militaire tenait
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