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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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antérieures, précipita au sol l’autre cheval plus petit
que lui. Le cavalier en tombant agrippa le bras de Nigel et le fit
basculer de sa selle. Tous deux roulèrent dans l’herbe, sous les
pieds des chevaux, l’écuyer anglais par-dessus, avec un tronçon
d’épée scintillant devant la visière du Français hors de
souffle.
    – Je me rends ! Je me rends !
murmura ce dernier.
    Pendant une seconde, la vision d’une riche
rançon traversa l’esprit de Nigel : le noble palefroi,
l’armure ornée d’or constituaient une fortune pour le vainqueur.
D’autres n’avaient qu’à les prendre ! Il y avait encore de la
besogne. Comment pourrait-il abandonner le prince et son noble
maître pour un intérêt privé ? Pouvait-il mener un prisonnier
vers l’arrière, alors qu’il y avait de l’honneur à gagner dans la
suite du prince ? Il se remit sur pied, saisit Pommers par la
crinière et sauta en selle.
    Un instant plus tard, il se retrouvait à côté
de Chandos et ce fut ensemble qu’ils percèrent les derniers rangs
de ce vaillant groupe qui avait combattu si bravement jusqu’à la
fin. Ils ne laissaient derrière eux qu’une longue traînée de morts
et de blessés. Devant eux, la grande plaine était couverte de
Français en fuite et de leurs poursuivants.
    Le prince tira les rênes de son destrier et
leva sa visière, ses suivants se groupant autour de lui en agitant
leurs armes et en poussant de frénétiques cris de victoire.
    – Et maintenant, John ? demanda le
prince, qui souriait en se frottant le visage de sa main gantée.
Comment vous sentez-vous ?
    – Je ne suis que légèrement blessé, noble
seigneur, à part un coup à la main et une piqûre de lance à
l’épaule. Mais vous-même, noble seigneur ? Je crois que vous
n’avez même pas une égratignure.
    – À la vérité, John, avec vous d’un côté
et Lord Audley de l’autre, je ne vois point comment j’eusse pu être
blessé. Mais hélas, je crains que Sir James ne soit gravement
atteint.
    Le vaillant Lord Audley s’était écroulé sur le
sol et le sang coulait à flot de son armure. Ses quatre courageux
écuyers – Dutton de Dutton, Delves de Doddington, Fowlhurst de
Crewe et Hawkstone de Wainhill –, eux-mêmes blessés et éreintés
mais n’ayant d’autres pensées que pour leur maître, lui avaient
détaché son casque et bassinaient son visage blafard maculé de
sang.
    Il tourna vers le prince deux yeux
brûlants.
    – Je vous sais gré, messire, de daigner
considérer un pauvre chevalier comme moi, dit-il d’une voix
faible.
    Le prince mit pied à terre et se pencha vers
lui.
    – Je me vois forcé de vous rendre grand
honneur, James, dit-il, car, par votre valeur aujourd’hui, vous
vous êtes acquis gloire et renom par-dessus tous et, par votre
prouesse, montré le plus courageux de tous les chevaliers.
    – Monseigneur, fit le blessé, vous avez
le droit de dire ce que bon vous semble, mais je souhaiterais qu’il
en fût ainsi que vous le dites.
    – James, fit encore le prince, à partir
d’aujourd’hui, je vous fais chevalier de ma maison et je vous
octroie une rente de cinq cents marcs l’an sur mes propres états en
Angleterre.
    – Seigneur, répondit le chevalier, Dieu
me rende digne de la bonne fortune que vous m’accordez. Je serai
toujours votre chevalier ; quant à l’argent, avec votre
permission, je le partagerai entre ces quatre écuyers qui m’ont
aidé à conquérir toute la gloire gagnée aujourd’hui.
    Sur ces dernières paroles, sa tête retomba en
arrière, et il resta là, dans l’herbe, livide et immobile.
    – Apportez de l’eau, cria le prince. Que
le chirurgien royal le vienne examiner, car je préférerais perdre
beaucoup d’hommes plutôt que le bon Sir James… Ah, Chandos, mais
qu’est-ce donc que ceci ?
    Un chevalier était étendu en travers du chemin
avec le casque enfoncé jusque sur les épaules. Sur son surcot et
son bouclier, on pouvait voir un griffon de gueules.
    – C’est Robert de Duras, l’espion,
répondit Chandos.
    – C’est une chance pour lui que d’être
mort, fit le prince en fronçant les sourcils. Étendez-le sur son
bouclier, Hubert, et que quatre archers le conduisent au monastère.
Qu’ils le déposent aux pieds du cardinal en lui disant que je lui
envoie mes salutations. Placez mon étendard sur ce haut buisson,
là-bas, Walter, et faites dresser ma tente tout à côté, afin que
mes amis sachent où me trouver.
    La fuite

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