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Sedan durant la guerre de 1914 à 1918

Sedan durant la guerre de 1914 à 1918

Titel: Sedan durant la guerre de 1914 à 1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henry Rouy
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sentiment de fraternité ou de solidarité, le Conseil prêta l’oreille à l’appel des communes de Frénois, Glaire et Illy.
    La première, obligée de venir en aide aux foyers privés de leur chef mobilisé, avait décidé qu’il leur serait distribué, en bons de pain, de viande et de denrées de première nécessité, 500 francs, prélevés sur l’excédent du Budget supplémentaire de l’exercice courant, et que 1.000 francs en bons de 1, 2 et 5 francs, seraient remis à titre d’indemnité aux salariés de la commune et aux habitants réquisitionnés par les autorités militaires et civiles pour les diverses corvées. Mais la commune se venait heurter à des difficultés pratiques pour l’émission de ces coupures, et elle priait le Conseil de Sedan de lui prêter 1.500 francs en coupons et papier-monnaie.
    La seconde (Glaire) introduisait une requête analogue-motivée par la même obligation d’alimenter ses habitants si cruellement atteints les 25 et 26 août : elle s’engageait à rembourser, après la guerre, ce prêt avec des garanties suffisantes.
     
    Enfin, la troisième (Illy) sollicitait un prêt de 1.000 francs.
     
    Le Conseil municipal accéda à cette triple demande d’emprunt, en papier-monnaie, remboursable dès la paix faite, et généreusement, il stipula que c’était sans intérêts. Mais il ne lui était, évidemment, pas possible de répondre tout de suite, dans sa teneur, à l’instance d’industriels de Vrigne-aux-Bois pour un emprunt de 12.000 francs à la ville de Sedan, afin de payer et, au besoin, d’aider leurs ouvriers : c’était là une affaire toute privée ; et le Conseil de Sedan déclara, très justement, qu’il ne pouvait traiter de cet emprunt que par l’intermédiaire de la municipalité de Vrigne-aux-Bois, laquelle serait en nom, les industriels se portant caution.

    Comme le poète, les Sedanais souhaitaient de la lumière. Or, ils étaient menacés d’en manquer : huile et pétrole devenaient extrêmement rares, certains ménages en étaient même déjà dépourvus ; et l’on était inquiet par rapport au gaz ; car la compagnie ne pouvait plus s’approvisionner en charbon. Le directeur recourut, en cette extrémité, aux soins et à l’intermédiaire de l’autorité allemande, pour en obtenir de Sarrebrûck ; heureusement, celle-ci était intéressée elle-même à la chose; car nombre d’officiers logeaient dans la ville, exposée à se trouver dans les ténèbres. Mais les frais d’exploitation seraient forcément majorés, et la municipalité fut contrainte d’augmenter provisoirement le prix du mètre cube de gaz et de le porter à 0 fr. 30... A la guerre comme à la guerre.

    D’autres points, plus graves encore, vinrent à l’ordre du jour de la séance du 17 novembre.
    Depuis l’occupation, caisses publiques, établissements de crédit étaient fermés ; on ne touchait plus ni salaires, ni appointements, ni coupons, ni arrérages de pension, ni effets, ni loyers : c’était bien l’égalité, la véritable égalité dans la gêne et la pénurie. La vie financière, commerciale, était suspendue ; et, par le pillage, sans précédent, de toutes les usines en matières premières, en produits fabriqués, en matériel, les Allemands s’appliquaient à paralyser toute reprise, sinon à ruiner les patrons, partant à mettre aux abois la population laborieuse.
    Tous s’émurent d’une pareille extrémité ; et d’accord avec la municipalité, il se constitua, dans de très louables conditions, une société civile de prêts, dont nous expliquerons le fonctionnement et le règlement en un autre chapitre.

    Panem !. .. c’était le cri des Romains demandant du blé au Forum ; c’était celui des Sedanais en cette autre année terrible de 1914-1915. De l’alimentation le Conseil avait, il faut le dire, un vigilant souci, et faisait pour le mieux au sein de mille difficultés. Il votait, par exemple, un crédit supplémentaire de 6.000 francs aux fourneaux économiques, reconnaissant l’efficacité des secours délivrés par cette excellente œuvre. Il livrait à l’Hospice civil, en prévision des services et des besoins de l’hiver, 25.000 kilos sur les pommes de terre laissées par l’autorité militaire à la pleine disposition de la ville; et l’un de ses membres, M. Lamoline, se renseignait, auprès de la municipalité de Charleville, sur divers modes par elle adoptés et suivis pour l’alimentation. N’y avait-il pas là

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